Artiste/Groupe:

Persuader

CD:

Necromancy

Date de sortie:

Décembre 2020

Label:

Frontiers Music

Style:

Power Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14/20

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Persuader. Voilà un nom qui nous renvoit vingt ans en arrière, quand le combo suédois nous offrit son premier album intitulé The Hunter. Depuis, des sorties plutôt discrètes et franchement espacées... il suffit de regarder les années des trois dernières productions : mai 2006 pour When Eden Burns (troisième album), janvier 2014 pour The Fiction Maze... et ce n'est qu'en cette fin 2020 qu'arrive le tout nouveau Necromancy. Cinq albums en vingt ans d'existence, autant dire que le fan du groupe a dû développer des trésors de patience depuis tout ce temps. Au menu du jour : continuité et changements. Continuité : on retrouve Jens Carlsson (chant) et Efraim Juntunen (batterie), présents depuis les débuts du groupe, ainsi que le guitariste Emil Norberg (arrivé sur le deuxième effort, Evolution Purgatory). Le style musical : toujours du power metal rapide et énervé qui évoque un croisement entre Blind Guardian et Manticora. Changements : un nouveau guitariste, Fredrik Mannberg (Nocturnal Rites), les Suédois ont signé chez le label italien Frontiers Music et on note moins de pistes qu'à l'accoutumée, sept compos seulement, mais qui sont plus longuement développées puisque la plupart tournent autour des six minutes (il y en a même une de huit minute trente).

Ce que j'aime dans le power de Persuader c'est qu'il penche clairement du côté obscur de la force. C'est d'ailleurs encore plus flagrant sur cette nouvelle offrande. Pas de refrains "fête de la bière" ici, pas de happy metal, surtout pas de ballades. C'est sombre, agressif (mais mélodique) et rapide ! La jaquette (que je trouve très belle dans son genre) illustre pour le coup assez bien le propos. Clairement, l'un des meilleurs atouts de Persuader réside dans son énergie. Et cela apparait dès le très bon démarrage intitulé The Curse Unbound. C'est speed, conquérant, avec de très chouettes leads de guitare, un riffing bien thrashy sur les bords, ça tabasse et le refrain très mélodique est top. Le moment du solo de guitare est à l'avenant, très bien écrit. En deux mots : ça envoie ! Le tempo effréné, les influences speed/thrash et la voix de Carlsson (soutenue par des chœurs sur le refrain) renvoient au Blind Guardian des débuts, quand les Allemands en question faisaient dans le rageur mais avec une touche plus dark et moderne. En plus, sur les morceaux suivants, le propos s'assombrira davantage en incluant des influences plus extrêmes (avec riffs méchants, batterie très énervée) et notamment quelques pincées de gutturalité dans certaines vocalises. Tout cela est plutôt fait pour me plaire... mais... il y a un mais. 

Il y a heureusement de très bonnes choses à se mettre sous la dent par la suite, d'autres morceaux dans la lignée qualitative de The Curse Unbound notamment. J'aime beaucoup Raise The Dead avec son ambiance de film fantastique que l'on doit entre autres à des claviers qui ne feraient pas tâche chez King Diamond. Le refrain est accrocheur et la hargne toujours de la partie (il y a même de brèves parties de blast beats qui vont bien). Parmi les réussites, je retiendrai également The Infernal Fires qui clôt l'aventure. Il se démarque de par sa durée (plus de huit minutes), son intro faite de guitares sèches, son aspect plus progressif et épique... sans que la niaque et l'obscurité déjà observées avant ne soient oubliées. Mais revenons-en à mon "mais" annoncé plus haut. Le souci (principal) est le suivant : au bout de trois ou quatre pistes, je ne sais plus très bien quel morceau je suis en train d'écouter. Les compos sont plutôt bonnes mais ont tendance à se ressembler et finissent par constituer un ensemble trop homogène dont on ne distingue pas tous les éléments. Au début, je me suis dit que c'était l'effet "première écoute" et qu'il allait se dissiper au bout de quelques jours. Mais non, malgré ma persistance, ce problème demeure. Il y a des pistes qui passent très bien sur le moment mais à la fin du disque, je ne saurais pas vraiment les identifier tant elles se fondent dans la masse et n'ont pas le petit plus (un riff ou un refrain qui tue) qui fait la différence.

Au final, je vois plusieurs raisons de se réjouir de ce Necromancy. L'album, bien qu'imparfait, est solide. Il a des qualités indéniables. Persuader (groupe pour lequel j'ai toujours conservé une certaine affection) est toujours vivant et c'est une bonne nouvelle en soi. Quand les conditions le permettront, j'adorerais voir ces messieurs sur scène. J'espère aussi que ce cinquième opus sera suivi d'autres propositions (et dans un délai raisonnable cette fois-ci)... Mais Necromancy, malgré la force qu'il dégage, laisse cette impression de "peut mieux faire" et, sans aller jusqu'à le qualifier de grosse déception, je regrette qu'il ne soit pas plus marquant que cela. Avec un peu plus d'inspiration, de variété, de surprises ou de mélodies mémorables, on aurait tenu l'un des meilleurs disques de l'année. En l'état, il reste très sympa mais ça ne va pas plus loin. Cela dit, il a tout de même ce petit truc qui me donne envie d'y revenir... je sens que je n'en ai pas totalement terminé avec lui.

Tracklist de Necromancy :

01. The Curse Unbound
02. Scars
03. Raise The Dead
04. Reign In Darkness
05. Hells Command
06. Gateways
07. The Infernal Fires

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