Artiste/Groupe:

Rainbow

CD:

Memories In Rock II

Date de sortie:

Avril 2020

Label:

Minstrel Hall Music

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

BoteM

Note:

14/20

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Chroniquer un tel album est pour moi un exercice particulièrement difficile.
En effet, vouant une admiration sans bornes pour l’homme en noir, faire preuve d’objectivité est mission impossible me concernant. Mais bon, je vais tenter malgré tout de vous faire un retour le plus honnête possible.

De quoi allons-nous parler ici ? D’une reformation du légendaire arc-en-ciel ?
Non, en fait il s’agit d’une résurrection (éphémère ?) pour une série de concerts de ce groupe qui a tant fait pour le rock, révélant tout au long de son histoire des musiciens qui marqueront par la suite l’histoire de cette musique.

Musiciens qui valseront abondamment au gré des humeurs du maître de cérémonie…mais ça, on est habitué avec lui.
Vous avez l’habitude maintenant que j’entame souvent mes chroniques avec en préambule le contexte et l’historique du groupe ; ici, il est plus que nécessaire de l’évoquer pour bien comprendre de quoi on parle.

Sans trop rentrer dans les détails : 1993, Ritchie part avec perte et fracas du pourpre et réactive deux ans plus tard, avec de nouveaux musiciens, Rainbow. Cet album nommé Stranger In Us All, très réussi, laisse augurer de belles choses à venir, mettant entre autres en avant un hurleur qui officiait jusqu’ici en deuxième division dans le monde du hard rock. Hélas, cela restera l’ultime album de ce groupe légendaire.
Car le guitariste souhaite dorénavant se consacrer pleinement à d’autres styles musicaux, choses qu’il a toujours faites par le passé, avec les deux légendes que sont Deep Purple et Rainbow.
Mais là, il va jusqu’au bout de sa démarche en montant un projet avec sa très jeune dulcinée et en enregistrant un album, sans aucune promotion, de manière quasi confidentielle et qui en prendra plus d’un au dépourvu… moi le premier. Je me rappelle encore de ma réaction et surprise quand, au hasard de mes visites chez le dealer du coin, je tombe sur ce disque avec sa pochette improbable… mais c’est quoi, ce truc ?
Ce truc est en fait un album de musique médiévale façon Blackmore, avec pour chanteuse sa belle et jeune compagne, avec une voix et un chant pas désagréables du tout.
Le BoteM tombe littéralement sous le charme (passé la surprise) de cette musique interprétée magistralement par le maître. Nous sommes en 1997, deux ans plus tard, lorsque, suite aux retours particulièrement positifs de son public, le duo récidive avec un second album, tout aussi réjouissant et innovant.
Réglé comme une montre suisse, il sort un troisième album en 2001, suivi peu de temps après par un premier live, qui finalise de crédibiliser le projet.
Tout y est, décor, costume, etc.… Ritchie est à fond dans son trip et semble avoir définitivement laissé la Strato dans son étui… le public, lui, le suit en se rendant nombreux aux concerts, le plus souvent dans des châteaux, en tenue d’époque eux aussi… Bref, c’est l’union sacrée.

Oui, mais vingt-quatre ans après, onze albums et trois Lives, le public fidèle commence à s’impatienter et à attendre que le guitariste fasse chauffer à nouveau l’ampli, d’autant que durant sa période troubadouresque, la Strato fait de timides apparitions, excitant encore plus les fans… moi en tête de liste. Il faut bien reconnaître que depuis quelques albums, ça tourne en rond, et qu’il serait bien que la plaisanterie prenne fin… hein Ritchie !?
D’autant plus rageant que Jon Lord, encore de ce monde, lui souffle l’idée de relancer le Deep MKIII ; oui, vous avez bien lu… réactiver la formation avec Coverdale et Hughes qui sont carrément partants… quand je pense à côté de quoi on est passé !
Projet capoté par la belle maman de notre virtuose de la guitare, car c’est elle qui gère la carrière dorénavant de l’irascible musicien.
Pour information et l’anecdote, Coverdale, lassé d’attendre, aura l’idée d’enregistrer son album de covers du MKIII avec Whitesnake.

Puis viennent des rumeurs plus ou moins fondées de reformation du Rainbow, confirmées par Joe Lynn Turner, qui en profite lourdement pour bien faire passer le message qu’il se tient prêt à tout moment. Blackmore, lui, ne confirme ni infirme, laissant planer le doute.
La réalité est qu’il en a furieusement envie, mais belle maman a dit non ; et quand belle maman dit non, ben c’est non ! Les années passant, plus personne n’y croit trop, au grand désespoir des fans du guitariste, et devinez qui en tête.

Turner, lui, continue lourdement de se rappeler au bon souvenir de son ancien maître, laissant même à penser que le projet est acté, avec lui bien entendu en tant que chanteur. Sauf que… début 2016, la rumeur revient, et que de rumeur, cela est devenu une info quasi officielle. Sont annoncés deux concerts en juin en Allemagne et un troisième en Angleterre.
La chronique de ce jour concerne un concert donné en juin 2017, soit un an après ; mais arrêtons-nous brièvement sur les trois premiers, l’année précédente, donc.

