C H R O N I Q U E

Novum Initium, c'est le cinquième album de Masterplan, groupe qui, on ne va pas se mentir, a toujours eu un peu de mal à confirmer le super potentiel pressenti lors de ses débuts (ahhh, le single Enlighten Me). "Inégale" est un terme qui revient en effet assez souvent quand il s'agit de décrire la carrière de la bande à Grapow. Novum Initium, pour ceux que le latin rebute, ça veut dire "nouveau commencement". Encore. Oui, Masterplan n'en est pas à son premier nouveau départ. Il y avait eu MK II, le troisième album, qui marquait une nouvelle ère de (très) courte durée avec Mike Dimeo au chant et Mike Terrana à la batterie. Puis avec Time To Be King, on nous annonça le retour de Jorn Lande derrière le micro et par la même occasion, les fans se mirent à espérer un grand disque, sauf que cet album est loin d'avoir convaincu tout le monde... Et depuis 2010, date de sortie de cette fameuse déconvenue, il ne s'est pas passé grand chose. Mais voilà, Roland Grapow n'a pas dit son dernier mot. Il est de retour et le titre de ce nouvel opus trouve sa justification dans la modification d'une bonne partie de l'équipage du navire Masterplan. Jorn Lande s'en est encore allé, Mike Terrana et le bassiste Jan S. Eckert ne sont plus là non plus. C'est donc le nouveau mercenaire en vogue Rick Altzi (At Vance, Thunderstone, Herman Frank...) qui relève le défi de succéder à Jorn. A la basse, on retrouve un certain Jari Kainulainen (ex-Stratovarius, ex-Evergrey, ex-Symphonia), et c'est Martin Sharoupka de Cradle Of Filth qui est en charge de la maltraitance des fûts. Ces changements vont-ils être profitables à Masterplan ou vont-ils au contraire le précipiter un peu plus vite vers l'anonymat qui le menace depuis un moment ? 

Dès la courte introduction d'une minute intitulée Per Aspera Astra (restent-ils encore des albums de power mélodique qui ne débutent pas par une intro avec un nom latin ?) qui reprend vaguement le thème de Lonely Winds Of War (titre disponible sur l'album précédent), une première constatation s'impose : encore une fois, le son est énorme. La qualité de la production est peut-être une des seules constantes chez Masterplan. Cette courte instru est épique et la batterie fait une entrée très remarquée avec quelques petits passages de double grosse caisse bien efficaces. S'ensuit la première chanson, The Game, au tempo forcément enlevé, à la mélodie agréable, au refrain épique souligné par de la double grosse caisse qui va bien. Rien de très surprenant, mais un morceau bien efficace qui s'écoute avec plaisir. Et cette dernière phrase s'applique à la plupart des autres compos de Novum Initium. Le single Keep Your Dream Alive, mid-tempo mélodique au riff bien gras, ne s'impose pas comme la compo de l'année mais le boulot est bien fait. Black Night Of Magic fait un peu mieux en accélérant le rythme et proposant un refrain particulièrement accrocheur. Les pistes passent et on ne s'ennuie pas. On constate que Masterplan nous déploit un arsenal de compos qui rappelle assez bien tout ce que le groupe sait faire depuis ses débuts, sans trop chercher à nous bouleverser, mais en offrant une poignée de titres mélodiques, efficaces, à l'interprétation et à la production exemplaires. Pour du power lourd et sombre à l'intro orientalisante, vous pourrez vous tourner vers la puissante Betrayal (à qui il manque juste un refrain vraiment mémorable, dommage). Dans le style gros heavy à la rythmique écrasante, Earth Is Going Down remplit bien le contrat aussi. Voilà un morceau au riff noir comme Roland les affectionne depuis l'épisode The Dark Ride d'Helloween. Pas mal. Mais il y a aussi des chansons plus enlevées et mélodiques comme No Escape, et surtout Return To Avalon qui vient apporter une touche un peu plus légère et épique à l'ensemble. On trouve aussi le gros morceau de dix minutes qui n'est autre que la chanson titre qui clôt l'opus. Un très bon titre puissant, sombre et changeant, sur lequel Rick Altzi fait varier son chant (jusqu'à pousser l'imitation de Jorn un peu loin sur certains passages) et se montre assez impressionnant. 

Novum Initium, c'est vraiment du bon boulot, les nouveaux musiciens s'acquittent de leur tâche avec brio, mais la prise de risque est somme toute assez limitée. Certaines compos ont un air de déjà entendu, Rick Altzi rappelle / imite Jorn assez régulièrement tout au long de cet album... mais comme les chansons sont pêchues et sympas, ça passe bien. Quelques morceaux sont moins marquants que d'autres (il n'y en a cependant pas de mauvais) et il ne s'agit pas d'un disque qui me procure de grands frissons, mais Grapow a relevé la tête et nous offre un opus heavy et mélodique puissant, savamment produit, bien ficelé et donc très agréable. J'ai encore du mal à considérer Masterplan comme autre chose qu'un combo de seconde division dans la mesure où la petite touche de génie qui fait la différence manque toujours à l'appel, mais je ne boude pas mon plaisir. Novum Initium est un disque tout à fait honorable qui devrait rassurer voire ravir les fans.

Tracklist de Novum Initium :

01. Per Aspera Ad Astra
02. The Game
03. Keep Your Dream Alive
04. Black Night Of Magic
05. Betrayal
06. No Escape
07. Pray On My Soul
08. Earth Is Going Down
09. Return From Avalon
10. Through Your Eyes
11. Novum Initium

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