Artiste/Groupe:

Metallica

CD:

St Anger

Date de sortie:

2003

Label:

Elektra records / Vertigo

Style:

Thrash Metal

Chroniqueur:

ced12

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Au tournant du millénaire, Metallica était dans une situation assez intéressante. La décennie 90 du groupe fut épique avec le succès délirant du Black Album et les nombreuses polémiques associées à la période Load Reload, ces dernières n’entachant pas le succès commercial croissant du groupe. Garage Inc. avait habilement temporisé en offrant un beau panorama de la carrière du groupe et le concert S&M avec l’orchestre philharmonique de San Francisco, expérience très réussie et ambitieuse, avait rappelé que les Mets restaient à la pointe, encore capable de prendre des risques et de se mettre en danger. 

Sauf que l’après S&M allait se révéler très très compliqué. Le surréaliste documentaire Some Kind Of Monster, très bien chroniqué ici, montrant un groupe perdu entre crises d’égo, pertes de confiance, crises personnelles, décrit superbement bien cette période du groupe. Rappelons en substance la guerre contre Napster, le départ d’un Jason excédé des traitements d’une rare intransigeance de James à son égard (et plus globalement d’une forme de non-acceptation de par le fait de « n’être pas Cliff Burton »), l’entrée en désintoxication d’un James à bout de souffle en pleine crise existentielle et l’enregistrement hautement compliqué de ce St Anger. Dans tout ce fatras, deux hommes ont tenu la boutique et méritent à mon sens des compliments sur ce point. Bob Rock d’abord, fidèle au poste, tenant la basse en studio et faisant un peu ce qu’il peut. Ce sera sa dernière contribution au groupe, un cycle se terminant. Reste que si la production de ce St Anger est plus que contestable (même si à nuancer donnant alors au groupe le son qu’il réclamait), l’ensemble de sa contribution au groupe est plus qu’à saluer. 

L’autre bonhomme c’est Lars. Oui, on peut pas ne pas citer le son de batterie retenue ici (une horreur ! inutile d’y revenir, cela fut déjà assez commenté) mais le mec a tenu la boutique. Déjà, son combat contre Napster où il fut critiqué mérite a posteriori d’être réévalué. Quand on observe l’état de l’industrie du disque depuis, Lars avait raison. Et le plus ironique est que Metallica n’a pas été le plus impacté et que Lars s’est battu (certes pas tout seul) pour l’ensemble des artistes. James à la ramasse, c’est encore Lars qui a tenu la barque à flot et si Metallica a survécu à une telle crise, le mérite en revient grandement à Lars. Bien sûr, le personnage reste par endroit horripilant, le fond étant touché par son attitude lors de la vente de ses tableaux (dans le fameux documentaire). 

Musicalement, St Anger se commente finalement assez vite. Cette volonté de retour au thrash des débuts tape à côté, non par manque de volonté mais par absence quasi-totale d’inspiration. Les Frantic et St Anger sont hautement réussies, rageuses, rapides et à la marge du son de caisse claire, deux belles pépites qui en live feront du reste leur effet. Le reste, pfff, pénible. Pour tout dire, je n’ai pas réussi à me refaire tout le disque d’un bloc tant c’est dur. Excès d’utilisation de Pro-Tools, tentatives malheureuses d’aller vers quelques influences néo, ça ne fonctionne pas. En plus de ce contexte, ce disque souffre d’un problème de fond : vouloir sonner old-school / garage reste louable mais passer un an en studio pour obtenir un tel rendu n’est-il pas absurde ? Dépenser autant d’argent, sortir une grosse production pour sonner « garage », quel paradoxe !!!!! De tout cela, reste un James avec encore de la niak au chant, quelques bons riffs mais un disque franchement difficile à écouter. 

Le groupe, par la ténacité de Lars, tiendra, sortira ce disque, et grâce à quelques bonnes décisions, se remettra en marche. Le recrutement de Robert Trujillo, totale réussite tant humaine qu’artistique, fut une première pierre. Adjoindre au CD un live avec l’interprétation de tous les titres enregistrés dans un garage en fut une autre. Bon, ça sonne aussi comme un bel aveu de « on a foiré la prod’ » mais cela rendait l’objet intéressant et complet. Et en live, les Mets avaient su faire le job et rassuré tout son monde.

Paradoxalement, alors que l’image du groupe aurait pu sortir très écornée avec ce docu qui ne les mettait pas valeur (était-ce du courage de sortir ce docu hautement impudique ? De l’inconscience ? Vaste question), Metallica a encore passé un cap, en France a rempli le Parc des Princes (pour un concert génial) et a acté un statut de Géant de la musique (hautement mérité). Etonnant car ce St Anger reste le témoignage d’un groupe perdu, en quasi-totale manque d’inspiration. A la fin des années 2000, Death Magnetic, sans risque mais très réussi, rageur et efficace, viendra réconcilier tout ça, Metallica étant devenu une institution. St Anger c’est le moment où les Mets ont touché le fond mais s’en sont magistralement relevés. Beau message de rédemption tout compte fait. La rédemption, éternel thème Hetfieldien s’il en est.  

Tracklist de St Anger :

01. Frantic
02. St Anger
03. Some Kind Of Monster
04. Dirty Window
05. Invisible Kid
06. My World
07. Shoot Me Again
08. Sweet Amber
09. The Unnamed Feeling
10. Purify
11. All Within My Hands

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