Sabaton, le groupe qu’il faut détester ! Si, si, aujourd’hui, les Suédois sont victimes de l’équation bien répandue dans le milieu du Metal : plus un groupe est populaire, plus il faut le dénigrer. Les exemples ne manquent pas. Et ça, ça me gave au plus haut point. 
Car oui, pour tous les "bien pensants" du net, ceux qui croient détenir LA vérité, qui se sentent investis d’une mission et qui nous donnent leur avis sur youtube (ou ailleurs), écouter Sabaton, c’est mal. "C’est de la musique de beauf" ou "d’incultes" (c’est au choix, vous préférez passer plutôt pour du gros naze ou du lapin de six semaines ?), "c’est nul", "c’est hyper produit" et que sais-je encore… Bon, ok. Et si j’ai envie d’écouter Sabaton quand même, moi, je peux ? J’ai le droit ? Je ne risque pas une fatwa lancée par ces intégristes du "bon goût" ? Je vais même vous dire : chez moi, tout cela produit l’effet inverse : plus on crache sur ce groupe, plus je lui trouve des qualités. Bon, je ne tomberai pas dans l’excès opposé en vous disant que Sabaton est la dernière merveille du metal. Il y a, je pense, un juste milieu entre ça et le bashing systématique. 
Voilà. Cette petite mise au point effectuée en guise d’introduction, passons aux choses sérieuses et penchons-nous sur ce nouvel album des Suédois.

Vous le savez sans doute déjà, The Great War est un album entièrement dédié à la Première Guerre Mondiale. Sabaton ne change donc pas son fusil d’épaule (modèle Lebel évidemment) et nous parle une nouvelle fois de guerre et de combats. Joakim Broden et Pär Sundström, les principaux compositeurs, sont des passionnés d’Histoire militaire, et en plus ça marche auprès du public qui en redemande. Alors pourquoi changer ? Attention, on nous prévient (toujours les mêmes, cités plus haut) que les paroles sont creuses, parait-il… Et après ? Vous écoutez du Metal pour les paroles, vous ?
Musicalement, pas de révolution non plus et forcément puisque, là aussi, ils ont trouvé une recette qui marche très bien auprès du public. Les morceaux sont donc toujours construits sur le même schéma : grosse production, grosse artillerie rythmique, gros synthés nightwishien (The Great War, The End Of The War...), et on mise tout sur de gros refrains épiques appuyés par les chœurs, qu’il est souvent difficile de ne pas garder en tête une fois écoutés (The Future Of Warfare, 82nd All The Way, Great War)… Des titres toujours assez courts dans l’ensemble puisque dépassant rarement les quatre minutes : brièveté = efficacité. Et il faut bien reconnaître que ça fonctionne toujours autant.
Mais comme d’habitude depuis un moment, ça sent parfois le déjà entendu. En effet, on commence à avoir une bonne poignée de titres qui se ressemblent vachement dans leur répertoire. On notera quand même quelques petites nouveautés cette fois-ci avec l'utilisation un peu différente du synthé sur l’intro de The Red Baron, le titre épique The End Of The War avec ses choeurs nightwishiens énormes et l’outro de l’album, In Flanders Fields, faite d’un chœur féminin a cappella. Mais ce sera bien tout. Peut-être que le groupe pourrait essayer des choses un peu différentes, disposant maintenant d’un vrai second chanteur (le guitariste Tommy Johansson, chanteur du groupe Reinxeed et actuellement de Majestica). Mais la prise de risque n’est, semble-t-il, toujours pas à l’ordre du jour. Dommage. Quelque part, c’est rassurant pour les fans puisque Sabaton ne change rien, ils retrouveront forcément sur ce Great War ce qu’ils aiment chez ce groupe. 

Malgré tout, je trouve ce nouvel album un peu moins enthousiasmant que les précédents, avec moins de titres forts. Et ce n’est pas uniquement à cause de l'impression de redite. S’il contient évidemment son lot de refrains fédérateurs, une des forces du groupe assurément, ils sont moins énormes qu’à l’habitude. J’en ai retenu peu cette fois-ci à la première écoute, ce qui est un signe. Ca a mis plus de temps à rentrer... Et puis on a quelques morceaux un peu faiblards (The Attack Of The Dead Men, Devil Dogs). Mais l'ensemble tient encore bien la route, pas de souci, on a notre lot de nouveaux titres avec des airs faciles à retenir qui vont nous poursuivre pendant des jours.

Un mot rapide sur la "History Edition" : chaque titre est introduit par un petit discours pour expliquer le contexte historique du morceau. A réserver aux passionnés, donc. Les autres préfèreront sûrement l’album sans bla bla. 

Comme dit plus haut, The Great War plaira forcément à ceux qui aiment Sabaton, qui sont de plus en plus nombreux et ça, malgré tout ce que peuvent en dire les "haters", c’est un fait. Et comme en plus, en live, le groupe a un côté éminemment sympathique (l’épisode du remplacement de Manowar au Hellfest cette année a marqué positivement les esprits, ça ne fait aucun doute), on comprend mieux aujourd’hui pourquoi ça marche autant pour eux. Tant pis pour ceux qui les détestent, ils devront faire avec... 


Tracklist de The Great War :

01. The Future Of Warfare 
02. Seven Pillars Of Wisdom
03. 82nd All The Way 
04. The Attack Of The Dead Men 
05. Devil Dogs 
06. The Red Baron 
07. Great War 
08. A Ghost In The Trenches
09. Fields Of Verdun 
10. The End Of The War To End All Wars
11. In Flanders Fields