Artiste/Groupe:

Pennywise

CD:

Straight Ahead

Date de sortie:

1999

Label:

Epitaph

Style:

Hardcore Mélodique

Chroniqueur:

ced12

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Si la scène grunge reste celle qui a eu le plus de succès (et donc le plus marqué un public plus large), le début des 90’s reste aussi marqué par l’avènement de la scène hardcore mélodique, autrement nommé skate-punk (ou punk à roulettes parfois en langue de Molière dans le texte). Le décalage entre ces deux courants musicaux est d’ordre géographique, la scène skate-punk ayant éclos sous le soleil californien quand le grunge a émergé de la pénombre du Nord-Ouest américain et la fameuse ville de Seattle, rare localité à être tant associée à une scène musicale (avec l’inoubliable Göteborg bien sûr, mais ce sera un peu plus tard). Si les Green Day et The Offspring ont connu un succès délirant et ont clairement basculé chez les formations référentielles mainstream, les Bad Religion, NOFX et autre Lagwagon ont certes connu une réelle popularité mais on ne me reprochera pas de la qualifier de bien moindre. Parmi les groupes de fait moins connus de la scène skate-punk, Pennywise est probablement le meilleur. Avis subjectif bien sûr, donc difficile à argumenter mais je persiste et signe, ce groupe incarne une forme d’aboutissement de ce style musical et ce Straight Ahead est pour moi LE disque référentiel, le premier à écouter, la porte d’entrée pour quiconque veut découvrir le style. 

Je vais tout de même tenter d’étayer un peu mon propos, c’est tout de même préférable. Déjà, Pennywise, c’est le nom le plus cool du lot (et toutes ces formations ont des patronymes plutôt sympas au passage). Pour rappel, Pennywise, c’est le méchant clown du terrifiant livre de Stephen King Ça remis au goût du jour récemment avec une nouvelle version modernisée pour l’occasion surfant sur le succès d’un Stranger Things et d’un revival 80’s. Un nom bien classe, donc.
Second point : l’artwork. Elégant, et représentatif du style avec cet aspect comic renvoyant à la légèreté du style mais sous-entendant aussi la vitesse, l’énergie inhérentes au punk.
Troisième point : c’est une sortie Epitaph. Aujourd’hui, cette dernière information impressionne moins, mais à l’époque c’était synonyme de très grande qualité. Musicalement maintenant, eh bien il suffit d’écouter ce Straight Ahead, pierre angulaire du groupe, pour être immédiatement capté. Greed place d’emblée l’auditeur dans d’excellentes dispositions et le décor est planté. On visualise un skate-park, des skaters en tenue extra-large, des palmiers, le tout inondé d’une lumière comme seul les régions ensoleillées sont capables d’offrir. 

On ressent immédiatement cette fraîcheur dans le son, une vraie légèreté. Les ambiances oppressantes grunge ou étouffantes à la Korn sont loin (et pourtant pas tant que ça dans le cas de Korn, ces derniers étant de l’arrière-pays californien). C’est le cinquième disque de Pennywise et le groupe est alors en pleine maîtrise de son sujet. Le rendu est cool, symbole d’une époque plus insouciante en dépit de messages assez contestataires (on reste dans une veine punk même si on est loin d’un punk énervé) mais sans que soit anxiogène ni puissamment revendicatif. On ne s’étonnera d’ailleurs pas de voir certains groupes de ce style aller taquiner du reggae (Burning Heads). My Own Country et son riff de guitare génial est totalement addictive, la six-cordes de Fletcher Dragge étant en totale harmonie avec les excellents vocaux de Jim Lindberg, ce dernier œuvrant dans un registre vocal typique. Dix-sept pistes, la plupart ne dépassant pas les trois minutes , le registre est ultra efficace, concis. Truffés de refrains ultra fédérateurs, de très bons riffs aussi basiques qu’addictifs, le tout sur des rythmiques punk impeccablement tenues, Pennywise offre ici une synthèse du genre. Certes, nous sommes dans les 90’s et le disque est rempli à ras-bord (presque cinquante minutes, inconcevable aujourd’hui). Que de pépites ici présentes. La quintessence du skate-punk où l’aspect mélodique est un pur régal, apporte un réel plus. Dans le même modèle, les frenchies de Burning Heads feront aussi très fort avec Be One With The Flames.

Sorti en 1999, ce Straight Ahead n’a eu que le « tort » d’arriver trop tardivement alors que le succès de la scène skate-punk déclinait, musique par essence assez adolescente. La pop-punk en version Sum 41 prendra le relais avec talent et là encore une certaine fraîcheur. Les grandes heures étaient déjà derrière, le public avait commencé à aller voir ailleurs. Pour autant, ce chef-d’œuvre tardif de skate-punk est incontournable. Plus underground que Green Day et The Offspring mais moins formaté radio, Pennywise est un grand groupe trop méconnu. Les Californiens continuent leur bonhomme de chemin mais cela reste plus confidentiel et leurs sorties plus récentes ont un côté presque anachronique tant le style paraît aujourd’hui daté. Point grave, ainsi va la vie et les cycles musicaux reflétant leur époque. Reste ce Straight Ahead joyau intemporel d’une scène moins connue mais qui aura marqué une génération d’adolescents. 

 

Tracklist de Straight Ahead :

01. Greed
02. My Own Country
03. Can(t Believe It
04. Victim Of reality
05. Might Be A Dream
06. Still Can Be Great
07. Straight Ahead
08. My Own Way
09. One Voice
10. Alien
11. Watch Me As I Fall
12. Just For You
13. Can’t Take Anymore
14. American Dream
15. Need More
16. Never Know
17. Badge Of Pride

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