Cette toute nouvelle reformation en surprend plus d’un, car aucun des anciens, toutes époques confondues, ne fait partie de la fête.
David Keith aux baguettes, qui officie déjà au sein de Blackmore’s Night, idem pour le bassiste au doux nom de Bob Nouveau.
En revanche, on trouve aux claviers l’excellent Jen Johansson, Suédois au palmarès long comme le bras.
Et au micro, le Chilien Ronnie Romero qui officie au sein de Lords Of Black, groupe de metal espagnol.
Passé la surprise de cette formation (et déception ?), il ne reste plus qu’à attendre le résultat.

Celui-ci se fera entendre le 17 juin 2016 en Allemagne comme précisé plus haut. Disons-le de suite, même si l’enthousiasme et la joie du public sont bien réels (pensez donc, Ritchie qui rebranche l’ampli, plus personne n’y croyait), le niveau n’y est pas. Manque de niveau des musiciens ? Jens, le seul qui peut se targuer d’un sacré bagage, est mis en retrait ; le batteur, avec son kit d’amateur, fait regretter avec perte et fracas tous ses prédécesseurs, pour ma part, et, en opposition avec la plupart, je trouve que le bassiste, compagnon de route depuis fort longtemps de Ritchie, assure plutôt bien ; je n’en dirais pas autant de sa tenue de scène, pour le moins… déroutante.

Enfin, la bonne surprise provient du chanteur, certes, il n’a pas l’aura ni la puissance d’un autre Ronnie, mais le gars assure sévère je trouve, plaçant même lors de Man On The Silver Mountain un hommage émouvant au lutin disparu… classe.
Le répertoire joué en a agacé quelques-uns, effectivement des titres de Deep Purple font partie de la soirée.


J’avoue ne pas bien comprendre : le Deep ou Rainbow, cela reste le retour de notre héros, non ? Mais à l’issue de ce premier concert, on ne peut, hélas, que constater que tout cela est bien bancal. Manque de niveau, de préparation ? Un peu des deux, je pense, et surtout, il faut se rendre à l’évidence, Ritchie n’est plus tout jeune et cela se ressent cruellement. Du reste, Ritchie lui-même reconnaîtra que la préparation a été bâclée et que ce soir-là, il n’a pas été à la hauteur. Mea culpa sincère ? La folie, la magie, la fougue, l’inspiration, la puissance, etc.…n’y sont plus. Bien sûr, les vingt dernières années à jouer le troubadour ont ankylosé le guitariste, ajoutez à cela une sévère arthrite des doigts que le musicien ne cache pas.

Les choses s’arrangent un peu, quelques jours plus tard, lors du concert à Birmingham : les musiciens sont mieux en place et cela s’entend, ça rassure un peu. En revanche, d’évidence, Blackmore n’a plus la dextérité d’antan.
Près d’un an plus tard arrive le concert de juin 2017 en Angleterre, objet de cette chronique.
L’impréparation n’est plus de mise, ont-ils rehaussé le niveau ?


Oui cela n’est pas contestable, bien sûr on aimerait toujours plus de place aux claviers, le musicien en étant tout à fait capable. Évidemment, David Keith ne fera jamais oublier un Cozy Powell ou même Bob Rondinelli, mais il a rehaussé son jeu. Le bassiste s’est bonifié, mais pas ses tenues. Enfin, Romero confirme son talent et le bougre ne ménage pas ces efforts pour mettre de la vie et de la puissance à l’ensemble. Finalement, la vraie révélation de cette nouvelle formation c’est bien lui. Ritchie, quant à lui, entérine et confirme qu’il ne sera plus le guitariste flamboyant qu’il l’a été.
Au final, nous avons là, un double live, plus abouti que l’année précédente, plus copieux aussi, avec toujours des titres de Deep Purple (merci Ritchie de ne pas avoir cédé aux critiques acerbes) avec un très bon son, et somme toute, quoi qu’en disent beaucoup, de qualité… même si pas à la hauteur de ce à quoi on pouvait s’attendre.
Les commentaires quant à cette résurrection ont été acerbes, sans aucune pitié pour l’homme en noir, l’accusant même d’avoir fait un coup marketing pour relancer son Blackmore’s Night et empocher un gros paquet de dollars au passage.
Possible, oui, effectivement on peut le voir ainsi et s’arrêter là.
Ou alors, tout comme moi, savourez ce retour, qui bien que non exempt de défauts voire, disons-le, décevant, nous aura permis une dernière fois (je redoute, au vu de l’âge de Ritchie) d’entendre encore une fois la Strato chauffer, et tant pis si en sous-régime… moi je prends, c’était tellement inespéré.
Et comme chantait je ne sais plus qui… LONG LIVE ROCK’N’ROLL!!!

Tracklist de Memories In Rock II :

CD 1

01. Over The Rainbow
02. Spotlight Kid
03. I Surrender
04. Mistreated
05. Since You’ve Been Gone
06. Man On The Silver Mountain / Woman From Tokyo
07. 16th Century Greensleeves
08. Soldier Of Fortune
09. Perfect Strangers
10. Difficult To Cure
11. All Night Long
12. Child In Time

CD 2

01. Stargazer
02. Long Live Rock ’N’ Roll / Lazy
03. Catch The Rainbow
04. Black Night
05. Carry On Jon
06. Temple Of The King
07. Smoke On The Water
08. Waiting For A Sign (Bonus)

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