Artiste/Groupe:

Paradise Lost

CD:

Host

Date de sortie:

1999

Label:

EMI

Style:

Metal Gothique

Chroniqueur:

ced12

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Tout juste âgés de vingt-quatre ans, les musiciens de Paradise Lost venaient de sortir avec Draconian Times un album majeur de la décennie 90. Truffé de quelques pépites, ce disque venait confirmer un début de carrière remarquable au service d’un metal gothique alors plus populaire. L’époque était aux évolutions artistiques majeurs, au début de la décennie, Metallica ayant décroché le jackpot avec son fameux Black Album. Dans d’autres registres, d’autres groupes feront de sacrées évolutions où on pense à un Radiohead dans un registre plus pop. Paradise Lost allait sérieusement s’éloigner du Metal avec un One Second de haute qualité mais bien différent. Immenses titres (One Second, Say Just Words), mais déjà un premier biais avec leurs fans des débuts. La très bonne tenue de ce disque avait offert de très bons retours. 

Avec Host, Paradise Lost allait pousser les curseurs encore plus loin. Ce disque n’est tout simplement pas metal et se rapproche d’un Depeche Mode. Car oui, si les sonorités metal ont disparu, les guitares notamment, l’esprit gothique est toujours bien présent. Le chant de Nick Holmes, qui ne growle plus, sonne toutefois bien dark mais on peut comprendre le dépit des fans des débuts. Car il faut une bonne ouverture d’esprit pour profiter de ce Host. Rien d’insurmontable en soi (’faut pas exagérer !) mais il faut accepter que son groupe chouchou fasse quelque chose de totalement différent. Difficile de savoir si c’est ce nouveau registre qui provoquera le départ de Lee Morris quelques années après, mais clairement ces boucles électro subtiles n’avaient pas dû l’enthousiasmer outre mesure.

Reste que passé ces évolutions majeures, il reste un disque d’une remarquable d’élégance porté par de superbes sonorités. L’atmosphère reste sombre mais il se dégage une luminosité dans ce Host. C’est très bien fait, c’est apaisant et la voix grave de Nick Holmes sied bien au propos. Les quatre premières pistes sont très impressionnantes, tubesques même si moins percutantes qu’un Say Just Words. Il n’y a même plus de dimension rock. Depeche Mode n’a jamais été ma tasse de thé (allez si le tube Enjoy The Silence mais c’est bien tout) mais comment résister ici à un So Much Is Lost ? Un Ordinary Days et ses très belles mélodies vocales ? Nothing Sacred ? Magistrale. Sincèrement c’est remarquable et mérite une réelle écoute attentive.

Cependant, on ne peut que comprendre la difficulté à l’époque de se pencher réellement au vu des antécédents du groupe. Cela aurait presque justifié de changer le nom de la formation tant l’évolution était importante. On se demande même rétrospectivement comment le groupe s’en est sorti en termes de set-list car passer d’un True Belief à un So Much Is Lost relève du grand écart ! Typiquement un disque qui n’a pas eu sa chance. Comme en plus, le mix n’avait pas semblé satisfaire le groupe à l’époque, cela n’avait pas aidé. Le groupe ira ensuite toujours plus loin avec Believe In Nothing (2001) dont certains médias metal n’avaient pas hésité à dire que ce disque, non dénué d’atouts, n’avait plus sa place dans un magazine metal. Il faudra attendre Symbol Of Life (2002) qui verra le groupe délaisser cette synthwave classieuse et progressivement, plus tard aidé par les projets Bloodbath et Vallenfyre, pour que Paradise Lost n’en revienne progressivement à ses premières amours, là encore avec talent. Climax d’une période qui les avait vus s’éloigner du Metal générant de réelles incompréhensions avec une frange de son public, Host est un très bon disque, injustement mésestimé mais là encore, difficile de reprocher à qui que ce soit de n’avoir pas adhéré tant le contexte n’était pas simple. Surtout que le metal gothique, en bonne forme dans les 90’s, allait lentement décliner pour aujourd’hui ne plus guère peser. Immense groupe, doué mais souvent difficile à suivre, les Anglais à l’humour caustique (et remarquable) restent originaux et occupent une place à part. Quand certains les voyaient aller tutoyer les géants et devenir un groupe dominant (à l’époque, ils avaient des unes de magazines !), le groupe a choisi sa propre voie. Respectable. Et estimable.  

Tracklist de Host :

01. So Much Is Lost
02. Nothing Sacred
03. In All Honesty
04. Harbour
05. Ordinary Days
06. It’s Too Late
07. Permanent Solution
08. Behind The Grey
09. Wreck
10. Made The Same
11. Deep
12. Year Of Summer
13. Host

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