Qui d’entre nous n’a jamais eu à souffrir l’imminence d’un dégorgement, à la lecture du nom d’une formation œuvrant dans le Grindcore, tant leur inclinaison à la salacité de compétition ne cessera de surprendre ? Mais ne paniquez pas, Perihelion n’est pas de ceux-là, puisque le « perihelion » est le point de l’orbite, d’une planète ou d’une comète, qui se trouve le plus près du soleil. Nous voilà rassuré. Et légèrement plus instruits.
Côté musique, le combo hongrois nous sert une mixture d’atmosphérique, rehaussée d’influences black (très édulcorées) et folk, en une sorte de Sólstafir qui aurait légèrement musclé son approche.
Légèrement, car si les titres sont dans l’ensemble plus énergiques que ceux de leurs compères islandais, Perihelion garde un son très aéré et la vitesse des riffs n’est accompagnée d’aucune lourdeur. Le jeu de la guitare confine bien souvent au shoegaze, et tisse en arrière-plan ses lignes aux mélodies linéaires, entêtantes, et aménage ainsi une zone d’expression confortable au chant, véritable moteur de la musique du groupe. La voix qui nous parvient, bien que s’inscrivant dans un registre assez restreint, frappe par son expressivité. Elle jaillit parfois torturée, à l’instar du final d’Égrengető, en un hurlement insoumis et borborygmatique, pour se faire à d’autres instants mélancolique, en attestent ses premières apparitions sur Űzött. Le chant navigue le plus souvent entre ces deux pôles, qu’il n’atteint qu’en de rares occurrences.
Le son, le jeu de la guitare et de la voix permettent l’instauration de cette musique des grands espaces, « folk » en ce qu’elle semble figurer des paysages sauvages, gigantesques, purs. Il s’agit bien de la force première de Perihelion ; cette incitation au voyage qui s’annonce rude, eu égard à la rugosité régulière de la voix, trouve sur son chemin deux originalités : Égrengető et Űzött, les deux titres les moins enlevés de l’album, et aussi les moins représentatifs de la musique qui y est proposée. Tout en atmosphères, laissant une place prépondérante à la basse pour le premier, elle révèle également l’importance du jeu de la batterie qui paraît, sur cet album, assumer seule la variation des compositions. Car les lignes mélodiques vocales ainsi que le jeu de la guitare se répètent assez fortement, et les titres sont cours ; aux rythmiques est donc dévolu le soin de distinguer les titres les uns des autres, exception faite des deux morceaux cités précédemment, aux identités très marquées. Ainsi, des cymbales éparses permettent le déclenchement d’une section paisible, ou un roulement de caisse claire intensifie une montée en puissance que peine à instaurer la guitare seule. Et l’on touche alors à une limite de Zeng : il ne semble pas s’armer du mieux qu’il peut. La musique développée se focalise sur les atmosphères, qui se sentent comme à l’étroit dans ces titres courts (quatre minutes trente de moyenne environ), où l’opportunité d’évoluer ne se présente jamais.
Plus troublant encore, quelques lignes mélodiques à la guitare parsèment l’album mais restent bien souvent sous-exploitées, à l’image de leur apparition en clôture de titre, sur Végtelen Kék et Vég Se Hozza El. Le regret s’alourdit à l’écoute de la section géniale qui apparaît après deux minutes sur Széthulló színek. Le plaisir aurait été grand de retrouver cet élan plus régulièrement sur Zeng.
Le voyage se clôt suite à trente-quatre maigres minutes d’écoute, non sans nous avoir bousculé en terres indomptées. Discret, un goût d’inachevé persiste, et il ne s’enfuira pas. Pour autant, Zeng mérite véritablement qu’on y accorde notre attention, et notre temps.
Tracklist de Zeng :
01. Tündöklés
02. Vég se hozza el
03. Felemészt a tér
04. Végtelen kék
05. Égrengető
06. Űzött
07. Hajad szél
08. Széthulló színek
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