Après avoir bien rempli les pages de notre rubrique "Back To The Past" d’albums que je trouve incontournables, j’avais envie de commencer une série de chroniques sur quelques EP cultes.
Et quoi de mieux pour inaugurer cette série que l’un des plus cultes à mon sens, le premier effort discographique de Sodom.
Sodom, aujourd’hui connu et reconnu pour être l’un des piliers les plus solides du Thrash allemand, a commencé sa carrière sous une autre bannière que celle du Thrash : le Speed / Black Metal. Oui, Black Metal car au même titre que les premiers Venom, les premiers Bathory et les premiers enregistrements de Hellhammer et Celtic Frost, cet EP pose les bases du mouvement Black scandinave qui apparaitra quelques années plus tard. Feu Euronymous, fondateur de Mayhem et figure de proue du mouvement à ses débuts, n’a-t-il d’ailleurs pas appelé la maison de disque qu’il a créée pour promouvoir les groupes de black metal "Deathlike Silence", comme le premier titre du premier album de Sodom ? Un exemple parmi d’autres de l’influence du groupe…
Revenons à cet EP qui aligne seulement cinq titres. Le groupe aurait choisi le format EP par faute de moyens (ça coûte évidemment plus cher d’enregistrer un album longue durée). Cinq titres, oui, mais quels titres ! Outbreak Of Evil, Sepulchral Voice, Blasphemer, Witching Metal, Burst Command Til War... quand je vous disais "culte" ! Musicalement, on pense à du Venom mais en plus violent. C’est joué pied au plancher du début à la fin, soit un peu plus de dix-neuf minutes intenses. Angel Ripper (en deux mots à l’époque) s’arrache les tripes et pousse des hurlements de bête (sa voix n’a plus grand chose à voir avec ça aujourd’hui), la batterie de Witchhunter mitraille et imprime un rythme bien speed et la guitare de Grave Violator (qui ne jouera que sur ce premier EP avec le groupe) balance du riff basique et répétitif mais bien efficace. Quant aux solos, ils sont courts et un peu approximatifs. Tous ces éléments, on les retrouvera plus tard sur les premiers albums de Black Metal.
Alors oui, on sent que c'est joué à l'arrache mais, comme pour les premiers Venom, on s'en tape. L’intérêt n’est pas là. Le son est caverneux à souhait, underground, il y a une vraie ambiance malfaisante qui s’installe... aussi malfaisante que la pochette du EP.
Cet EP s’est bien fait descendre par la critique à sa sortie, tout comme les premiers Venom ou le premier Hellhammer, ce qui n’a pas empêché toutes ces œuvres de passer à la postérité. La critique de l’époque n’était manifestement pas prête pour ce genre musical et n’a pas su appréhender ce qu’il se passait…
In The Sign Of Evil est à inscrire parmi les disques qui ont fait franchir au Metal extrême de nouvelles frontières.
Cet EP a été réédité en CD avec le premier album du groupe, Obsessed By Cruelty, en complément. En enchaînant les deux, on sent déjà une évolution du son et de la musique du groupe vers le Thrash (encore bien sauvage), ce qui sera confirmé avec l’album suivant, l’excellent Persecution Mania. Une bonne occasion pour découvrir les débuts de ce groupe.
A noter aussi que Sodom a fait l’erreur de réenregistrer ces titres en 2007 sous le titre The Final Sign Of Evil. Un enregistrement sans intérêt comparé à l’original car le groupe n’a pas réussi à retrouver la folie, la sincérité et la bestialité qui s’en dégageaient.
Tracklist de In The Sign Of Evil :
01. Outbreak Of Evil
02. Sepulchral Voice
03. Blasphemer
04. Witching Metal
05. Burst Command Til War
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