Nortt est l’exemple accompli du « one man band » dépressif, figure du chevelu affaissé sur son piano, gueulant lamentablement d’obscures paroles sur fond de marche funèbre. L’auto-proclamé « Pure Depressive Black Funeral Doom Metal » du Danois, invite à la contemplation maladive, au recueillement et à l’introspection existentialiste. Le climax était atteint pour moi avec Gudsforladt en 2003, premier album du bonhomme, mais aboutissement du travail de plusieurs longues démos produites dès 1995. Depuis, d’autres opus ont suivi le mouvement (Ligfærd et Galgenfrist), jusqu’au partage d’un split avec un très renommé confrère américain, le dénommé Xasthur, qui consacre Nortt dans le cercle si fermé de ce genre ultra-codé.   

Néanmoins, dix ans s’écoulent sans que rien ne se passe du côté de Nortt. Endeligt (que l’on peut d’ailleurs traduire par « enfin » en Danois) vient briser ce très long silence en poursuivant sa collaboration avec le label italien Avantgarde Music (Asofy, Darkspace, Selvans, Sordide, pour ne citer que les plus récents). Ce nouvel opus ne révolutionne absolument rien. Il n’a pas l’ambition du renouveau, ni celui du « post »-modernisme. Il s’installe même plutôt en contradiction de tout cela, comme la vague régressive portugaise actuelle (Black Cilice, Candelabrum, Trono Além Morte etc.).  

Endeligt s’inscrit complètement dans les clous de Galgenfrist sorti en 2007. Du Doom funéraire à la limite du Dark Ambient. Une atmosphère pesante, des vagues métalliques écrasantes et un chant lamentable. L’opus doit s’écouter le volume à fond, les basses élevées, le corps allongé et la tête pensante. Car Endeligt est une expérience auditive et introspective. Une plongée dans les vapes nébuleuses d’une musique assourdissante et étouffante.

Pourtant, ce nouvel opus n’atteint pas le climax de Gudsforladt, beaucoup plus strident et flippant, plus diversifié aussi, tant dans son jeu classique que sa réflexion d’un Black Metal dépressif.

Endeligt réussit néanmoins le pari d’une musique captivante. Pour les moins initiés, il pourra aussi faire figure de point d’entrée dans la discographie de Nortt, parce que son jeu est plus accessible et moins extrême que les premiers travaux du Danois.


Tracklist de Endeligt :

01. Andægtigt Dødsfald
02. Lovsang Til Mørket
03. Kisteglad
04. Fra Hæld Til Intet
05. Eftermæle
06. Afdø
07. Gravrøst
08. Støv For Vinden
09. Endeligt