Artiste/Groupe:

Mulla

CD:

جن

Date de sortie:

Octobre 2021

Label:

Subsound Records

Style:

Raw Black Metal oriental

Chroniqueur:

Mythos

Note:

15.5/20

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À la manière de Seeds Of Iblis, Mulla prétend être un groupe iraquien. Rien n’est vraiment sûr. On parle de fausses photographies (volées/plagiées), on perçoit des incohérences dans les interviews des deux zigotos, parfois d’une écriture de l’arabe douteuse (ce qui n’est pas vraiment fondé)…

Néanmoins, si le premier explique appartenir au mouvement « Arabic Anti-Islamic Legion », ce n’est pas officiellement encore le cas pour le second, même si les sujets de prédilections de Mulla concernent aussi la religion abrahamique qu’est l’islam. De même, Mulla sort ses albums sur le label Subsound Records, ce même label qui s’occupe de quelques sorties de Akvan, groupe iranien cette fois, et pour de vrai.

Alors que faire de toutes ces informations ? Rien. On s’en contrefiche. Seeds Of Iblis a sorti deux excellents opus : The Black Quran et Anti Quran Rituals (que j’ai la chance de posséder en vinyle). Et de son côté, Mulla n’est pas en reste avec trois albums, dont les deux premiers sont très très bons, et enfin un EP de très bonne facture. Leurs points communs ? Une parfaite restitution et mixage de la culture musicale arabe à celle du Black Metal, ou plutôt du Raw Black Metal (à la différence d’Al Namrood, plus axé Folk et BM classique). Alors peu m’importe si le groupe est en réalité Français, Américain ou Néo-zélandais (j’invente complétement). Les albums sont là, et ils attestent d’une maîtrise de ces deux genres, quoiqu’il arrive.

جن, qui peut se traduire par Djinns, est le troisième album de Mulla. D’emblée, on perçoit un changement de style graphique. Terminées les photographies en noir et blanc, place à un dessin à la fois réaliste et fantastique, entre le monde des humains et celui, plus invisible, des djinns, ces créatures fantomatiques héritées de la mythologie arabe. On comprend l’ambition, mais j’avais une certaine appétence pour les anciennes pochettes, plus fortes, plus impactantes, plus modernes. Bref, musicalement, qu’en est-il ?


Le style d’inspiration arabique se poursuit et s’affirme complétement sur جن. Je ne suis évidemment pas spécialiste de ce genre, mais en tant qu’auditeur, je perçois et reconnais avec plaisir les sons, mélodies, sonorités que j’ai pu écouter de-ci de-là dans des albums aux influences arabes. Composé de deux pistes : أحلام الجني et الهمس من الرمال qui peuvent se traduire assez sommairement par « Rêves de génies » et « Murmures du sable » (les arabophones pourront me contredire), Mulla construit son édifice en deux temps, mais avec force et précision. Combinées, حلام الجني et الهمس من الرمال avoisinent les quarante minutes. C’est donc l’immersion que le groupe a choisi de mettre en avant sur cet opus, si différent des autres dans les mélodies. Mais dans le fond, pas dans les riffs, qui restent, eux, stridents, efficaces, répétitifs, tels des derviches tourneurs en transes.


L’album part à une allure folle, et débute avec le célèbre grognement du lion du studio hollywoodien Metro-Goldwyn-Mayer. Pied de nez aux Américains ? Clin d’œil sarcastique ? Volonté de plonger l’auditeur telle une œuvre cinématographique, dans des imaginaires orientaux préconstruits et à déconstruire ?

En tout cas, le salut est spontané. L’auditeur ne recule devant rien, tout lui semble accessible, compréhensible, séduisant. Telle une ritournelle, on s’engouffre tête baissée dans l’album, on ne perd pas une seule minute de ces deux pistes en forme de diptyque « oriental », qui se terminent aussi vite que le grognement est sorti. Mulla ouvre donc une nouvelle page dans sa discographie déjà bien nourrie depuis seulement un an, et semble nous annoncer de nouvelles formes et concepts musicaux à écouter sans retenue.

C’est un grand « oui ! », comme dirait l’autre…

Tracklist de جن :

01. حلام الجني
02. الهمس من الرمال


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