Il y a des fois où l’on se demande comment l’on a pu passer à
côté de certains groupes, et je me demande comment Primal Age, né
aux débuts des années 90, ayant tout de même cinq albums/Eps à son compteur,
engagé et militant, a pu passer sous mon écran radar. Il aura fallu attendre un soir de
septembre 2019 et le festival Vars Attack pour avoir le plaisir de les découvrir. Merci à Fredo, au
passage. Bref, retour aux affaires pour les coreux de Primal Age avec Masked
Enemy. La pochette est tout aussi explicite que le titre de l’album, ou encore que les
thématiques abordées tout au long des onze titres qui le composent. Il est clair que le
quintet n’a rien perdu de sa rage et sa verve afin de continuer son bonhomme de chemin militant.
La conscientisation de l’impact de l’homme sur la nature et les droits des animaux sont
depuis la création les thèmes de prédilection du groupe. Il prône
également les valeurs du collectif face aux dangers de l’individualiste qui met à
mal la véritable notion de société.
Et cela se confirme avec l’intro basée sur le discours de Sven Suzuki une jeune brésilienne, qui en
1992, a signalé devant l'ONU les problèmes liés à la situation écologique. Trente ans plus tard la
situation n'a quasiment pas évoluée surtout au Brésil... Intro qui s’enchaîne avec le titre
Wise Old Man. Ce démarrage, assez progressif, débute en douceur avec un
arpège aérien, un premier riff dans la veine metal bien soutenu par la double
pédale ; s’ensuit un riff totalement dans la veine hardcore puis un bref passage par le
Death, blast inclus ! Vous l’aurez compris, Primal Age ne se contente pas de
poser une recette basique et standard du Hardcore. Le groupe maîtrise ses racines, proche du Metal
et du Punk-Hardcore mais va jusqu’à flirter avec le Death sans oublier le passage par le
thrash. Masked Enemy est un album qui fait dans la diversité tout en restant
cohérent.
Je pense que l’arrivée de Miguel derrière les fûts
n’est pas totalement anodine à cette direction artistique. Ce batteur a un panel de jeu qui
permet au groupe d’envisager des pistes peut-être moins évidentes
qu’auparavant. Pour le reste du groupe, statu quo, on retrouve Benoît et
Florian aux guitares, Dimitri à la basse et
Didier derrière le micro.
Le
groupe aborde donc un panel de genres assez large, tout en gardant sa base Hardcore. The Devil Is
Hidden In Shadow ou encore I Warn You sont proches du Hardcore. On y retrouve des
chœurs typiques du style, mais dans les compostions il y a toujours une pointe de Metal et
globalement le groupe me fait penser à Walls Of Jerichodans sa manière d’aborder
sa musique, avec des mosh-parts moins prononcées que chez les Américains. Eh oui,
contrairement aux classiques du genre, Primal Age est un enfant du punk et du thrash.
Il suffit de prendre le très Slayeresque (version Undisputed Attitude)
Who Dares Win ou encore Blinded By Cruelty pour comprendre que les Californiens sont
une de leurs influences majeures. Ils avaient d’ailleurs rendu un hommage à M.
Hanneman avec le titre To Jeff, sous forme d’un medley de quelques riffs de Slayer. Malgré l’interlude The Downside Of
Progress et l’outro Awakening Of Consciousness, deux titres à la guitare
sèche, sur l’ensemble de l’album ça joue vite et fort.
Primal Age propose un album en Core, en cœur et avec
du corps. Il possède la rage de Hardcore et surtout le sens du propos qui va avec. Ici, pas de
gaudriole, c’est le cœur et les tripes qui parlent. Un album solide pour des propos
sérieux, une réussite en somme.
Tracklist de Masked Enemy :
01. Intro-
Wise Old Man 02. The Devil Is Hidden In Shadow 03. Adolescent
Humanity 04. The Two Heads Monster 05. Masked Enemy 06. I
Warn You 07. The Downside Of Progress (interlude) 08. Who Dares
Wins 09. Passion VS Fashion 10. Blinded By Cruelty 11.
Awakening Of Consciousness (outro)