Épilogue de la trilogie, en effet, après Raised On Radio (2022) et Raised On Heavy Radio (2023), tous deux constitués de reprises, Too Many Lies, Too Many Masters est lui, composé par le chanteur Chilien, épaulé de José Rubio (guitare) et Andy C. (batterie). Ronnie, s’est entouré des mêmes musiciens espagnols qu’auparavant, à l’exception des claviers qui sont tenus ici par le Brésilien Francisco Gil. La production est, Frontiers oblige, de qualité, bien qu’elle manque de caractère. Je terminais ma chronique de Raised On Heavy Radio, en espérant que la suite serait à la hauteur des deux efforts précédents, nous allons voir ici, que la réponse n’est pas si simple.
Avant même d’insérer le disque, la pochette vous donne une idée du contenu de la galette, les similitudes avec Lock Up The Wolves de Dio vous sautent aux yeux immédiatement. Castaway On The Moon qui démarre le disque, est un titre tendance Power Metal, qui sonne Lords Of Black. Mais dès le second titre, Mountain Of Light, l’ombre de Dio plane. En effet le riff de guitare, la rythmique lourde et plombée, la voix et chant de Ronnie Romero, nous rappellent un autre Ronnie. I’ve Been Losing You, lui est plus convenu, un titre hard-rock limite AOR, sans grand intérêt. Heureusement, suit le titre éponyme, qui redonne un peu de hauteur, et convoque à nouveau l’ombre de notre cher lutin disparu... ce titre aurait pu être écrit et chanté par Dio lui-même. Histoire de brouiller les pistes, le titre suivant, Girl, Don’t Listen To The Radio, change de registre, il y a encore ce côté Dio-esque, mais l’ensemble est confus, partant dans plusieurs directions, laissant une impression étrange. Les accords de guitare qui débutent Crossroad, vous renvoient une fois de plus vers Ronnie James Dio, mais le chant et cœur de notre Chilien, convoquent un autre vocaliste de légende, le David Coverdale du Whitesnake de la grande époque.
Romero n’a pas fini de nous emmener visiter la grande époque du hard rock avec ses groupes légendaires. Car avec Not Just A Nightmare, les riffs de guitares et refrain se réfèrent à Rainbow. À ce stade, il sera difficile d’ignorer les inspirateurs de notre Chilien. À l’instar du troisième titre, A Distant Shore, n’a pas grand intérêt, le maillon faible de l’album ? Heureusement le titre suivant, Chased By Shadows, vous sort de l’ennui qui commençait à s’installer. Ce titre, est un subtil mélange de Dio et Rainbow, et je dois dire, que la greffe est parfaitement réussie. L’album se termine avec Vengeance, titre très speed, qui est en quelque sorte un medley de tout ce que nous venons d’entendre pendant quarante minutes, un mélange de tous ces groupes, qui indéniablement a inspiré notre chanteur.
L’heure du bilan est arrivée, et je dois dire qu’évaluer cet album n’est pas aisé. Dire qu’il m’a déçu serait inexact, cependant, il ne m’a pas enthousiasmé non plus. Tout compte fait, le Chilien a continué de rendre hommage à ses aînés. Avec les deux premiers albums de la trilogie, le chanteur avait ouvertement honoré les anciens en reprenant leurs titres. Ici, s’il est vrai que ce sont des compositions originales, il n’en reste pas moins que l’ombre de Dio plane tout au long de l’album. Dans une moindre mesure, les références à Rainbow et Whitesnake, sont elles aussi bien présentes. Alors, oui, c’est parfaitement exécuté, le chanteur brille de mille feux, les musiciens assurent et sont au niveau, rien à dire de ce côté. Mais un peu plus de prise de risque, de liberté, bref, de personnalité manquent cruellement. Je ne sais si notre chanteur va enfin prendre en main pleinement son avenir musical. Si tel est le cas, il va falloir qu’il s’émancipe quand même de ses mentors. Faute de quoi, il restera, je le crains, en seconde division, malgré son réel talent. Ronnie Romero a réuni autour de lui des musiciens de bon niveau, va-t-il transformer l’essai et donner vie sur la durée à ce groupe réuni sous sa bannière ? Quoi qu’il en soit Le potentiel est là. En attendant, bien que ce nouvel album, ne soit pas à la hauteur escomptée, il vous fera passer un bon moment de musique. D’autant que le groupe n’a pas surchargé son offrande, sa durée de quarante-quatre minutes, évitant à la lassitude de prendre le pas.
Vocals – Ronnie Romero Guitar - Jose Rubio Bass – Javi Garcia Drums – Andy Cobos Keyboards – Francisco Gil