Pour ceux qui commencent à me connaitre, vous aurez remarqué que je ne suis pas le plus branché sur le metal extreme, d’autres chroniqueurs sont bien plus pointus sur ce sujet. Et pourtant sortir de sa zone de confort fait aussi partie de mon tempérament car la découverte est parfois le commencement d’une très belle surprise et qu’il ne faut jamais passer à côté. C’est sur cette petite introduction toute personnelle et introspective que je vais évoquer le cas le Silhouette, groupe français de black metal atmosphérique.
C’est donc en Occitanie, région chère à notre Ced12, entre la mer et la Pic Saint Loup, ok à Montpellier, j’arrête de faire mon relou, qu’on trouve Silhouette qui sort son premier album. Composé d’Ondine Lilas Dupont et Yharnam au chant, d’Achlys à la guitare lead, compositeur et fondateur du projet Silhouette, Vyartha à la guitare rythmique, Grise à la basse et Zhand à la frappe, le groupe nous offre un projet très abouti de black metal atmosphérique à l’ambiance plus que flippante (cet adjectif sera mon leitmotiv sur cette missive) et au final un album très percutant. Il est grand temps d’entrer dans les Dires de l’Ame…
Cet opus est introduit tout en douceur par L’Appel, titre presque suspendu entre guitares cristallines en arpège et chant clair planant, c’est une entrée en matière jouissive mais introductrice d’un truc qui commence presque à foutre les jetons. Et effectivement dès Catalepsie bim bam boum c’est parti (je vous rappelle que le black metal n’est pas une sinécure pour votre humble serviteur) pour un mur de guitares saturées et un chant hurlé coupé au cordeau, qui donne une impression d’être paumé au milieu des bois pourchassé par n’importe quel truc qu’on n’aimerait pas voir, c’est super angoissant, mais tellement réussi, ça envoie du très gros son qui attaque bien les esgourdes. Silhouette poursuit sur Dialecte Onirique au son différent marqué par des guitares presque grunge doublées par une batterie de tous les diables ou Zhand frappe comme un damné et donne une rythmique sublime à l’ensemble. Et que dire du chant clair d’Ondine alterné avec celui hurlé de Yharnam, quelle trouvaille, c’est juste extra. Le groupe montre toute sa puissance dans cet album, caractérisée sur le titre Silhouette, c’est rentre dedans pour nous laisser dans les cordes de ce mur de son au chant hurlé. Avec Adoubée Des Etoiles, on retrouve le chant clair d’Ondine et les arpèges de guitares, un titre plus calme qui fait un peu de bien à nos pauvres cages à miel, montre une autre facette du talent du groupe et grandit l’expérience de cette écoute. Pourtant cet interlude sera suivi par le titre éponyme qui repart dans une sonorité mat et puissante, presque violente, portée là aussi par un jeu de frappe de folie qui laisse l’auditeur que nous sommes dans cet antagonisme entre peur et envoûtement, un beau travail d’orfèvre pour arriver à ce résultat. Après avoir été complètement déboussolé par cette proposition de Silhouette, j’ai eu le sentiment d’avoir une certaine redondance avec Une Lame Eprise qui reprend les codes des titres précédents, la déception commençant à pointer le bout de son nez. Et bien chers lecteurs c’est sans compter sur le groupe qui fait évoluer ce titre sur la seconde partie pour explorer un son plus aérien qui nous emporte là aussi. Bien joué ! Vous l’aurez compris nous sommes en présence d’une expérience rare portée par des guitares sublimes au son grunge par moment, une alternance de chants clairs et hurlés au diapason, et une batterie de haut vol pour un résultat qui nous fait voyager de l’envoûtement à la flippe et avec l’envie d’y retourner, bref du très bon metal. L’album s’achève sur l’Eveil qui tire sur le metal symphonique (sujet dans lequel je suis bien plus à l’aise) avec une facilité déconcertante. Comme si on voyait la lisère du bois devant nous avec la lumière proche sans jamais pouvoir l’atteindre.
Divinement bon et pari réussi pour nos amis de Silhouette puisque j’ai totalement adhéré à cet album. Une très belle découverte dont l’expérience scénique devrait être là aussi une belle expérience aux dires du groupe.
Tracklist de Les Dires de L’Ame :
01. L’Appel 02. Catalepsie 03. Dialecte Onirique 04. Silhouette 05. Adoubée Des Etoiles 06. Les Dires De L’Ame 07. Une Lame Eprise 08. Litanie Contre La Peur 09. Dysthymie 10. L’Eveil