C H R O N I Q U E

Seattle est une ville à la créativité musicale inégalable. Haut lieu de la culture alternative et du metal, Seattle sait toujours accoucher de projets différents et surprenants. Le combo artistique, au sens large, Midday Veil apporte sa pierre à cet édifice étrange et cosmopolite. Bâti sur un rock psychédélique et progressif, The Current, le second album du groupe, est une vraie expérience initiatique et mystique. En marge de la masse musicale produite quotidiennement, ce disque difficile d’accès, réjouira les patients qui comme moi prendront le temps de l’apprivoiser.

Expérimental au cœur

Même s'il est éloigné musicalement de ce qu’ont produit les mégastars de la ville, Jimmy Hendrix, Chris Cornell et Kurt Cobain en tête, le travail de Midday Veil n’en n’est pas si différent par son approche culturelle underground et expérimentale. Là où d’autres bloquent, Midday Veil ose et s’affiche comme un héritier possible de la musique électronique expérimentale des années 70. Très influencé par le Krautrock, Kraftwerk et Faust en tête, The Current y ajoute des épices venues des Indes, du nouveau monde donnant au tout une teinte mystique.

L’album s’ouvre sur son titre le plus accessible. Le titre éponyme, The Current, est excellent et souligne déjà les forces qui vont soutenir cet album : une rythmique entêtante et répétitive et la voix aérienne de Emily Pothast. Bien que long de près de sept minutes, ce titre pourrait très bien faire les beaux jours de stations radio plus alternatives. Sam Yoder et Garret Moore impriment une rythmique studieuse parfaitement soulignée par le travail de David Golightly aux synthés. Il en ressort un faux air de Stone Roses qui disparaîtra aussi vite qu’il est venu. Les quatre titres suivants sont au cœur du sujet expérimental et mystique. Choreia  est tout en rythme psyché. Le travail de Timm Mason à la guitare et de Jayson Kochan à la basse est réellement déstructuré et semble électroniquement altéré par le son des synthétiseurs. C’est de l’art brut. Remember Child est musical, aérien et proche d’une expérience mystique indienne. Without and Within est entêtant presque enivrant. Sa rythmique est répétitive à souhait et souligne l’intérêt de Timm Mason et David Golightly pour les musiques oriental et hindouiste. Le court Sun Store est un melting-pot expérimental de sons amalgamés et fondus ensemble avec des airs de Pink Floyd et du Tubular Bells de Mike Oldfield. C’est aussi la mise en bouche pour l’excellent Great Cold of the Night qui clôture l’album. Du haut de ses onze minutes et seize secondes, ce titre est le concentré unique de ce que l’album a fourni comme ambiance, musicalité et originalité. La voix d’Emily y fait encore merveille et son intégration avec les autres instruments est parfaite. Cette chanson est construite entre tonalités inquiétantes, riffs puissants, synthés psychédéliques et batterie déstructurée. C’est simplement magique.

Je me suis perdu dans cet album, mais je l’ai aimé au point de le recommander, à vous audacieux auditeurs metalleux. Car au milieu de la furie et du bruit ambiant ce voyage initiatique m’a fait du bien. Je vais garder ce Midday Veil sous le coude afin de le réécouter encore lorsque mon mysticisme perdra de sa vigueur.

Tracklist de The Current :

01. The Current
02. Choreia
03. Remember Child
04. Without and Within
05. Sun Stone
06. Great Cold of the Night

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