Nevermore


Artiste/Groupe

Nevermore

CD

The Obsidian Conspiracy

Date de sortie

Mai 2010

Style

Power/Thrash Metal

Chroniqueur

Blaster of Muppets

Note Blaster of Muppets

16/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

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C H R O N I Q U E

Le groupe Nevermore peut-il décevoir ? Grande question et (toute) petite appréhension au moment où je m'apprête à me lancer dans l'écoute de The Obsidian Conspiracy, successeur du très réussi This Godless Endeavour, sorti en 2005. C'est d'ailleurs la première fois qu'il aura fallu attendre aussi longtemps pour écouter un nouvel album des américains. L'excitation est donc à son comble au moment où retentissent les premières notes de The Termination Proclamation...

Et là, premier élément de réponse: bah oui, c'est finalement possible (d'être un tout petit peu déçu)... Attention, le riff est (comme d'habitude) hallucinant, l'ambiance est sombre à souhait, la production est impeccable, la voix et le chant si particuliers de Warrel Dane s'annoncent toujours aussi envoûtants, et le style du groupe est immédiatement identifiable... et pourtant, ce n'est pas la grosse claque qui tue ! Mais c'est de leur faute aussi, à Nevermore... ils ont amené le concept de "chanson d'ouverture si démentielle qu'elle vaudrait quasiment à elle seule l'achat du CD" tellement loin (souvenez-vous: The Seven Tongues of God, Beyond Within, Narcosythesis, Enemies of Reality ou Born !), repoussant chaque fois les limites de l'incroyable, qu'il fallait bien que ça arrive un jour: The Termination Proclamation est très bonne, mais elle n'égale ou ne surpasse pas, à mon sens, les titres cités un peu plus haut. Cependant, je vous le redis, il n'y a vraiment pas grand chose à lui reprocher. Elle n'en met juste pas "plein la vue" d'entrée de jeu comme le faisaient les chansons qui ouvraient les albums précédents. Elle est un peu courte (3:08), et pour ceux qui attendaient de s'extasier sur les prouesses guitaristiques de cet extra-terrestre de Jeff Loomis, sachez que le solo est expédié en neuf secondes ! Bon, cela dit, je viens de l'écouter à nouveau en rédigeant ces lignes... elle est quand même très forte. Il n'y a rien à faire: même quand ces gars-là décoivent, ils pondent un morceau extra !

Your Poison Throne, en deuxième position, est un titre que l'on devine taillé pour la scène avec son "Rise! Rise! Rise!" scandé de façon bien guerrière. Encore une très bonne compo, entraînante et directe. Elle aussi est assez courte, c'est d'ailleurs une des particularités de ce nouvel opus: une approche directe et concise avec des chansons qui oscillent entre trois et quatres minutes et des poussières... seuls les deux derniers morceaux dépassent (légèrement) les cinq minutes. Parenthèse refermée. Revenons à la musique.
En guise de troisième piste s'offre à nous l'excellente Moonrise (Through Mirrors of Death). Là, on se dit que l'album est vraiment sur de bons rails: tempo enlevé, riff typiquement Nevermore, super mélodie... surtout sur l'imparable refrain. Et puis, ça y est, avec la quatrième chanson, nous avons le droit au premier morceau d'anthologie de l'album: la surprenante And The Maiden Spoke. Elle a ce petit quelque chose en plus qui fait qu'elle se démarque immédiatement... à n'en point douter un nouveau classique du groupe ! Une rythmique originale et torturée (mais comment font-ils ?), un refrain magistral, et un solo dantesque (qui ose enfin durer plus d'une poignée de secondes).
Depuis le début du disque, on assiste à une belle montée en puissance, toute en qualité. Et même si on est assez peu surpris (à part avec And The Maiden Spoke), on est content de retrouver les ingrédients qui font de Nevermore un groupe si talentueux: ces parties de guitares venues d'un autre monde, ce chant intense et possédé, cette batterie hallucinante (combien de bras et de jambes, le Van Williams ?)... Que nous réserve la suite ?

Et bien, les compos suivantes ne sont pas les plus agressives du quartet. Petite accalmie donc, avec la très sympathique Emptiness Unobstructed, mid-tempo mélodique et moins torturée qu'à l'accoutumée... reminiscence de l'escapade solo de Warrel Dane (album Praises To The War Machine) ? Fort possible. Puis arrive la première ballade de l'album, The Blue Marble and The New Soul bien dépressive comme il se doit. Elle aussi aurait pu figurer sur l'album solo du chanteur. La face heavy de Nevermore repointe le bout de son nez avec la très bonne Without Morals, encore une grosse rythmique bien appuyée et un refrain qui tue, une habitude... ça a presque l'air facile comme ça... Sauf que même si tout cela est fort bien fait, l'amateur de vélocité que je suis ne peut s'empêcher de remarquer que jusque-là, les morceaux rapides, thrash ou terrassants dont ces messieurs ont le secret, ne se bousculent pas au portillon. Et ce n'est pas la lourde The Day You Built The Wall qui viendra contredire ce constat.
Restent alors deux pépites. She Comes In Colors qui me rappelle un peu l'ère Dreaming Neon Black, avec une première partie toute en douceur et guitare sèche, bientôt suivie d'un riff monstrueux et d'un développement bien plus heavy. Et enfin, en dernière position, la chanson titre, le gros morceau thrash qui fait mal et qu'on attendait depuis un moment. Démarrage en trombe avec riff apocalytique et double grosse caisse au taquet, voilà l'essence même du génie de Nevermore qui vient se manifester et offrir une conclusion parfaite à cet album. Ce disque ne manque pas d'atouts mais on en vient (un peu) à regretter qu'il ne compte pas plus de compos de cette trempe.
En effet, The Obsidian Conspiracy se distingue par cet aspect un peu plus mélodique (dont je vous ai déjà parlé plus haut), et une musique globalement moins agressive et alambiquée que sur les albums les plus récents du groupe. N'allez pas en conclure pour autant que, parce qu'il est un peu plus accessible, ou un peu moins méchant (et surprenant), ce Nevermore-là manque de force, de singularité (ou de beauté) et se révèle dispensable. Fort et indispensable, il l'est. N'en doutez pas !

En un peu plus de quinze ans de carrière, Nevermore s'est forgé une discographie impeccable où la médiocrité n'a pas sa place. Même si The Obsidian Conspiracy ne viendra pas remplacer dans mon coeur les monumentaux Dead Heart In A Dead World ou This Godless Endeavour, il n'en demeure pas moins un très bon cru qui ne fera pas tache lorsqu'il s'agira de résumer le parcours exceptionnel des quatre ténébreux de Seattle. Espérons que ces talentueux musiciens vont enfin pouvoir jouer chez nous, en tête d'affiche, pour défendre leur nouveau venu (ils seront d'ailleurs au HellFest en juin), et qu'ils ne mettront pas cinq ans à nous proposer la suite !