Nostromo, malgré une belle période de pause, vient de passer le quart de siècle d’existence ! Et je me dis que mon histoire d’amour avec le groupe de Genève ne date pas d’hier, depuis Argue en 1998 en fait, et que j’ai bel et bien l’âge de mes artères… Leur retour en 2017 sur scène, et en forme, m’avait totalement convaincu mais je n’avais pas fait partie des enthousiastes devant Narrenchiff qui, à mon sens, avait bien trop goût de Mumakil et pas assez de Nostromo.

Mais vous le savez, lorsqu’on aime on pardonne, pas tout, mais plus facilement une petite « maladresse ». C’est pour cela que je me tourne vers cette nouvelle offrande avec un large sourire (de cheval) devant ce Bucéphale (monture légendaire d’Alexandre Le Grand) et j’espère de toute mon âme que le groupe sera à nouveau me mettre la fièvre ! (de chev… bon ok j’arrête)

L’album ouvre avec Ship Of Fools, qui possède des réminiscences évidentes du titre Narrenchiff qui concluait l’EP précédent, preuve que le groupe veut être dans la continuité de cette galette ? Eh bien pas vraiment. Car ce titre d’ouverture est au final assez progressif dans sa construction. La tension et l’intensité montent en puissance tout au long du titre pour atteindre un sommet de violence avec un riff qui sonne vraiment Nostromo ! Je retrouve cet équilibre entre violence, riffs tortueux et groove. Un titre à la fois puissant et sombre, qui augure de très bonnes choses…

Cet aspect progressif, on le retrouve sur les deux featuring. En premier lieu, κατάϐασις accueille Treha Sektori, qui apporte sa touche à la fois industrielle et tribale, pour nous attirer vers des abysses sans fond. Ce parallèle est également valable pour le titre de conclusion Asato Ma qui lui accueille les collègues helvètes de Monkey 3 pour nous ouvrir à nouveau les portes de l’apocalypse et offrir un solo des plus heavy jamais entendu chez Nostromo. Le quatuor a eu le temps en pré-production pour tenter, s’ouvrir des pistes peu explorées jusque-là. Ils ont pris le temps de l’expérimentation et cela leur va très bien.

Mais Nostromo est avant tout un groupe de Grind et continue de le prouver. Les ravageurs IED (Intermittent Explosive Disorder), ou encore Decimatio en sont de belles preuves. Mais heureusement le groupe évite la nostalgie, ou les clichés du genre, et expérimente soit par un sens aiguisé du riff soit par l’inclusion d’éléments plus modernes comme un breakdown proche du Core actuel. Même lorsque Lachon Hara ralentit le tempo, le groupe sait garder l’auditoire en alerte grâce à une véritable fête du rythme. Et que dire du bijou A Sun Rising West avec son rythme sautillant comme une BO de western, qui réussit l’exploit d’être aussi atypique dans la carrière du groupe que subjuguant.

Je peux dire sans hésiter qu’avec Bucéphale, Nostromo a littéralement mangé du cheval (désolé…) et propose certainement un des albums les plus ambitieux de sa carrière. L’équilibre entre leur savoir-faire historique (déluge sonore, délires rythmiques, violence groovy…) et les nouvelles sonorités expérimentales est un régal pour les oreilles. Bucéphale est un must-have, ou à défaut, un must-listen, non seulement pour les amateurs de BPM en folie aux structures alambiquées, mais également pour les amateurs de noirceur viscérale.

Tracklist de Bucéphale :

01. Ship Of Fools
02. IED (Intermittent Explosive Disorder)
03. In Praise Of Betrayal
04. κατάϐασις [featuring Treha Sektori]
05. A Sun Rising West
06. Per Sona
07. Lachon Hara
08. Realm Of Mist
09. Decimatio
10. Asato Ma [featuring Monkey 3]