Artiste/Groupe:

Slash’s Snakepit

CD:

It’s Five O’Clock Somewhere

Date de sortie:

1995

Label:

Geffen

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

ced12

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Le disque dont je vais vous parler doit absolument être recontextualisé. Sorti en 1995 mais composé et enregistré courant 1994 dans un moment pas anodin. C’est qu’à l’époque, un certain Guns N’ Roses sort d’un cycle suivant la sortie des Use Your Illusion avec tournée mondiale délirante, succès planétaire et dérives en tous genres. C’est simple, les membres du groupe sont cramés. Izzy Stradlin avait quitté le navire en 1991 et les relations entre les musiciens étaient au point mort. Si on devait trouver un exemple de groupe épuisé par les excès, les Guns de 1994 se poserait là. Principalement articulé autour du duo de superstars Axl & Slash alors en plein conflit d’égo (qui n’était pas sans rappeler celui plus tôt entre Steven Tyler et Joe Perry qui avait vu le départ de ce dernier avant un come-back d’anthologie qui a marqué la fin des 80’s). Entre un Axl parti dans un délire monomaniaque se prenant pour Elton John et un Slash rincé par l’usage de drogues, mais désireux d’en revenir au hard rock période Appetite, l’incompréhension était totale. Sans compter que l’avènement de la scène grunge ringardisa sérieusement les Guns et leurs attitudes de rock star alors passées de mode. L’histoire veut que Slash se soit pointé avec une quinzaine de titres, tous rejetés en bloc par Axl ne les trouvant pas assez aboutis. Vexé, Slash prit sur lui de bosser ses titres avec ses potes, Matt Sorum, Gilby Clarke et Mike Inez (Alice In Chains) dans son studio construit au milieu de son terrarium à serpents, lui qui aime tant cet animal. Non ce n’était pas une référence à Metallica mais pragmatiquement à sa passion (hautement incompréhensible pour moi qui n’en suis pas fan mais c’est un avis bien personnel !) pour ces animaux. C’est Eric Dover qui a été retenu pour chanter, lui qui était alors connu pour avoir œuvré dans des groupes hair-metal.

Le résultat, ce sont quatorze titres hard rock mâtinés de blues bien troussés et sans immense prétention que nous avons ici. Autant le dire net, à la marge d’un Beggars & Hangers-On ou de l’excellente Be The Ball, aucun grand titre resté dans les mémoires à l’horizon mais un bon hard rock, franchement entraînant. On le savait, Slash n’était pas le compositeur en chef de Guns, la place étant plutôt occupée par le tandem Izzy - Axl mais le bougre se défend. Il deviendra même très bon avec Miles Kennedy à la fin des années 2000 mais il faut se rappeler qu’en 1994, le gars n’était pas dans un état où il pouvait donner le meilleur de lui-même. Et pour un type en vrac, comme il se décrira lui-même dans son excellente biographie, il s’en sort même franchement bien. Slash en profita pour rendre hommage à Kurt Cobain sur le titre Lower, autre rock star tourmentée (malgré lui, dans son cas).

On le sait, Axl ne sortira son Chinese Democracy qu’en 2008 et avec le recul, on comprend aisément l’impossibilité de trouver un terrain d’entente artistique entre la démarche rock n’roll retour aux sources de Slash et le rock plus sophistiqué d’Axl. Le guitar-hero s’adresse d’ailleurs à celui qui était encore le chanteur de son groupe (pour mieux le redevenir mais bien longtemps après) sur What Do You Want To Be, où on voit l’absence totale de communication entre nos deux protagonistes. Slash reviendra par la suite début 2001 avec un second album solo qui l’amènera à tourner pour AC/DC (seulement aux States ; grrr !) et on ne le reverra vraiment revenir aux affaires en solo que bien plus tard mais avec un sacré talent et une forme retrouvée, à la marge de la géniale première tournée de Velvet Revolver. Oui mais voilà, la vague hard rock avait passé et alors qu’on pensait que Slash ne serait que la rock star d’un public nostalgique, un come-back chez les Guns d’Axl, une réconciliation aussi inattendue que réussie artistiquement permet aux Guns (renforcés par Duff, autre géant revenu de très loin) de s’offrir une tournée mondiale qui n’en finit plus pour le bonheur de beaucoup.

Ce disque est donc la photographie d’une époque tourmentée pour ce si sympathique Slash alors au plus bas. Intitulé en raison d’une réponse qu’il fit à un barman refusant de lui servir de l’alcool à 4h30 du matin prétextant devoir attendre 5h l’heure officielle de vente d’alcool (ce qui en dit long sur l’état du Slash à l’époque), ce disque permit à ce dernier de partir en tournée avec ses potes, mais pas ceux encore dans les Guns sur injonction du sieur Axl, et de continuer à faire ce qu’il a toujours aimé faire par-dessus tout, jouer live. Rock star certes, mais amoureux de sa guitare avant tout. Un bon disque, symbole d’une drôle d’époque entre descente aux enfers d’un musicien surdoué et fin d’une scène hard rock alors dépassée.

Tracklist de It’s Five O’Clock Somewhere :

01. Neither Can I
02. Dime Store Rock
03. Beggars & Hangers-On
04. Good To Be Alive
05. What Do You Want To Be
06. Monkey Chow
07. Soma City Ward
08. Jizz Da Pit
09. Lower
10. Take It Away
11. Doin’ Fine
12. Be The Ball
13. I Hate Everybody (But You)
14. Back And Forth Again

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