Neal Morse

Artiste/Groupe

Neal Morse

CD

Testimony 2

Date de sortie

Mai 2011

Style

Metal Progressif

Chroniqueur

Didier

Note Didier

17/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Je dois reconnaitre que j'attendais avec impatience de nouvel album du prolifique Neal Morse. Le dernier album studio, Lifeline, date de 2008, et il m'avait fait craquer. J'avais reçu quelques critiques de lecteurs trouvant la note quelque peu excessive. Je l'admet, mais j'étais envouté. Du coup, une certaine méfiance me gagne à l'approche de la découverte de ce Testimony 2. Je me demande pourquoi un tel titre, qui reprend le même titre que son premier album solo, Testimony, sorti en 2003 juste après sa décision de quitter Spock's Beard. Et bien la raison en est toute simple, Testimony 2 raconte l'histoire de la vie de Neal, au point où il l'avait laissé à la fin de Testimony, c'est à dire au moment ou Spock's Beard décolle et commence à avoir du succès et à tourner dans le monde entier. C'est encore un double CD, comme l'était Testimony. Sur le premier CD, on retrouve donc la suite de l'histoire, découpée en trois parties, Part Six, Seven et Eight. Ce premier CD peut être considéré comme un concept album puisque les morceaux s'enchaînent, en suivant la vie de Neal. Il y assure le chant, bien sûr, les claviers, la guitare aussi, Mike Portnoy, comme à son habitude, est venu prêté main forte et assurer la batterie, et enfin comme pour les albums précédents, c'est Randy George qui assure la basse. Le deuxième CD, lui, est très différent puisqu'il contient trois titres indépendants, avec un invité de marque qui en assure les guitares puisque c'est Steve Morse qui remplace Neal Morse aux guitares, laissant Neal aux claviers et au chant. Une affaire de Morse en quelque sorte.

Mais revenons sur notre premier CD. Part Six est décomposé en quatre parties. On commence avec l'intro de piano et le petit clavier guilleret de Neal sur Mercy Street. C'est un morceau très mélodieux, agrémenté d'un chouette solo de guitare. C'est un morceau malgré tout assez classique, dans le style habituel. Il s'enchaîne avec Overture No4 (on retrouve les trois autres Overture sur Testimony). Le début de ce morceau pourrait servir de générique à une émission de télé. C'est un instrumental, avec un effet wah-wah énorme et un break super progressif qui rappelle les délires de Yes. Enorme basse, bon solo de guitare, superbe jeu de Mike Portnoy assez reconnaissable. Tout est bon en fait, pour qui sait apprécier le vrai rock progressif. Mais attendez la suite, puisqu'on plonge direct sur Time Changer, un truc de fou, hyper progressif, qui aurait pu se trouver sur l'album Relayer de Yes. Randy martèle une lourde ligne de basse, la batterie explose, belle guitare acoustique, et surtout les chœurs décalés typiques de Spock's Beard et Yes. Magique ! On a droit à un break a cappella étonnant, de trois voix en canon. Ceci dit, c'est un peu normal que ça rappelle Spock's Beard puisque les anciens compagnons sont invités sur le morceau. On retrouve donc Nick D'Virgilio, Alan Morse (encore un Morse, mais celui-là est frère de Neal) et Dave Meros. Ce morceau est une réussite, un des meilleurs du CD 1. Le dernier morceau de cette partie est une ballade, triste à mourir dans laquelle Neal raconte la naissance de sa fille Jayda avec une malformation cardiaque. Le morceau s'appelle simplement Jayda. C'est un morceau très calme, mais très émouvant, les violoncelles ajoutent à la tristesse de la scène. Le corps médical ne trouve pas le problème et le bilan vital n'est pas encourageant. Neal chante merveilleusement bien, on vit presque sa douleur, le tout est noyé sous les gros claviers typés Neal Morse, et un joli duo guitare/clavier vient clôturer le morceau.

Place à la joie, pour le début de Part 7, puisque l'intro de Nighttime Collectors est un extrait de Neal en live, avec une grosse audience. Le morceau ensuite continue sur un rythme plus rapide, pour nous expliquer qu'alors qu'il est en tournée en Europe, sa fille guérit miraculeusement. Pas d'explication médicale. Neal y verra là un signe du ciel qui l'encouragera, plus tard, dans sa décision de quitter Spocks Beard et de se tourner vers Dieu. Le morceau s'enchaîne avec Time Has Come Today, très progressif, au rythme assez changeant. Le refrain est bien trouvé, bien chanté, très accrocheur. Jesus' Blood est un morceau calme et pourtant puissant, une power ballade, puissante par la mélodie de la voix. Neal y accomplit un super solo de guitare à la Gilmour. Beaucoup d'émotion encore dans ce morceau. Il s'enchaîne dans une sorte de remake de Overture No4, où l'on retrouve les riffs de guitare wah-wah, très bons. C'est l'intro puissante de The Truth Will Set You Free. Le morceau est chanté, ponctué de passages plus rythmés, à la guitare wah-wah et de chœurs féminins. La fin s'éternise un peu avant de passer à Part 8.

