C H R O N I Q U E

Le doom death, voici un genre très poétique, très noir et surtout très mésestimé ! Pourtant rarement courant de metal n'aura été à l'origine d'autant de beauté noire et de pureté, les quelques têtes d'affiche ayant quand même une sacrée tronche : Anathema, Paradise Lost, My Dying Bride, Shape Of Despair avec le côté death en moins... Oui, en piochant dans les albums de ces groupes, il y a de sacrées pépites. Mais étrangement peu de monde s'y intéresse. Univers fermé sur lui même, musique maladive et souvent dépressive, il faut dire que tout cela est peu engageant pour le quidam.

Et pourtant, avec ce second essai de The 11th Hour, en regardant de plus près, le genre a peut-être encore quelques petites choses à dire. Si le Burden Of Grief des débuts manquait de personnalité, ce Lacrimosa Mortis est tout autre. Il débute avec un des meilleurs titres du genre entendu ces dernières années : We All Die Alone. Bon forcément, la traduction du titre n'est pas nécessaire, vous avez bien compris qu'il ne va pas être question de faire tourner des serviettes ici. Quelques notes de piano et de violon, la mélodie principale débarque. Et vous voici embarqués dans plus de sept minutes de beauté pure. Le chant clair d'Ed Warby (Gorefest, Hail Of Bullets, Ayreon à l'occasion) et en parfait contraste avec les growls de Pim Blankenstein (Officium Triste), l'émotion se crée immédiatement, c'est là le signe d'un bon morceau. Mais ce qui fait la différence entre un bon morceau et un classique imparable, c'est l'atmosphère. Et sur ce point, quand un break hanté comme rarement apparait derrière les guitares avec une petite voix malsaine qui chantonne "death is calling", l'impact est terrible. La noirceur finit d'envahir votre espace. Les guitares dantesques qui coupent ce brouillard épais à coup de riffs à la gravité lunaire vous emmènent vers une partie absolument géniale. Oui, ce morceau est un chef d'oeuvre.

Derrière ça, impossible de se sortir du disque. Rain On Me rampe, s'insinue tranquillement dans votre espace vital pour le saccager. The Death Of Live est dantesque, la musicalité du groupe atteint un niveau qui fait fort plaisir à entendre. Chaque morceau a son univers, sa noirceur oppressante, rassurante, touchante. Les néerlandais parlent juste et cet album est un long voyage à travers l'âme humaine jusqu'au recueillement de celle-ci tant elle apparait condamnée. Cet album est dur, cet album est noir, cet album est grand. Et qu'importe les quelques longueurs dispensables, qu'importe le manque parfois cruel d'originalité, The 11th Hour vient de se mettre sur le haut du panier et marque les esprits par sa qualité de composition. Du haut niveau, et immanquablement un futur grand. A suivre de très près, en écoutant en boucle We All Die Alone. La bande son de la fin du monde ? La classe.

Tracklist de Lacrima Mortis :

1. We All Die Alone
2. Rain On Me
3. The Death Of Live
4. Tears Of Bereaved
5. Reunion Illusion
6. Nothing But Pain
7. Bury Me

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