Le premier album de Red Cloud avait été chroniqué en son temps par l’excellentissime Didier dont les oreilles acérées telle une feuille de boucher ne laissent quasiment rien passer. Donc quand ladite chronique renvoie à des références allant de Rival Sons à Janis Joplin, en passant par Jefferson Starship ou Led Zeppelin, cela m’a fait lever un sourcil pour ce qu’il allait être une évidence : ne pas passer à côté de ce groupe bon sang ! Après il faut savoir raison garder et être mesuré puisqu’il s’agit du second album du combo. Et la barre du second album est souvent très haute, soit il confirme les espoirs mis dans le groupe, soit il déçoit, mais jamais il ne laisse indifférent. Il n’empêche que c’est avec une certaine impatience que je me suis plongé dans cet album étrangement intitulé « This Is Not An Album », quoique pas si étrange que ça puisqu’il renferme les huit singles produit par Red Cloud sur l’année 2024, et marqué par une pochette d’une sobriété redoutable et efficace (pas de photos, juste le groupe et le titre).

Vu que le line up n’a pas bougé, je ne vais pas refaire un tour de table, mais plonger directement dans ce dernier qui attaque pied au plancher avec Naked Under My Breath marqué par des gros riffs de guitares et un son très blues-rock qui rappelle évidemment les références indiquées plus haut pour le plus grand plaisir de votre humble serviteur. La production est soignée et très pro et dès ce premier titre il est impossible de ne pas battre des pieds et de la tête. Ca swingue et ça rock comme il faut pour une sacrée entrée en matière. Avec The Pact c’est la voix de Roxane qui saute aux oreilles avec cette influence de Janis Joplin dont on dirait que cette dernière s’est réincarnée en elle. En plus elle est secondée par des chœurs bien trouvés car ils mettent en lumière son jeu et son timbre vocal. Deuxième titre et second coup de poing dans les gencives avec une petite mention spéciale au solo qui envoie du tonnerre (et je risque de répéter ceci plusieurs fois).

Avec Maybe I’m Wrong on retrouve ce qui fait le sel de Red Cloud à savoir des gros riffs de guitares efficaces, et cette voix éraillée qui illumine le morceau. Si à cela on rajoute encore un énorme solo de guitare, on ne peut conclure que, là aussi, Red Cloud trouve la bonne formule pour nous coucher. Sur Black Sunlight, le groupe va proposer un truc beaucoup plus planant dans un style très Rival Sons et ces images subliminales de désert californien. C’est une autre facette du groupe, maitrisée à la perfection, et qui nous prouve qu’ils en ont sous le sabot les bougres avec leurs riffs à l’ancienne façon légèrement seventies. Un morceau digne des plus grands groupes du style et l’un des meilleurs titres de cet opus, même si cela reste un avis purement personnel, donc une tuerie de morceau ! Ca enchaîne sur The Defects où l’on retrouve l’ambiance et le style blues rock qui donne un ensemble alliant une certaine modernité à l’ancienne. Le groupe ne baisse pas en régime et assure à tous les niveaux.

Si Fire est une chanson de Jimi Hendrix, Fire With Fire renvoie directement à ce génie dès l’intro exécuté à la pédale Wha Wha avec l’ombre de Jimi planant au-dessus d’eux. Après cette intro c’est le retour des riffs puissants pour un titre très heavy beaucoup plus tourné vers le hard rock. Et pourtant c’est encore une fois maitrisé à la perfection et jubilatoire. Une monstruosité qu’il faut absolument se mettre dans les cages à miel.

Changement de cap avec For Those Who Died Dancing pour un titre complètement différent puisqu’il s’agit d’une ballade guitare / voix épurée de tous les autres instruments. On retrouve la voix de Roxane au premier plan qui, encore une fois, montre toute l’étendue de sa palette vocale. Avec ce morceau c’est une plongée cinquante ans en arrière et, en l’espace de moins de trois minutes, ils nous embarquent dans leur univers. C’est surtout très bien vu de leur part puisqu’on y plonge tout entier.

Pour clôturer cet album Red Cloud propose Werewolf, titre complètement déjanté et décalé, tout comme le clip qui l’accompagne. C’est beaucoup plus speed et on y trouve presque des touches punk par moment, tout juste calmé par quelques effets de guitares. Une sorte de bouquet final pour clôturer ce This Is Not An Album de la plus belle des manières.

L’équipe d’Apdm avait fondé beaucoup d’espoirs avec Red Cloud lorsque ces derniers nous avaient présenté leur premier album Red Cloud. Ce second opus vient parachever leur œuvre en la sublimant tant ces huit titres font un bien fou. Le groupe peut fièrement bomber le torse et regarder tout le monde d’égal à égal, This Is Not An Album (quoique si c’en est un, et un très bon !) est une véritable pépite qu’il faut absolument écouter.

J’ai maintenant hâte de voir ce que le groupe peut faire sur scène, car s’il reste dans les mêmes standards, ça risque de tout faire péter.