Un grunge revival en plein cœur de Paris ? Oui, c’est possible. En tout cas c’est ce que le groupe Sex Shop Mushroom nous propose. Le groupe parisien formé en 2022 est composé de Timothée Leporini (chant / guitare), Giulia Vinciguerra (batterie), Victor Cresseaux (Guitare) et Cyprien Ortuno (basse). Tout ce petit monde semble sans complexe avec un nom de groupe bien déjanté, une pochette bien délirante et ce premier album au titre bien provocateur de God Doesn’t Exist. Si je confirme que Dieu n’existe pas, l’énergie et la fraîcheur dégagées par ce premier album, elle, est indéniable. Les 11 morceaux ont été composés par Timothée et Victor avant la composition du groupe et le tout a été entièrement enregistré, mixé et masterisé par le groupe, soucieux de vouloir "préserver notre vision artistique et la potentielle pureté et innocence artistique que peut revêtir un premier album". On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
Au premier riff de She Doesn’t Exist (après tout, oui, pourquoi Dieu ne serait pas une femme - je vous le demande ?) on se dit que les jeunes sont tombés dans une marmite grunge quand ils étaient petits (merci les parents !), mais attention il ne faut s’arrêter là et conclure à du bête clonage de Nirvana. Que nenni ! Ce premier très bon morceau, riff et chante comme le gang de Seattle certes, mais le reste de l’album est bien plus riche et varié que ça et il offre bon nombre de surprises.
Lona sonne encore assez grunge, c’est un morceau qui vous colle au cerveau, le riff de basse claque, le chant de Tim est fort en émotion, écorché vif sur le refrain et le final, en apothéose. Je vous file le clip mais attention, c’est à vos risques et périls car il rend fou:
So Sadly est un morceau plus calme, plus posé, alors que Monkeys Be Like sonne très punk, avec un break sympa style Rage Against The Machine. Le clip est toujours aussi déjanté: visiblement le groupe n’a pas de limite dans ses délires créatifs et ils ont du sacrement se marrer pour tourner ce petit délire.
Boys on Sale est un de mes morceaux préférés, au refrain super accrocheur, super bien chanté. Et puisque je parle du chant, il est encore excellent sur Dead Doll (décidément y a un truc avec les poupées...), j’adore le couplet de ce morceau encore bien accrocheur, avec une bonne basse, bien présente dans le mix. Hang Me est bien travaillé au niveau compo, alternant les tempos au sein d’un même morceau. La section rythmique Giulia/Cyprien assure grave, fournissant une riche base aux deux guitares de Tim/Vic et à la voix de Tim. Mommy Said est une sorte de Nirvana croisé avec du Sum41, dans lequel Tim fait parler son talent de chanteur. Don’t Date Rita est une belle démonstration de groove par le duo Giulia/Cyprien, ça aurait pu être juste une pure compo grunge, mais le petit break sympa la rend bien plus originale.
L’ambiance s’alourdit un peu sur Watch Yourself, le chant virerait presque au Iggy Pop, le rythme évolue, c’est très bon tout ça. Vous pouvez même voir le clip, réaliste cette fois et assez dérangeant sur le thème de l’alcool et la drogue (tu t’es vu quand t’as bu):
L’album se termine avec un morceau encore très fort en émotion Bleached Eden, dans lequel Tim se met à nu et hurle à se sortir les tripes.
Au final, une belle bouffée d’énergie pure, d’énergie primaire que ce premier album des Sex Shop Mushrooms. Pas de faille, on prend un vrai plaisir à réécouter cet album riche artistiquement, composé de morceaux courts et percutants traitant de sujets graves et souvent forts en émotions.