Un an après la tempête Reign
In blood deSlayer, le petit monde du metal se dit qu’il ne sera plus le
même et qu’un cap dans la violence musicale vient d’être passé, et
qu’il ne sera peut-être jamais dépassé…
L’année suivante, des concurrents arrivent contre toute attente à titiller le roi
Slayer. Napalm
Death avec son OVNI Scum, Death avec son Scream Bloody Gore, Mayhem avec son Deathcrush et également
Sepultura « from Brazil » avec un Schizophrenia qui ne
partage pas grand-chose avec les ambiances chaloupées des batucadas.
Si vous connaissez seulement Sepultura versionRoots ou Chaos
AD, oubliez tout ! Cet album qui a maintenant presque trente ans est une tuerie
death/thrash, qui ne peut laisser indifférent aucun amateur de riffs qui tuent.
Le groupe vient de sortir un premier EP (Bestial Devastation) et un album (Morbid
Visions) sur lequel apparaît Troops of Doom, morceau culte que le groupe
continue encore à jouer sur scène aujourd’hui. Les membres du groupe se donnent
également des noms de warriors pour se la jouer viril : Max Cavalera est
«Max Possessed», Jairo Guedez «Tormentor», Igor
Cavalera «Igor Skullcrusher» et Paulo Jr.
«Destructor». Eh ouais, 'fallait pas les prendre pour des rigolos à
l’époque… Heureusement, le groupe a vite abandonné cette
idée…
C’est en août 1987 que le groupe décide de rentrer en studio pour enregistrer
Schizophrenia. Suite au départ de Jairo Guedez, qui pourtant avait
composé une grosse partie de l’album, c’est Andreas Kisser qui
prend alors la place de guitariste pour ne plus la lâcher.
Bon, finie la partie people, que cache cet artwork discutable ? Ben oui, je ne peux pas passer
à côté de cet artwork, qui est certainement, avec Roorback, la plus laide
de la carrière du groupe même si elle illustre d’une manière assez claire ce
que peut être la schizophrénie. Je ne dirai pas un mot sur la photo où le groupe
se retrouve dans une cage de la SPA autour d’une gamelle pour chien, je vous laisse
admirer…
Pour en revenir à mon propos initial, se cachent derrière cet artwork neuf titres dont
une intro et deux instrumentaux. L’intro commence sur un sample de Psychose et un cri
inhumain de Max hurlant le titre de l’album… Il s’ensuit From
The Past Comes The Storms avec un riff qui d’entrée donne le ton de
l’album : « Mesdames et Messieurs, vos oreilles vont être toutes propres
tellement on va vous les ramoner ! », un début de morceau dantesque qui ouvre
à merveille l’album.
S’enchaînent ensuite deux autres titres To The Wall et Escape To The
Void, qui est une reprise avec des paroles différentes du morceau Escape Into The
Mirror de l’ancien groupe de Kisser, Pestilence. Max
n’a pas encore la puissance qu’on lui connaîtra par la suite mais
s’en sort avec les honneurs et garde un aspect rauque qui colle assez bien avec la production de
l’époque.
Le premier instrumental se nomme Inquisition Symphony et là il
faut reconnaître que c’est du bon, du très très bon. La structure
du morceau est absolument incroyable, un ronflement sourd, une introduction à la guitare
acoustique qui emmène, et ce premier riff qui ne peut que vous donner envie de rester tout au
long de ce voyage de sept minutes de plaisir… Et parfois, sept minutes de plaisir c'est bon
à prendre… C’est à la fois heavy, puissant, les riffs
s’enchaînent avec une virtuosité incroyable, break, solo, descente de tomes…
Tout y passe, tout y est : c’est l’extase auditive absolue…
Bon, je ne vais pas vous faire un track by track, sinon cette chronique serait sans fin… Mais
Screams Behind The Shadows et Sceptic Schizo sont aussi d’excellents morceaux
; et The Abyss, deuxième instrumental de l’album, permet de reprendre son
souffle tout en emmenant, comme son nom l’indique, l’auditeur dans une noirceur
totale.
Dernier focus sur le morceau qui clôt l’album R.I.P. (Rest In Pain) : les
paroles reflètent ce que Max avait envie d’expier dans cet album,
c'est-à-dire sa souffrance. C'est le morceau représentatif de l'album, speed, avec pas
mal de changements de rythmes, des cassures, des riffs qui scotchent jusqu'au clin d'œil
à Dmitri Chostakovitch et sa célèbre valse.
La formation n'avait même pas vingt ans de moyenne d'âge et était
déjà pétrie de talent. Ce Schizophrenia est un album que tout bon
amateur de Sepultura se doit de posséder... Il pose les bases de la
carrière qu'on leur connaît.
Tracklist Schizophrenia :
01. Intro 02. From The Past Comes The Storms 03. To The
Wall 04. Escape To The Void 05. Inquisition Symphony 06.
Screams Behind The Shadows 07. Septic Schizo 08. The
Abyss 09. R.I.P. (Rest In Pain)