Paradox

Artiste/Groupe

Paradox

CD

Tales Of The Weird

Date de sortie

Décembre 2012

Label

AFM Records

Style

Thrash Metal

Chroniqueur

Blaster of Muppets

Note Blaster of Muppets

16/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Alors que la sphère thrash reste dominée par des ténors comme Metallica, Megadeth, Slayer et quelques autres qui ont créé ou popularisé le genre dans les années 80, certaines formations particulièrement compétentes évoluent dans l'ombre des grands et proposent des albums que le fan de ce courant musical ne saurait laisser passer. Mais pour cela, il faudrait déjà les connaître. Connaissez-vous tous Paradox ? Non. Et pourtant, s'il y a un combo, au sein de ce club des seconds couteaux, qui s'est particulièrement distingué grâce à d'excellentes sorties ces dernières années, c'est bien lui. Tales Of The Weird n'est que le sixième album du groupe, malgré un début de carrière remontant à 1987. Deux albums (Product Of Imagination et Heresy) virent le jour à la fin des années 80, puis Paradox disparut de la circulation jusqu'à sa résurrection en 2000 avec l'honorable Collision Course. Les ennuis de santé et divers soucis personnels du leader Charly Steinhauer occasionnèrent une autre pause (heureusement plus courte que la première) et 2008 fut l'occasion du grand retour avec l'excellent Electrify. Un peu moins de deux ans plus tard, le très réussi Riot Squad confirma la grande forme des Allemands, et c'est aujourd'hui, après trois années d'attente, que nous arrive ce Tales Of The Weird au visuel (signé Claudio Bergamin) plus qu'alléchant. Ce sixième opus fait-il honneur à son géniteur et s'inscrit-il dans la lignée des oeuvres précédentes de Paradox ? Faisons court et disons tout simplement : oui ! 
Maintenant, par respect pour ceux qui désirent en savoir plus, je vais quand même développer un peu.

Pour commencer, voici quelques précisions sur le style abordé par le quatuor teuton. Ne vous fiez pas la nationalité de Paradox car son thrash se rapproche plus de celui pratiqué par des Américains tels que Metallica, Testament ou Annihilator (oui oui, je sais que Jeff Waters est canadien) que d'un thrash allemand servi par Kreator ou Sodom, pour ne citer qu'eux. Charly et ses amis aiment leur metal rapide et incisif mais ils ne laissent pas la mélodie ou les ambiances au second plan. D'ailleurs, en parlant d'ambiance, ce nouveau disque débute avec une nuit orageuse, sur laquelle une guitare sèche vient poser sa mélodie légèrement inquiétante alors que le tonnerre gronde et qu'un loup hurle dans le lointain (on pense forcément à Testament et son album The New Order). Une intro pas très festive donc, mais prenante... Et la suite de la chanson titre ne déçoit pas. Voilà une compo (de neuf minutes) puissante, épique et joliment travaillée. L'aspect thrash old-school cher au groupe est toujours là et, comme sur les albums précédents, ne sonne absolument pas désuet. La production est de qualité, le son est un peu moins massif que sur Riot Squad mais reste puissant et équilibré (la basse, instrument qui a souvent tendance à passer inaperçu, est ici bien audible). 

Je l'avoue, quand j'écoute du thrash, j'aime que ça aille vite. Inutile de s'en cacher, ce n'est pas une tare, n'est-ce pas ? C'est sans doute une des raisons pour lesquelles j'aime tant Paradox. Tales Of The Weird, comme ses prédecesseurs, est speed. Et j'adore ça. Day Of Judgement est sèche et nerveuse. La double grosse caisse soutient un riff bien thrashy comme on les aime, c'est direct, c'est puissant... c'est bon ! Et vous pensez que la troisième piste va calmer le jeu ? Avec un titre comme Brutalized ? Vous n'êtes pas sérieux. Saluons au passage l'excellent travail fourni pas les guitaristes Charly Steinhauer et (le nouveau venu) Christian Münzner. L'art du riff tranchant est bel et bien maîtrisé, et des soli aussi agiles que mélodiques parsèment les nouvelles compos. Le jeu est globalement technique mais pas rébarbatif, la puissance et l'efficacité sont de la partie... Mais tout cela ne veut pas dire que Tales Of The Weird est parfait. Quelques efforts pour casser une sorte de linéarité potentiellement préjudiciable à cette galette sont faits - comme le fait d'inclure un joli instrumental mélancolique et dominé par la guitare sèche (le très réussi Zeitgeist) ou une reprise de Rainbow, A Light In The Black, sur laquelle le claviériste Bob Katsionis (Firewind, Outloud) est venu prêter main forte aux Allemands - mais on n'échappe pas totalement à une grande homogénéité qui lassera peut-être certains auditeurs. Le chant (pas désagréable) de Charly n'est pas très diversifié non plus et confère une certaine monotonie à l'ensemble. Et enfin, tout cela est aussi un peu froid et mécanique. Cela dit, cet opus a beau ne pas être le plus varié de la planète, il n'en est pas moins emprunt de morceaux sacrément bien ficelés. Ni la sombre et percutante Slashdead (avec son clavier inquiétant et un riff que n'aurait pas renié Jeff Waters), ni la décoiffante The Downward Spiral ne viendront contredire ce constat. 

Paradox nous offre donc, encore une fois, un album fort réussi, sombre et classe, mélodique, véloce et impeccablement exécuté. La recette n'est pas nouvelle mais elle est appliquée avec soin. Du coup, malgré les quelques imperfections mentionnées plus haut, Tales Of The Weird s'avère réjouissant et marque des points d'écoute en écoute. Du beau travail et un opus plus convaincant et jubilatoire que certaines livraisons récentes de groupes au demeurant plus prestigieux (comme Megadeth ou Anthrax). Monsieur le Père Noël, voilà un disque que les fans de thrash se réjouiront de trouver au pied de leur sapin le 25 décembre prochain, merci pour eux.

 

Tracklist de Tales Of The Weird :

01. Tales Of The Weird
02. Day Of Judgement
03. Brutalized
04. Fragile Alliance
05. Escalation
06. Brainwashed
07. Slashdead
08. Zeitgeist
09. The Downward Spiral
10. A Light In The Black
(Rainbow cover)

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