Artiste/Groupe:

Metallica

CD:

Reload

Date de sortie:

1997

Label:

Vertigo Records / Elektra Records

Style:

Heavy Rock

Chroniqueur:

ced12

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Après la déferlante thrash des années 80 et le délirant succès du Black Album, c’est peu dire que Load avait généré une crispation entre Metallica et ses fans. Ces derniers, heurtés par un disque toujours heavy mais plus rock que metal, des visuels plus arty, des coupes de cheveux bien trop courtes, des attitudes rock-star (je parle du seul cas Lars sur ce point), étaient décontenancés par un groupe ayant sans doute trop évolué au goût de beaucoup avec des attitudes semblant encore trop décalées dans une scène musicale où le grunge avait ramené une bienheureuse sobriété dans les comportements. Heureusement, l’impressionnante tournée avec des shows très aboutis et ayant fait un bel effet avait rappelé que les Mets tenaient encore plus que la route en live (là où Metallica a toujours été à son sommet). Tous ces points méritent d’être relativisés car si une minorité bruyante marquait son mécontentement, le groupe augmentait son auditoire (deux Bercy en 1996 contre un seul en 1992), et une partie de nouveaux venus, plus à l’aise avec le sonorités Load, a fait son apparition, certains d’entre eux rejetant d’ailleurs les premières années thrash du groupe. Tout ce petit monde s’entrecroisant laissait une réelle impression de période "entre-deux".  

Les Mets avaient déjà expliqué lors de la promotion de Load que les sessions furent très productives et que, pour des raisons de timing, quatorze titres furent privilégiés pour être peaufinés et devenir ce fameux Load de la discorde. Revenant en studio après cette si bluffante tournée, les Mets reprirent le job et affinèrent le reste des titres déjà travaillés mais laissés de fait de côté. Démarche d’ensemble cohérente mais qui allait, avec l’inertie, accentuer le malaise avec les fans. On passera sur un Lars perché, expliquant à l’époque que c’était là le meilleur album de Metallica à ce jour (entendu à l’époque chez Zegut sur MCM !) dont on se dira qu’il s’agissait là d’un classique de la communication (Megadeth de mémoire là encore fit de même avec Cryptic Writings, plutôt bon au demeurant). Pour le reste, soyons directs, ce Reload frise l’album de faces B. Unforgiven II fait bien pâle figure à côté du Unforgiven du Black Album et s’il y a de bons riffs, un James en bonne forme bien que commençant ces quelques tics de chant, le tout sonne bon, mais guère plus. Et on parle de Metallica, là.

Reste que ce Reload contient trois titres franchement excellents et, rien que pour ça, ce disque mérite une réhabilitation. Les deux premiers, dégainés à juste titre en mode single, font mouche : un Fuel rageur, enlevé et dynamique à souhait (avec une superbe ligne de guitare en enchaînement de solo), un The Memory Remains dont on peut regretter (ou pas) l’intervention de Marianne Faithfull mais qui offre encore aujourd’hui d’immenses moments en live permettant un super moment avec le public. Et comment ne pas citer Fixxxer dont James disait qu’il s’agissait de son titre préféré avec The Thing That Should Not Be ? Très très grand morceau (qui a certes ses détracteurs, les avis divergents quelque peu). A un degré moindre, Devil’s Dance, présenté lors du Donington 1995, offre un bon moment pour Jason et tient la route.

Au final, la séquence Load / Reload souffre de sacrés malentendus (évolution naturelle du groupe, style bien plus heavy rock) et surtout, à l’instar des deux Illusion des Guns, d’un trop-plein de titres. Il aurait mieux fallu condenser ces deux disques en un, n’en sortir que le meilleur et on aurait eu un sacré bon disque. Il y a vraiment de très bonnes choses sur ces deux albums, et les critiques méchantes de l’époque paraissent avec le recul très injustes. Ok les attitudes et intransigeances renvoyées par le groupe n’étaient pas du meilleur goût avec parfois une certaine arrogance et un rendu très maladroit, un sentiment de ne pas assumer les origines metal du combo ce qui fut perçu par certains comme injurieux. Le groupe, ne cédant en rien sur les critiques, ne fit qu’accentuer le sentiment de malaise avec un réel décalage avec son public "historique". Bien sûr, au-delà de ces critiques, tout ce petit monde ne se fit pas prier pour continuer à aller aux concerts du groupe (toujours au top) et il était sans doute nécessaire et logique que le phénoménal (et bien trop délirant pour pouvoir durer) succès période Black Album ne redescende et que la situation ne redevienne plus normale. On passera aussi sur le Metallica bashing inélégant et opportuniste dont ne se sont pas privés d’autres musiciens alors en vogue (qu’on ne nommera pas !). Conscients de ces problématiques, les Mets auront à cœur de tempérer tout ça avec un Garage Inc. se voulant plus fédérateur et réussissant une belle synthèse de l’histoire de Metallica.

Tracklist de Reload :

01. Fuel
02. The Memory Remains
03. Devil’s Dance
04. The Unforgiven II
05. Better Than You
06. Slither
07. Carpe Diem Baby
08. Bad Seed
09. Where The Wild Things Are
10. Prince Charming
11. Low Man’s Lyric
12. Attitude
13. Fixxxer

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