Part 8 démarre par Chance of a Lifetime, dont le son du piano fait penser à Supertramp. Le saxophone ne fait qu'accentuer ce sentiment. Je ne suis pas fan du saxo, mais le morceau comporte néanmoins un bon break de claviers, puis de guitare, qui le rend fort sympathique. On note derrière le travail incessant du couple Portnoy/George, qui ajoutent de la profondeur aux passages en solo. Jesus Bring Me Home, raconte la galère que vit Neal dans sa vie de musicien, toujours en tournée, et ayant le sentiment d'avoir abandonné sa famille derrière lui. Le mythe "sex, drugs and rock'n'roll", qui pourtant semble attirer du monde, n'est pas (plus) du goût de Neal : il pète un câble et se tourne vers Dieu. Le morceau est mélancolique, on ressent presque sa fatigue nerveuse. Pas mal de chœurs féminins font penser à du Pink Floyd. Neal enfonce le clou avec Road Dog Blues, qu'il enchaîne juste derrière. Plus rythmé, il raconte comment Spock's Beard vient de décrocher le contrat du siècle, qu'on ne peut refuser et qu'il va falloir qu'il prenne une décision. Une fois de plus, Neal perçoit ça comme un signe de Dieu, pour lui montrer la VRAIE bonne voie. C'est encore un bon morceau qui s'enchaîne avec It's For You, au refrain qui pète. On y trouve aussi un méga duo guitare/claviers. Le final est particulièrement émouvant. On termine avec Crossing Over, calme et langoureux, avec un bon toucher de guitare et un refrain qui ne peut laisser un cœur normal insensible. On retrouve enfin une reprise du thème d'intro avec Mercy Street Revisited, et rideau ! clap clap clap...

On attaque le CD 2, et là l'ambiance se veut plus décontractée. Absolute Beginner est un excellent morceau, doté d'un refrain rentre-dedans. Le jeu de guitare de Steve Morse fonctionne particulièrement avec les autres instruments, et surtout la voix de Neal. Et un morceau magique de plus, un... Le solo qu'il y réalise est très bon, bon feeling. Supernatural, c'est du Neal Morse pur et dur, avec le son de clavier qui le caractérise en intro, une mélodie magnifique, chantée d'une voix limpide sur petite guitare coolos. On repense forcément un peu à Yes dans le break de voix. On finit avec les vingt minutes de l'épique Seeds of Gold, tout aussi morsien, bourré de claviers, d'une bonne grosse basse, de breaks. Steve y laisse parler son talent dans un registre plus progressif qu'on ne lui connaissait pas forcément. Alternance de grosses rythmiques et de moments plus calmes. On retrouve quelque part pas mal des recettes qu'adorent les amateurs de Transatlantic. Ce morceau est un étalage du talent du combo, ça filerait presque le tournis. Décidemment, ces trente-cinq minutes du second CD, c'est la cerise sur le gâteau. Comme si le premier CD ne suffisait pas ? Neal Morse, c'est la qualité ET la quantité ! 

J'ai bien tenté de résister, mais Neal Morse est un charmeur et un talentueux compositeur. Il compose des chansons qu'il suffit d'écouter une fois pour en garder un trace indélébile. C'est aussi un compositeur et un chanteur qui sait jouer avec les émotions, de sorte qu'on ne peut qu'être touché par un tel album et que le chroniquer pour vous fut un pur plaisir. Je retiens la leçon, et je ne donne pas la note maximale... quoique, si j'osais...

PS: A noter que Neal sort en même temps une autobiographie du même nom dans laquelle vous retrouverez les détails de la création de Spock's Beard, leur envol vers le succès, l'explosion en plein vol de Neal, sa crise mystique et sa nouvelle vie et carrière solo depuis.
 
PPS: Ah, j'oubliais, l'édition collector du CD, contient aussi un DVD avec le making of de l'album.


Tracklist de Testimony 2:


Disc One

Part Six:

01. Mercy Street
02. Overture No. 4
03. Time Changer (with Spock's Beard)
04. Jayda

Part Seven:

05. Nighttime Collectors
06. Time has come Today
07. Jesus' Blood
08. The Truth Will Set You Free

Part Eight

09. Chance of a Lifetime
10. Jesus Bring Me Home
11. Road Dog Blues
12. It's For You
13. Crossing Over
14. Mercy Street Revisited

Disc Two

01. Absolute Beginner
02. Supernatural
03. Seeds of Gold

 

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