Electron libre au parcours original, Ola Englund s’est fait une bonne réputation dans la scène Metal. Déjà, de par son passage chez Six Feet Under (2013) (le groupe, pas la bouleversante série HBO) mais plus encore par sa présence dans des groupes réputés que sont Feared et The Haunted où son talent de compositeur fait merveille. Au-delà de son implication dans ces formations, Ola Englund est aussi connu pour ses vidéos Youtube, très appréciées par un public de guitaristes en herbe à tendance geek ou encore pour sa marque de guitare Solar Guitars. Très occupé, le Suédois aime également proposer de la musique sous son nom propre ce qui fait sens tant la musique qu’il produit par ce biais est différente. Point de thrashocore à la sauce suédoise comme dans The Haunted ou encore de « death qui va bien » joué dans Feared, le propos est ici instrumental mais aussi bien plus large dans ses influences ce qui rend ces disques complémentaires. Quand on pense que c’est un ancien comptable (ce qui nous fait un point commun !), le Suédois a fait du chemin et semble se débrouiller à merveille même si son agenda doit être bien chargé. Cette dernière production est presque du DIY, Ola Englund gérant pas mal de choses à son niveau.

Aux premières notes de ce Starzinger, l’auditeur qui m’aura fait l’honneur de me lire se demandera immédiatement si on parle bien du même disque. Il est vrai que ça démarre sur un son bien 80’s et on se croirait presque dans un générique TV d’une série SF de cette époque. L’idée est maline car Ola Englund nous embarque ainsi pour un voyage métallique dans son monde très SF, quelque part entre la Suède et la planète Mars. Et ça nous coûtera moins cher que les projets d’Elon Musk. Le périple purement instrumental est une belle réussite. Quarante minutes où Ola Englund nous propose des choses très variées et le résultat global est excellent. On trouve bien sûr des riffs de guitares très solides, bien "in your face", mais l’univers du guitariste est beaucoup plus vaste que ça. Très posé et tranquille sur l’ambiante Space Invaders, jazzy sur Bane Of Skeletor avec un solo de saxophone excellemment placé (un peu à l’instar de celui du fameux Shine On You Crazy Diamond des éternels Pink Floyd) ou bluesy avec cette ambiance digne du non moins génial Joe Bonamassa sur Bluesy McBluesface (oui, le titre donnait quelques indices sur le style musical pratiqué !). Moins technique que ses comparses prodiges Keith Merrow et Jeff Loomis (tiens, ce dernier vient placer un solo sur ce disque), Ola Englund n’en est pas moins un très bon compositeur, à l’aise dans plusieurs registres. La relance sur Balgmah est d’ailleurs particulièrement robuste et un modèle d’enchainement musical. D’autres éléments plus prog se ressentent chez notre presque quadragénaire (notre second point commun !).

La musique instrumentale reste spécifique et peut repousser mais je reste admiratif de ceux qui arrivent à ne jamais créer d’ennui dans ce registre. Les différents ambiances sur ce Starzinger varient bien le propos et le résultat est très concluant, remarquable de fluidité à l’écoute. On sent bien ici qu’Ola Englund s’est fait plaisir, que ce disque n’a pas vocation à conquérir les charts (si tant est que cette expression veuille encore dire quelque chose). Cette galette ne semble d’ailleurs proposée que via le site du guitariste. Certains membres de The Haunted étant quelque peu occupés avec le retour aux affaires d’At The Gates (et vu le niveau des deux derniers disques, les attentes sont élevées concernant le prochain album attendu pour juillet 2021), Ola Englund a profité de cette pause pour nous offrir un bien bon disque, rafraichissant, inspiré et pour tout dire très recommandable.

Tracklist de Starzinger :

01. Stars & Ponies
02. Cringy AF
03. Space Invaders
04. Demon(etized)
05. Bane Of Skeletor
06. Bluesy McBluesface
07. Balegmah
08. Sun & The Moon
09. A Bid Farewell