Le monde a-t-il besoin d'un nouveau live de Nightwish ? Moins que d'un nouvel album
studio (qui se charge de rassurer les déçus du sympa mais pas transcendant Endless Forms Most Beautiful, petit avis personnel en
passant), c'est sûr... D'autant plus que ce Decades: Live In Buenos Aires
n'est autre que le troisième témoignage live du groupe depuis que Floor
Jansen a pris le poste de chanteuse (alors qu'un seul effort studio a vu le jour
jusqu'ici). Cependant, cette nouvelle production ne manque pas d'arguments et saura tout de même
attirer différents types d'auditeurs, pour plusieurs raisons. Il y a les fans qui veulent
tout sans se poser de question, ceux pour qui trop n'est jamais assez. Il y a ceux qui ont
assisté à la tournée et qui, à travers cette nouvelle offrande, pourront
conserver une sorte de souvenir concret de l'expérience (je me range déjà plus
dans cette catégorie, j'ai beaucoup aimé le concert parisien il y a un an). Souvenons-nous aussi que Vehicle Of
Spirit, paru fin 2016, ne proposait pas de version audio (seule) dans le commerce alors que le
produit qui arrive est disponible dans tous les formats existants. Enfin, le show qui nous
intéresse aujourd'hui, puisqu'il s'inscrit dans la tournée du récent double
best-of Decades, propose tout de même pas mal de titres que les deux concerts
précédents n'avaient pas. Sur les vingt-et-une pistes enregistrées en Argentine,
on ne trouve que cinq chansons en commun avec le Showtime, Storytime de 2013 et six avec Vehicle Of Spirit. En
plus de quelques titres récents, ce double live est surtout l'occasion de revenir sur
l'ère Tarja largement représentée ici.
Je ne vais certainement pas vous faire un descriptif complet du show proposé mais vous donner
les informations qu'il me semble important d'avoir en tête. Je précise que nous avons
reçu les mp3 mais pas de vidéo, cette chronique est donc bien celle du double CD.
Ayant un excellent souvenir du concert parisien de la tournée et connaissant le
professionnalisme des Finlandais, j'étais assez confiant sur la qualité du produit. En
plus, les extraits vidéos mis à notre disposition sur internet par le label confirmaient
qu'il n'y avait aucune raison de s'inquiéter avec, notamment, un son à la hauteur (je
n'étais pas fan du mix du concert de Wembley et le son du Showtime était pas
mal mais me semblait également perfectible), puissant mais pas trop, bien
équilibré. Et pourtant, au démarrage, ce Decades Live m'a fait douter.
End Of All Hope qui fait suite à l'intro Swanheart (commençant avec le
public argentin qui fait le décompte de dix à zéro) ne met pas le feu (pas chez
moi, en tout cas). Le son est pas mal mais pas top (les orchestrations sont un peu retrait), les voix
de Jansen et Hietala manquent de force... Ca démarre
correctement mais ce n'est pas le feu d'artifice d'entrée de jeu. Et je dois dire que c'est un
peu la même chose sur Wish I Had An Angel. Là aussi, rien de mauvais mais
je ne suis pas particulièrement impressionné. Je commence notamment à me demander
si l'excellente Floor était au top de sa forme ce soir-là. Et
dès la courte intro a cappella passée, pardonnez-moi cette familiarité, ça
ne pète pas assez... les instruments arrivent (sur une rythmique censée bien
déboiter pourtant) mais ils paraissent un peu bridés par un son qui manque d'ampleur.
Heureusement, la magie, pour l'instant absente, ne va pas tarder à opérer... Notamment
avec l'arrivée de compos issues des albums Oceanborn et Wishmaster. Come Cover Me, avec les chœurs de
Hietala et Donockley sur le refrain, fonctionne très bien,
comme l'ovation du public à la fin du morceau avec ses "ohé ohé ohé
ohé" le laisse entendre. A partir de là, c'est excellent. La mise en son est
convaincante et les magiques Gethsemane, Sacrament Of Wilderness ou
Dead Boy's Poem qui bénéficient d'une interprétation classe font
mouche. Sur Elan, la basse de Hietala brille et on apprécie
encore une fois la qualité des arrangements et des chœurs. La suite réserve de
très bons moments : l'instrumental Elvenjig qui précède le flashback
Elvenpath, l'ambiance festive sur I Want My Tears Back (on pourra regretter que
le groupe n'ait pas proposé un peu plus de morceaux issus de la période
Anette, celui-ci et Amaranth, ça fait peu) et un deuxième CD
amenant son lot de titres bien heavy (Devil & The Deep Dark Ocean, Kinslayer,
Slaying The Dreamer) ou épiques (The Greatest Show On Earth dans une
version légèrement raccourcie, dix-sept minutes tout de même, ou la
magnifique Ghost Love Score).
Sur ce second disque, il est aussi très agréable d'entendre
The Carpenter (ça ne nous rajeunit pas, n'est-ce pas ?) chantée en duo par
Jansen et Donockley, ce dernier apportant vraiment beaucoup à
la performance du groupe sur cette tournée (de par son chant ou ses interventions avec
différents instruments à vent ou à la guitare). Je vais juste revenir vite fait
sur la prestation de Floor Jansen. Oui, c'est une très bonne chanteuse (en
plus d'être assez charismatique mais ça, sur le CD, ça se voit moins), elle
a une bien belle voix et certains passages parfaitement maîtrisés sont
impressionnants et collent des frissons. Cependant, léger bémol, elle est moins
impressionnante que sur le concert enregistré au Wacken en 2013. Sur Showtime,
Storytime, elle m'avait totalement bluffé... A chaque fois que je réécoute
ce live, j'en reviens à peine tant elle est magique. Ici, c'est moins systématiquement
le cas. Il y a même des chansons sur lesquelles je ne la trouve pas si convaincante (le refrain
d'Amaranth où elle semble un peu essouflée me vient en tête). La
performance globale reste de qualité (allez chanter comme elle, déjà, on en
reparle ensuite...) mais je ne peux nier qu'en comparaison avec le live sorti il y a six ans, c'est
moins scotchant.
Au final, on a tout de même un très bon témoignage de
cette belle tournée. C'est très professionnel, avec une jolie setlist (bien
généreuse) servie par d'excellents musiciens, un public chaleureux qui donne de la
voix... L'ensemble est classe et soigné. Ce n'est peut-être pas le live ultime de
Nightwish mais je mentirais si je disais que je ne passe pas un très bon
moment à son écoute. Maintenant, il me tarde de pouvoir le visionner.
Tracklist de Decades: Live In Buenos Aires :
CD 1
01. Swanheart 02. End Of All Hope 03. Wish I Had An
Angel 04. 10th Man Down 05. Come Cover Me 06.
Gethsemane 07. Elan 08. Sacrament Of Wilderness 09. Deep
Silent Complete 10. Dead Boy's Poem 11. Elvenjig 12.
Elvenpath 13. I Want My Tears Back
CD 2
01. Amaranth 02. The Carpenter 03. The Kinslayer 04.
Devil & The Deep Dark Ocean 05. Nemo 06. Slaying The
Dreamer 07. The Greatest Show On Earth 08. Ghost Love Score
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