Artiste/Groupe:

Ministry

CD:

In Case You Didn't Feel Like Showing Up

Date de sortie:

1990

Label:

Style:

Metal Indus

Chroniqueur:

Orion

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A propos d'une discussion sur les albums live, un confrère chroniqueur me disait l'autre jour qu'un live n'avait pas besoin d'être double pour déchirer. Oui, c'est vrai. La preuve avec ce premier live de Ministry, In Case You Didn't Feel Like Showing Up (en voilà un sacré titre !). Un simple CD de quarante minutes qui retranscrit très bien la folie furieuse d'un concert de ce groupe hors normes.

Ce live paraît en 1990 après quatre albums studio, mais ne comprend des titres que des deux derniers opus en date, The Land Of Rape And Honey (1988) et The Mind Is A Terrible Thing To Taste (1989). Trois de chaque.
Six titres, c'est peu pour un live me direz-vous. Oui, mais quelle énergie !
Ministry, c’est un truc de fou en concert. Déjà, à cette époque, il y a du monde sur scène chez Ministry. On retrouve évidemment les deux têtes pensantes du groupe, Alien Jourgensen (vocaux, guitare) et Paul Barker (basse, claviers). A leurs côtés, on trouve Mike Scaccia, Terry Roberts et William Tucker aux guitares (oui, vous avez bien compté, ça fait quatre guitaristes), Chris Connely et Nivek Ogre aux claviers et même deux batteurs, William Rieflin et Martin Atkins (il fallait pas moins de deux batteurs pour retranscrire sur scène la folie rythmique de leurs albums). Et ce n’est pas fini, il y a aussi Joe Kelly pour les vocaux et même Jello Biafra (leader de Dead Kennedys) qui vient faire un petit coucou. Bon, la présence de ce dernier est plutôt anecdotique (et il n'apparaît finalement que dans la vidéo du même concert) ; mais, même sans lui, ça fait tout de même dix mecs sur scène !

Le live commence sans tour de chauffe par The Missing (ceci dit, en vrai, c'est le second morceau du concert, on le voit dans la vidéo qui retranscrit, elle, l’intégralité du show). D'entrée, ça bastonne. Batterie, riffs répétitifs, folie rythmique propre à l’indus. Jourgensen déverse là-dessus les paroles tel un flot de lave. La machine est lancée. Deity qui suit est encore plus furieux. Puis vient l'hypnotique So What. Samples de discours et de rires sur base batterie / basse, rythme lancinant (sur plus de onze minutes), refrain énervé. Le titre est chanté par Joe Kelly mais ça aussi, on ne peut s'en rendre compte que sur la vidéo tant sa voix et celle de Jourgensen se ressemblent.
Puis c'est au tour du terrible Burning Inside, suivi d'un Thieves qui relègueraient presque les versions de l'album studio à des ritournelles pour mômes. C’est rapide, c’est violent, ça part dans tous les sens. Du grand Ministry !
Le point d'orgue est, de mon point de vue, le dernier morceau, Stigmata, dont le final vaut le déplacement à lui seul. Le morceau est prolongé de quelques minutes, le temps pour que le Al Jourgensen, totalement dans son trip, se lâche et balance ce qu’il a sur le coeur. Et là, tout le monde en prend pour son grade. Je cite :
"Fuck, Fuck, Fuck, Fuck,
Fuck me,
Fuck you, fuck everyone
Fuck the church, fuck Jesus
Fuck Mary
Fuck the Jews, fuck the Buddhists
Fuck the Hindus, fuck George Bush
Fuck his ugly wife, fuck Tipper Gore
Fuck everyone, fuck Gorbatchev
Fuck Noriega, fuck all these assholes".
On ne s'étonnera pas du joli sticker "parental advisory - explicit lyrics" sur la pochette du disque (version US), décerné par la très propre association PMRC (dont la Tipper Gore chaleureusement citée un peu plus haut est la présidente). Sauf que, comme ce genre de truc ne plaît pas vraiment à Jourgensen, il explique à l'intérieur du CD que les droits du premier amendement sont bafoués et que, si comme lui, on pense que c'est de la censure, on doit découper le petit avertissement (le groupe a pris soin d’ajouter des pointillés autour pour le découper proprement) et l'envoyer à son représentant au congrès et expliquant que l'on défend le premier amendement. Un fin politicien, ce Al.
C’est sur cette fin apocalyptique que se clôt le disque. Là aussi, la vidéo du concert comporte un titre de plus, The Land Of Rape And Honey, introduit par le discours de Jello Biafra. Mais on ne s’offusquera pas de ce début et cette fin de concert tronquées, déjà parce que l’on ne s’en rend pas compte à l’écoute du CD et surtout, parce que les six baffes que l’on vient de prendre suffisent largement à notre bonheur.

On sentait bien, en écoutant ce live, que quelque chose de grand prenait forme. On ne s'est pas trompé puisque deux ans plus tard, Ministry sortait son fameux Psalm 69, l'album culte par excellence qui a tout déchiré sur son passage.

 

Tracklist de In Case You Didn't Feel Like Showing Up :

01. The Missing
02. Deity
03. So What
04. Burning Inside
05. Thives
06. Stigmata