Ministry

Artiste/Groupe

Ministry

CD

Psalm 69 The way to succeed and the way to suck eggs

Date de sortie

1992

Style

Metal indus

Chroniqueur

Scum

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Psalm 69. The Way to succeed and the way to suck eggs. Le simple fait d'évoquer ce nom vous propulse d'emblée vers l'apocalypse. Début des années 90, Ministry a connu un succès d'estime important grâce à son The Mind Is A Terrible Thing To Taste, texte fondateur de tout un mouvement indus Metal féroce. Al Jourgensen et Paul Barker, papes de toute une faction de jeunes désabusés par la politique en place au Etats Unis en 1992, décident de taper fort. Et pour ce faire, quoi de mieux que l'un des albums les plus destructeurs de l'histoire du rock ? Car oui, Psalm 69 est l'un des plus grands albums de rock de l'histoire.

Et pour faire un album ultime, la première chose c'est d'avoir des tubes. Justement, Al et Paul nous on concocté deux titres comme plus personne n'en fera plus, pas même eux : N.W.O et Just One Fix. Deux singles porteurs d'un message fort, deux chansons ultra efficaces, d'une violence inattendue et d'une conviction rare. N.W.O d'abord, pour le nouvel ordre mondial présenté par Bush senior, qui nous met en garde contre le complot mondial qui se jouait déjà à l'époque. Le propos est intelligent, vindicatif, mais c'est surtout la musique qui retient déjà l'attention : un riff bulldozer, une production massive, une ambiance de fin du monde, et une abrasion certaine de ce qu'il nous restait de bonté intérieure. Là, c'est la guerre qui nous guette, Mad Max n'est plus une oeuvre de cinéma mais bien la future réalité si personne ne bouge, et la guitare hurlante (et pour une fois, le terme n'est pas volé) nous sert de phare pour nous guider dans ce chaos ambiant. Pour preuve, la vidéo tournée pour le clip, empruntant des images des émeutes de Los Angeles, émeutes raciales qui avaient laissées la ville à feu et à sang. Même votre caniche ne pourra résister à la puissance du N.W.O.
Seconde phase de la démonstration, Just One Fix. Le surpuissant, le terrible, l'indépassable Just One Fix. Ce titre est juste celui qui a permis à des groupes comme Rammstein de voir le jour (pour preuve, le riff principal de Links 2, 3, 4 est juste une copie de celui-ci). Un riff fondateur donc, soutenu par une batterie qui maltraite avec la régularité d'un coucou suisse vos cervicales et votre cerveau, et un Al plus vengeur que jamais. Les hurlements venus d'ailleurs n'ajoutent qu'un peu plus de terreur. On se prend à chanter cet hymne, à le répéter en boucle, et à fantasmer sur la perfection musicale de ce dark hit totalement génial. Et jetez un oeil sur la vidéo tournée, qui ajoute encore plus de puissance au titre, notamment via l'ajout de quelques samplers très efficaces. Fin du premier acte, la partie emmergée de l'iceberg. Ce qui fait que l'on reconnait ce disque, ce groupe, ces chansons, dès la première seconde.
Début de la seconde partie du disque, beaucoup moins sage. D'abord, c'est TVII qui va mettre à mal votre capacité à comprendre ce qui se passe dans vos oreilles. Morceau de furie lancée telle un TGV, avec ses parties de guitares à 3000 à l'heure, ses arrêts brusques, ses silences assassins, ses accélérations dévastatrices, le monde comme vous le connaissiez n'existe plus. La folie pure. Puis la cavalcade traitresse d'Hero va vous remettre la tête à l'endroit. Voici un autre hymne d'un autre temps. Un rythme échevelé, une ambiance malsaine et ses brusques arrêts qui vous font froler la crise cardiaque. Soit, mais dispensable. Pas comme Jesus Built My Hotrod. Voici le troisième dark hit indispensable de l'album. Gibbie Haynes des Butthole Surfers pète littéralement un cable sur ce titre dédié à l'amour des voitures et de la vitesse. Une jolie fable moderne, avec toujours ces riffs destructeurs, cette puissance sans pareille, ce solo complètement cramé, et encore une fois une vidéo excellente qui montre que Ministry sait aussi manier le second degré. Un tube barré, en décalage, mais totalement Ministry. Fin du second acte.

Après les tubes et les délires, voici le temps d'être sérieux. Et Scare Crow se charge de nous reconcentrer. De longues plages de chants, un tempo rampant, une guitare qui illumine la nuit, Ministry nous annonce ce qu'il fera sur Filth Pig. Un titre totalement industriel, qui ferait passer My Dying Bride pour Kiri le Clown, la nuit vient de tomber. Huit minutes hallucinantes, lancinantes, dandinantes, troublantes. Perturbantes. Et ce n'est pas le somptueux Psalm 69, grandiloquent plaidoyer pour la fin du monde, entre choeurs qui foutent véritablement les jetons, riffs militaires, ambiance apocalyptique du début à la fin, des "Praise Jesus" en nombre qui nous indiquent que la pitié du seigneur ne passera que par nos prières, seules les apparitions déplacées des guitares nous rappellent que tout cela peut se produire demain chez nous. Les sirènes menaçantes maintiennent un état de stress élevé, pendant que des rires dérangés sont interrompus par un "Stop It" punisseur. La guerre, toujours, avec le martial Corrosion, soutenu par des machines écrasantes, sûrement l'un des titres de Ministry les plus sous-estimés. Et enfin le bruit, les machines, nous submergent, l'apocalypse est là, Grace ravit ce qu'il reste de souffle en nous pour nous laisser sur le carreau. De l'art ?

Du très grand art. Psalm 69, ou comment en trois actes définir ce que sera le Metal indus des vingts prochaines années. Des tubes intemporels (et encore d'actualité aujourd'hui, peut être plus qu'en 1992 si l'on en croit les Mayas), des délires totalement maitrisés, un sérieux glaçant, une apocalypse mise en musique, un groupe qui deviendra culte. C'est ça, Psalm 69. C'est aussi, selon certains, le dernier bon album de Ministry. Réducteur, mais pas totalement faux, disons le dernier album de CE Ministry là. Qui sera ensuite remplacé par un Ministry moins Metal mais aussi génial avant de tomber dans la méchanceté bête et l'agression qui tourne en rond. 1992, le Metal indus à trouvé sa bible, les croyants peuvent suivre le guide les yeux fermés, plus personne ne fera de disque comme celui-ci. Impossible de parler Metal indus si vous ne connaissez pas ce chef d'oeuvre. Tout simplement.

 

Tracklist de Psalm 69 :

1. N.W.O.
2. Just One Fix
3. TVII
4. Hero
5. Jesus Built My Hotrod
6. Scare Crow
7. Psalm 69
8. Corrosion
9. Grace

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