MEGADETH

Artiste/Groupe

Megadeth

Album

Youthanasia

Date de sortie

1994

Style

Heavy-Metal

Chroniqueur

Mathieu

Site Officiel

http://www.megadeth.com/

C H R O N I Q U E

Abhorré par certains, adulé par d'autres, on aime ou on deteste, mais jamais le Sieur Mustaine et sa bande n'ont laissé indifférent. D'autant qu'avec cette galette délicieusement nommée Youthanasia, Megadeth frappe très fort. Exit le trash old school qui l'a fait connaître et place à un heavy metal classieux et racé comme sur l'album précédent, Countdown to Exinction, mais dans un style plus mélodique, mûr et assuré. Avec cet album, Megadeth propose certainement l'un des ses meilleurs albums, pourtant très éloigné des autres perles que sont Rust In Peace ou Peace Sells...But Who's Buying ?.

Dès le premier morceau, c'est dans du Megadeth 100% que nous plongeons, ce Reckoning Day, un mid-tempo très intense, introduit de la meilleure des façons ce disque de grande qualité qui, grâce à un mixage très efficace, donne sa dose de puissance à chaque instrument et sublime ainsi chaque piste de l'album. D'entrée, Marty Friedman rappelle qu'il est bien présent et nous délivre un solo court, mais de grande classe. Côté rythmique, la patte de Mustaine est également bien présente et distille avec précision des riffs implacables sur tout l'album.

S'ensuit le classique Train of Consequences, à la mélodie accrocheuse, doté d'un riff syncopé abattu par le métronome Mustaine. Autre tube, Addicted to Chaos vient mettre les choses aux points à grand renforts de riff répété à l'envie. Mustaine, habituellement tout en retenue, nous démontre sur ce morceau et sur l'album en général que les envolées vocales ne lui font pas peur. Nous voici arrivé à la chanson qui restera dans les mémoire et le coeur des français, A tout le monde. Cette power ballade fut sans doute le morceau de Megadeth le plus abordable pour le grand public et lui permit d'acquérir une certaine reconnaissance notamment en France. Cette chanson, dotée d'un refrain en français, démontre les capacités vocale du gars Mustaine et ses qualités de compositeur, qui n'a jamais vibré sur ce morceau ?

Le tempo remonte d'un cran avec l'excellent Elysian Fields. Ce titre, très direct, s'avère aussi accrocheur que le reste de l'album, son refrain reste en tête, son riff répété autant que necessaire vient lui aussi se glisser sous votre caboche. Un harmonica vient même se permettre un petit solo et des choeurs s'invitent sur le refrain. Déboule alors l'un des riffs les plus connus de Megadeth.. The Killing Road est certainement l'une de ses meilleures chansons, dans laquelle Mustaine nous narre la difficulté de partir en tournée. Nous en sommes à la seconde moitié de cet album ( dans sa version originale ) et il nous faut arriver à une conclusion : il est très difficile de dégager quelques morceaux au-dessus du lot tant l'album brille par sa qualité et les chansons par l'energie qu'elles dégagent.

Blood of Heroes est un mid-tempo qui vient calmer le jeu belle manière même s'il n'est pas le plus marquant de l'album. Le ciel s'assombrit avec Family Tree, qui traite du sujet délicat de l'inceste. Cela dit le morceau est bien foutu et assez travaillé, mais la chanson suivante, Youthanasia, s'avère bien plus frappante. Dotée de couplets pesants et d'un chant oppressant, la chanson s'écoule ainsi sous une chappe de plomb jusqu'à la libération. Un break suivi d'une accélération bienvenue qui vous scotche les oreilles grâce au frissonnant solo de Marty Friedman ( qui brille sur cet album non pas par des solos démonstratifs mais par de brefs incursions dans les aigus tombantes à point nommés ). I thougt I Knew It All et Black Curtains, les deux morceaux suivants sont peut être les chansons les moins marquantes de cet album. La première s'avère peut être un peu trop molle comparé à l'ensemble du disque, même si elle n'est pas totalement dénuée d'interêt ( ne serait-ce que pour le solo du Seigneur Friedman ). La seconde semble elle aussi manquer d'energie, même si le tempo est plus élevé. Black Curtains se montre plus rythmée, et Mustaine s' en donne à coeur joie avec un riff des plus pesants et un chant dont il a le secret. Malgré cela et un solo mignon, Black Curtains a du mal à scotcher l'auditeur. C'est autre chose quand déboule le dernier morceau de l'album original ( la réédition compte 3 inédits sur lesquels je dirais quelques mots en fin de chronique ), Victory. Ce morceau assez singulier reprend dans ses textes des titres de chansons du groupe. Un bon moyen de montrer que l'on est fier de son parcours, mais que le meilleur est encore à venir. Dans cette chanson entrainante, tout s'avère plutot sympa. Tant le chant de Mustaine, que le riff qu'il délivre, ou même les interventions de Marty qui se lâche légèrement plus que sur le reste du disque. Ce morceau voit aussi nos deux compères se tirer gentiment la bourre sur un petit questions-réponses en shredding. Jolie façon de conclure cet album rondement mené.

Avec cet album, Megadeth marque encore plus le tournant mélodique pris par le groupe avec Countdown to Extinction sorti deux ans plus tôt. Cette voie, plus heavy et mélodique, s'avère aussi plus abordable sans que le groupe ne perde le côté direct et énergique hérité de son trash ravageur. Ainsi il nous offre un album de qualité, mélodique et terriblement accrocheur. C'est à un groupe affiné, affuté par l'expérience et sur de lui auquel nous avons affaire. Les compositions sont plus fines, classieuses et brillantes dans la globalité.

A propos de la réédition de 2004 : Youthanasia est très intéréssant à ce point de vue étant donné qu'il offre, en plus des anciens titres remixés, quatres chansons bonus dont trois sont inédites. Passons sur la version démo de A tout le monde, qui sent effectivement la démo enregistrée à 4h du matin et où Dave à du mal avec le refrain en français. Millenium of the Blind et New World Order sans être mauvaises, n'ont rien de marquantes. Mention à Absolution, qui est un instrumental très reussi et nuancé, fort agréable à écouter.