Onzième album de Scorpions et surtout fin de la période faste du groupe puisqu’il s’agit du dernier album de Francis Buchholz, considéré comme le bassiste de « référence » du groupe, et surtout parce que c’est après cet album que Scorpions va subir une terrible traversée du désert, mais nous n’en sommes pas là, restons ancrés sur cet opus sorti en 1990. Cette année 1990 n’est pas la période la plus propice pour se faire une place au soleil quand on est un groupe de hard rock. Les charts sont trustés par toute une série de mièvreries, de bouillie musicale dont le TOP 50 se nourrissait et essayait de nous nourrir musicalement, le punk n’est plus ou presque, et le grunge pas encore arrivé jusque chez nous. Et si quelques groupes arrivent encore a tirer leur épingle du jeu, c’est franchement moribond dans les rayons rock et metal. Le contexte politique est tout aussi instable, le bloc de l’Est s’effondre et le mur de Berlin également pour voir l’Allemagne se réunifier. J’arrêterai là la page histoire, mais cela à son importance pour ce qui va suivre, je rappelle à nos lecteurs que Scorpions est un groupe Allemand, donc très affecté par ce qui se passe dans son propre pays à cette période. Ce n’est pas dans un monde de sérénité, mais plutôt d’espoir que sort Crazy World, qui porte bien son nom à cette période (et qui est toujours malheureusement d’actualité). Crazy World est aussi l’album de Scorpions qui renferme deux des trois plus grandes ballades du groupe, ces derniers étant déjà des spécialistes de l’exercice, avec Wind Of Change et Send Me An Angel. Wind Of Change colle parfaitement à l’actualité du moment, cette chanson parle de la chute du mur de Berlin et de l’avenir que cet évènement va offrir à plein de monde, et grâce à cela, entre autre, ce titre deviendra un hit mondial. Musicalement, outre la perfection de cette ballade, il faut le reconnaître, on a aussi le plaisir d’entendre Klaus Meine siffler cet air, celui qu’on a tous essayé de faire au moins une fois (rien qu’en ce moment en lisant ceci non ?).
Send Me An Angel qui clôture Crazy World est aussi une tuerie de ballade, moins marquée que Wind Of Change qui aura fait le tour du monde des radios, mais tout aussi remarquable. Ces deux ballades sont régulièrement intégrées au répertoire du groupe en concert d’ailleurs.
Et pourtant résumer cet album à deux ballades serait trop réducteurs tant il renferme de très bonnes chansons bien dans la mouvance hard rock avec des riffs bien trouvés sur Tease Me Please Me par exemple, ou d’autres au refrain percutant comme To Be With You In Heaven ou Don’t Believe Her. C’est grâce à ce savant mélange de ballade à faire tirer des larmes et de titres très hard rock que Scorpions va sortir son épingle du jeu en 1990 et faire de Crazy World un album plein qui sera mondialement plébiscité, plusieurs fois disque de platine, et des millions d’exemplaires vendus partout dans le monde, et sera le dernier des grands disques de Scorpions avant une longue période. La suite est beaucoup moins drôle pour le groupe qui va passer une bonne dizaine d’années de traversée du désert. Déjà Francis Buchholz comme expliqué plus haut quittera le groupe, suivi par Herman Rarebell le batteur qui sera remplacé par James Kottak. C’est surtout au niveau des albums dont l’inspiration sera en berne, de Face The Heat à Pure Instinct en passant par Eye II Eye (là je passe mon tour moi), pendant ces dix ans et qui vaudra à Scorpions une image un peu ringarde avant de remonter la pente au début des années 2010, mais ça c’est une autre histoire…
Tracklist de Crazy World :
01. Tease Me, Please Me 02. Don’t Believe Her 03. To Be With You In Heaven 04. Wind Of Change 05. Restless Nights 06. Lust Or Love 07. Kicks After Six 08. Hit Between The Eyes 09. Money And Fame 10. Crazy World 11. Send Me An Angel