En 1990, Slayer est alors au sommet de la vague et vient de sortir ce qui est – et restera à n’en pas douter – un des meilleurs live dans la sphère metal. Kerry King a encore ses cheveux, Tom Araya éructe des textes qui font polémique avec une énergie diabolique, Jeff Hanneman complète à merveille Kerry King et Dave Lombardo a révolutionné le jeu de batterie incorporant de la double avec une vélocité redoutable. Slayer est alors une machine de guerre mais – et c’est évidemment un jugement bien commode maintenant que les années sont passées – quelques tourments vont venir freiner le groupe.
Déjà, la scène thrash, alors rayonnante, va connaître un réel déclin. Metallica réalise alors un tournant vers un heavy de classe immense. Dave Mustaine, comme toujours, suit le mouvement de ses anciens comparses dans la foulée, Anthrax n’est déjà plus vraiment là et le style connaît alors une éclipse radicale (faute aussi de n’avoir su se renouveler). Slayer, dernier des Mohicans ? Il y a un peu de ça à l’époque. Mais le groupe connaît ses tourments internes avec le départ de l’excellent et très apprécié Dave Lombardo. Sur ce point, le groupe fait une bonne pioche avec Paul Bostaph, métronome et batteur de très haute valeur. Mais au style quelque peu différent. C’estdans ce contexte que Divine Intervention arrive et on va trouver là une dynamique résolument plus death et bien sombre (surtout en termes de son, le fond thrash restant bien présent). Un simple coup d’œil sur l’artwork confirme ce point.
Néanmoins, Slayer garde son côté polémique et archi provocateur et la simple consultation de la tracklist et des titres des morceaux en attestera. Référence encore et toujours à la Seconde Guerre Mondiale mais aussi à des sujets bien dark, ouvertement polémiques. Autre point, l’intégration à la pochette d’une photo d’un fan s’étant inscrit au cutter le nom du groupe sur son avant-bras avant de se brûler. Effet saisissant garanti. Et réellement déstabilisant. Côté musique, c’est bien plus sombre mais ça envoie toujours du steak. L’énergie est là, les guitares se défoulent et Tom Araya a toujours ce chant bien diabolique. Slayer est plus sombre, moins véloce mais reste fidèle à sa réputation. Il n’en demeure pas moins que de réelles critiques furent formulées sur un disque qui avait quelque peu déstabilisé une fan base assez exigeante. L’absence de morceaux sortant du lot et surtout, l’impression que le groupe souffrait quelque peu de la comparaison avec un Burn My Eyes par exemple, sorti la même année.
Ce disque conserve toutefois une drôle de place dans la discographie des Américains tout de même. Aucun titre n’apparaissait sur les dernières setlists du groupe lors de la tournée d’adieu. Le groupe a aussi semblé se chercher dans la décennie 1990 car la formation sortira ensuite Undisputed Attitude, recueil de reprises punk. On le sait, le punk est un élément fondamental dans le thrash et rendre hommage à cette passion fut une très bonne idée du groupe mais pas évident pour les fans de les suivre. Diabolus In Musica, bien sombre et comportant d’excellents titres (Stain Of Mind qui, lui, aura les honneurs de la tournée d’adieu du combo), ira vers un groove metal voire même quelques côtés néo (alors en pleine gloire) ce qui continuera de désarçonner toujours plus l’auditoire et les suiveurs. Une décennie compliquée, donc, pour le groupe (comme pour tout le Big 4, diront les mauvaises langues même si personnellement, j’aime beaucoup Load). Le groupe reviendra à ses fondamentaux dans la décennie 2000 et redeviendra ce géant du thrash qui écrasera tout sur ses différents passages. Moins connus et à mon sens injustement dénigrés, ces quelques disques méritent tout de même une écoute attentive, on y trouve de bonnes choses ; Paul Bostaph reste une sacrée pointure et Slayer, même en plein doute, reste une sacrée machine de guerre.
Tracklist de Divine Intervention :
01. Killing Fields 02. Sex. Murder. Art. 03. Fictional Reality 04. Dittohead 05. Divine Intervention 06. Circle Of Beliefs 07. SS-3 08. Serenity In Murder 09. 213 10. Mind Control