Sodom est l'un des fleurons du Thrash germanique aux côtés de Kreator et Destruction (le "big three" allemand, en quelque sorte !) Le trio a commencé sa carrière en 1985 avec un EP devenu très rapidement culte, In the Sign of Evil que beaucoup considèrent comme l'un des albums fondateurs du Black Metal, au même titre que les premiers Venom et Hellhammer. Puis, avec Persecution Mania (1987), le groupe se tourne vers le Thrash. Sodom propose alors une musique plus réfléchie, mieux construite et aussi plus technique. Le nouveau guitariste, Frank "Blackfire" Gosdzik n'est pas étranger à ce changement de direction car il possède une technique que n'avaient pas ses prédécesseurs.
Et en 1989, voici donc son successeur, Agent Orange (nom provenant d’un joyeux produit balancé par les Américains sur la gueule des Vietnamiens), le joyau de Sodom et l'album de Thrash allemand le plus vendu à ce jour. Il faut dire que c'est du solide. Les deux premiers morceaux, Agent Orange et Tired and Red sont de vraies petites bombes et valent à elles seules l’achat de cet album. A l’image de la pochette, ça mitraille ! Ca speede, les solos sont travaillés et Tom Angelripper (basse, chant) éructe comme un damné. Mais ce n'est pas tout, on ose le break acoustique en plein milieu du morceau Tired and Red avant de repartir de plus belle sur une rythmique plus lourde mais qui reste hyper puissante. Les tempos bien lourds, puisqu'on en parle, ils dominent sur le morceau Remember the Fallen, un des grands classiques du groupe. En fait, ce Agent Orange est un album bien varié. Au programme, des titres hyper rapides (Incest, Exhibition Bout, Baptism of Fire) menés par le martèlement frénétique du regretté Chris Witchhunter, du titre qui empiète sur les terres Heavy (Magic Dragon) ou typiquement Motörheadien (grosse influence assumée de Tom Angelripper), voire Punk, avec Ausgebombt et sa basse en avant. Et pour finir, un morceau carrément typé Heavy Metal avec la reprise de Tank, Don’t Walk Away, titre rajouté au CD et qui provient du single Ausgebombt.
La guerre, sujet de prédilection de Tom Angelripper (mais pas pour la glorifier), est un peu le fil conducteur des textes de cet album. Et de pas mal d’albums du combo d’ailleurs. On retrouve donc sur la pochette pour la seconde fois le personnage au masque à gaz qui va un peu devenir la mascotte du groupe. Une pochette signée du grand Andreas Marschall au passage. La production de cet album est confié à Harris Johns, connu à l’époque pour avoir travaillé avec Tankard, Kreator, Grave Digger, Coroner, Voivod ou Helloween et déjà responsable de la production de l’album précédent.
Après cet album, Frank Blackfire va s’en aller rejoindre l’autre grand du Thrash allemand, Kreator, pour un autre disque tout aussi essentiel du style, Coma of Souls. De son côté, Sodom va avoir un peu de mal à revenir au niveau de ce Agent Orange en sortant le plutôt moyen Better Off Dead en 1990 (de nombreux fans du groupe le déteste, celui-là !) suivi d'une flopée d’autres albums qui, s’ils ne sont pas mauvais pour la plupart, restent en deçà de cette bombe incendiaire. Si vous ne devez posséder qu’un seul album de ce combo, c’est bien celui-ci que je vous conseille.
Tracklist de Agent Orange :
01. Agent Orange 02. Tired and red 03. Incest 04. Remember the Fallen 05. Magic Dragon 06. Exhibition Bout 07. Ausgebombt 08. Baptism of Fire 09. Don't Walk Away (CD bonus)
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