Groupe culte de la scène doom progressive, le groupe refusant à raison l’étiquette de funeral doom parfois accolé à tort (bon erreur commise par le passé par mes soins, "mea culpa" pour citer un titre qui aura marqué l’été 2024), Monolithe continue son joli parcours. Rapide retour en arrière : d’un projet très conceptuel purement studio, le groupe a pris le train en marche du phénomène festival (notamment un certain Hellfest dans notre contrée) dans les années 2010 en montant un vrai groupe avec tournées à l’appui. Depuis, le groupe poursuit un parcours impeccable entre nouvelles sorties studio et concerts, avec au passage quelques shows événementiels comme le Hellfest, le Brutal Assault ou encore le Metaldays (RIP) pour ne citer que les plus célèbres. Il conviendrait d’ajouter quelques fest bien underground bien connus des fans de doom dont je ne fais pas partie, jouons franc-jeu avec mon lecteur.
Le groupe sort ainsi son dixième album, et pour qui connaît le groupe ne sera pas surpris de voir que ce chiffre est encore mis à l’honneur. Oui, il y a une fascinante obsession des nombres chez les Monolithe et ce disque ne fera pas défaut sur ce registre. Au programme, dix pistes avec cinq titres de dix minutes (pile !) et des interludes d’une minute chacun. C’est net, précis, la patte du groupe est encore bien présente. On se rappellera les morceaux de sept minutes sur le septième album, ceux de huit minutes sur le huitième album. J’arrête là, le lecteur aura compris mon point de vue. Reste que ce petit cachet du groupe est assez remarquable et doit générer quelques prises de tête lors de la composition pour que ça cale bien. A l’origine, les premiers Monolithe étaient constitués d’un morceau unique, véritable tour de force idéale pour les puristes mais probablement frustrant pour la retranscription live.
Autre particularité de ce groupe singulier des vraies histoires de SF (sur fond d’ambiance doomy) renvoyant à une SF sombre, dark renvoyant de fait Monolithe du côté d’un metal sombre, complexe d’accès entre lenteur musicale, une ambiance moite et pesante les très beaux artworks ne mentant pas sur la marchandise. Sur ce Black Hole District, on le ressent très vite, le Blade Runner n’est pas loin jusqu’à l’histoire (où on va trouver des androïdes) et l’influence Vangelis se fait ressentir notamment sur les interludes jusqu’au recours synthé CS-80 (les connaisseurs sauront je l’espère car moi c’est pas mon rayon !). De fait, nous avons une vraie histoire racontée ici, un bon vieux concept album (si tant que Monolithe puisse un jour proposer autre chose que ce format en studio). Les longues pistes prennent leur temps avec toujours cette atmosphère très sombre, noire, ces guitares lentes, ces rythmiques qui s’imposent. L’écoute est exigeante mais plaisante surtout que le groupe a un peu élargi sa palette avec quelques solis au programme qui aèrent un peu un ensemble qui ravira les fans de doom mais en laissera d’autres à quai tant c’est un registre spécial. Très abouti mais s’adressant à un public averti, dirai-je.
Avec ce dixième disque, Monolithe a désormais une belle discographie à son actif et régale ses fans avec un style très évocateur sur les ambiances, ce qui est fort. Souhaitons-leur une bonne présence en Fest et une tournée. Problématiques de logistique personnelle des musiciens obligent, le line-up du groupe varie entre studio et live mais le groupe sait faire. Un disque exigeant d’un groupe qui a le mérite de proposer une œuvre totalement cohérente entre musique et histoire. Les influences dark-80’s font du bien pour un groupe encore performant. Et encore un artwork absolument magnifique (autre marque de fabrique du combo).