En 1988, les grands du Thrash (comprendre le Big Four) sortent chacun leur album. Metallica nous gratifie de son And Justice for All, plus technique et plus heavy que les précédents, Slayer ralentit aussi la cadence avec South of Heaven (ceci dit, il était difficile de faire plus rapide que Reign In Blood), Megadeth nous atomise avec So far, so Good… so What ! De bien beaux albums ! Seul Anthrax nous pond un State of Euphoria quelque peu décevant après la bombe qu’était Among The Living. Mais toute une meute de jeunes loups court après le quatuor de tête. Parmi les meilleurs élèves, voici Testament qui avait déjà bien fait parler de lui l’année précédente et qui sort cette année-là son second album, The New Order. Un nouvel ordre du Thrash Metal venu tout bouleverser dans la hiérarchie ? On va voir ça de plus près.
Cet album, bien plus que son prédécesseur et déjà très réussi The Legacy, va effectivement propulser le groupe parmi l'élite. La raison en est simple. Testament sort l'album de Thrash (quasi) parfait. Rapidité d'exécution (The Preacher, Into the Pit), titres puissants mais mélodiques (The New Order, Disciples of the Watch, Eerie Inhabitants), single potentiel (Trial by Fire – encore que le concept de single dans le Thrash Metal soit assez flou), une reprise en béton armé (Nobody's Fault des Aerosmith, version évidemment surboostée – malheureusement pour ceux qui ont acquis le vinyl, ce titre n’est apparu qu’en bonus sur le CD) et instrumentaux techniques. Toute la panoplie est de sortie. Trial By Fire et Nobody’s Fault vont faire l’objet de deux vidéos qui vont contribuer à faire connaître le groupe.
L’interprétation est sans faille. Il faut dire que Testament possède des musiciens haut de gamme. La voix puissante de Chuck Billy fait merveille et les deux guitaristes s'en donnent à cœur joie. Les rythmiques d'Eric Peterson vous nettoient les oreilles au kärcher (The Preacher) et Alex Skolnick démontre une fois de plus tout son talent sur des solos très inspirés (The New Order, The Preacher, Disciples Of The Watch) et se place en bonne position dans la compétition des meilleurs guitaristes du style. Peterson et Skolnick signent d'ailleurs à eux deux toutes les musiques de cet album, Chuck Billy n'intervenant dans la composition qu'au niveau des textes. On commence d’ailleurs à trouver des paroles marquées des préoccupations écologiques chères au cœur du bonhomme. Enfin, pour donner une profondeur à tout ceci, il ne faut pas oublier le boulot des plus discrets – en tout cas, moins sous les projecteurs - Louie Clemente (batterie) et Greg Christian (basse). Avec ce second album, le groupe tente de s’affranchir de ses influences (pas toutes, on sent encore ça et là des petites réminiscences de Metallica) et propose un album plus personnel. Tantôt très mélodique (quelques intros en arpèges, les deux instrumentaux Hypnosis et Musical Death sur lequel, effectivement, on trouve quelques liens avec le Call Of Ktulu de Metallica), tantôt mettant la hargne en avant (Into The Pit, The Preacher), Testament essaye de nous concocter une palette complète d’émotions et atteint indubitablement ses objectifs. Si l’on doit trouver un défaut à cet album (il en faut un, quand même), c’est sa production signée Alex Perialas qui n’est pas assez rentre-dedans, pas assez grasse à mon goût. Ceci dit, il s’agit d’un défaut récurrent des productions de l’époque.
Testament confirme, avec son nouvel album, qu’il va falloir compter sur eux dans le paysage Thrash metallique mondial. The New Order est une pièce maîtresse de l’âge d’or du Thrash, rien de moins. Avis à celles et ceux qui ne le possèderaient pas encore !
Tracklist de The New Order :
01. Eerie Inhabitants 02. The New Order 03. Trial By Fire 04. Into The Pit 05. Hypnosis 06. Disciples Of The Watch 07. The Preacher 08. Nobody's Fault (Aerosmith cover) 09. A Day Of Reckoning 10. Musical Death (A Dirge)
|