Il faut battre le fer tant qu'il est chaud. C'est ce qu'ont dû se dire Lemmy, Eddie et Phil. Quelques mois après la mise sur le marché du phénoménal Overkill, Motörhead enchaîne avec Bomber. Cette fois-ci aux commandes d'un bombardier de la seconde guerre mondiale, les voilà prêts à nous faire pleuvoir dix nouvelles bombes sur la tronche.
Si l'album contient sa poignée de gros classiques de Motörhead tels que Bomber, Stone Dead Forever ou Dead Men Tell No Tales (et on peut rajouter Over The Top, le titre publié en face B du single Bomber et ajouté en bonus sur la réédition CD de l'album), il apparaît dans l'ensemble moins percutant que son aîné. La raison en est peut-être que les titres de cet album n'ont pas été testés sur scène, comme ce fut le cas pour ceux d'Overkill. Certains titres manquent de pêche, c'est une évidence. Lemmy lui-même en est conscient quand il déclare "Ecoutez donc ces morceaux quand nous les jouons sur scène et comparez-les aux versions de l'album.". Il faut reconnaître que c'est vrai, à l'écoute par exemple des versions live de Stone Dead Forever et Dead Men Tell No Tales qui se trouvent sur la réédition CD de l’album ou encore (c'est plus flagrant) en comparant la version de Bomber ici présente et celle du No Sleep 'Til Hammersmith. A ce propos, on notera que Bomber est le seul titre de cet album retenu pour le live No Sleep 'Til Hammersmith. Un signe... Le peu de temps dont a disposé le groupe pour composer ces nouveaux morceaux est aussi un facteur explicatif. Difficile de sortir, à quelques mois d'intervalle, deux albums aussi spectaculaires qu'Overkill. Dernier point : la production, pourtant aux soins du même Jimmy Miller qui avait produit Overkill, n'est pas exceptionnelle. La basse de Lemmy par exemple n'est pas à la super fête dans le mix de cet album qui privilégie largement le son de la guitare. La batterie, elle, a un son assez sec. Il manque quelque chose, sans doute de la puissance, au son de cet album. Lemmy l'explique ainsi : "Jimmy était un producteur de renom, il avait produit les Rolling Stones jusqu'en 1973 mais depuis, c'était le calme plat. Overkill devait sonner son grand retour et ce fut le cas. Le retour du succès l'a fait retomber dans l'héroïne, il faisait n'importe quoi, il arrivait en retard au studio avec des excuses complètement bidon, etc..." En tout cas, il ne produira pas l'album suivant.
Malgré tout, cet album contient entre autres deux de mes titres préférés du combo : le fantastique Stone Dead Forever sur lequel Eddie Clarke étincelle (quels solos !) et le fabuleux Bomber (titre qui sera à l'origine d'un décor de scène tonitruant en forme de bombardier s'abattant sur la scène). Dead Men est également un très bon morceau et le bluesy Step Down, chanté par Eddie Clarke (grosse rareté, il n’y a pas beaucoup de morceaux de Motörhead chantés par quelqu’un d’autre que Lemmy), ainsi que Sweet Revenge nous montrent une autre facette du bombardier, plus posée. On a aussi Poison qui est un titre assez entraînant qui fonctionne bien. Après, il y a le reste, des titres pas mauvais mais juste moyens (Lawman, Sharpshooter, All The Aces, Talking Head). On n’y retrouve pas là tout le génie de l’album précédent ni celui du suivant.
Sorti entre les impressionnants Overkill et Ace Of Spades, Bomber apparaît moins ultime. Il reste néanmoins un grand classique du combo anglais, même s'il ne contient pas autant de titres incontournables que les deux autres. Et pour beaucoup de fans, ces trois albums forment la trilogie magique de Motörhead.
Le bombardier avait bel et bien pris son envol. Ce n’est qu’un jour funeste de décembre 2015, après une carrière longue de plusieurs décennies et après avoir mené d’innombrables batailles, qu’il retourna définitivement dans son hangar…
Tracklist de Bomber :
01. Dead Men Tell No Tales 02. Lawman 03. Sweet Revenge 04. Sharpshooter 05. Poison 06. Stone Dead Forever 07. All The Aces 08. Step Down 09. Talking Head 10. Bomber
Bonus tracks de la réédition :
11. Over The Top 12. Leaving Here (Live) 13. Stone Dead Forever (Live) 14. Dead Men Tell No Tales (Live) 15. Too Late Too Late (Live)
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