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Marillion
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C H R O N I Q U EChroniquer un album de Marillion est toujours une tache ardue. Et ce Sounds That Can't Be Made ne fait pas exception à la règle. C'est le 17ème album du groupe en bientôt trente ans de carrière. L'album sort chez Rackets Records, la maison de disque que le groupe a créé pour garder son indépendance vis à vis du music business. Résultat des courses : ils sont totalement libres de faire ce qu'ils veulent et laissent libre cours à leur créativité. Ce dernier opus de soixante-quinze minutes représente encore une œuvre qu'il faut découvrir, et apprendre à écouter avant d'apprécier. Les impatients remarqueront seulement Sounds That Can't Be Made et Power. Le premier est un excellent morceau mid-tempo, avec une grosse présence des claviers de Mark Kelly et le chant de Steve Hogarth, toujours aussi énorme dans la catégorie émotion pure. Sur la fin, le morceau évolue un peu vers du plus progressif, toujours mené par les claviers, rejoints ensuite par un Steve Rothery des plus inspiré. Ce gars à vraiment de la magie dans les doigts. Le deuxième morceau facile à capter c'est Power, super groovy, mené cette fois par une ligne de basse superbe de Pete Trewalas, accompagné de son acolyte Ian Mosley à la batterie. Steve n'a plus qu'a poser un refrain magnifique dont il a le secret pour vous faire chavirer. Pour moi le meilleur morceau de l'album. Ca, c'était pour les impatients, mais pour les autres on va se pencher un plus en profondeur sur les autres pièces de cet album. D'abord sur le premier morceau, Gaza, avec ses dix-sept minutes cinquante, c'est un des morceaux les plus longs de Marillion depuis bien longtemps (Ocean Cloud sur l'album Marbles). C'est aussi un morceau engagé, car c'est bien du problème israélo-palestinien dont ils s'agit, et ce vu des yeux d'un enfant de Gaza. Marillion ne nous avait pas souvent habitué à des textes engagés. Le texte est assez dur, écrit par Steve, il dénonce une injustice "It Just Ain't Right", et quelques réactions qui découlent de cette situation qui perdure (fanatisme, martyrs, commandos suicide). Dans le livret, à côté du texte, Steve H explique sa démarche et les conversations qu'il a eu avant d'écrire ce texte. Il précise le fait qu'il n'a rien contre les juifs d'Israël, mais que la situation de Gazza ne peut plus durer. Musicalement c'est un bon morceau qui se découpe en quatre parties. Une intro d'une bonne minute de bruits de rue (de Gaza je suppose) se fait à peine entendre avant que la musique ne commence réellement. Elle se fait assez agressive, collant de près au texte. Steve est a son aise, son métier est clairement celui de colporteur d'émotion. Steve R sort aussi les griffes pour un solo un peu thrash comme on en entend rarement de sa part. Au bout de cinq minutes, le break vous transperce le cœur, juste clavier et voix (mais quelle voix) : "For every hot-head stone, a hundred come back". A partir de six minutes trente, le ton redevient dur, pour accompagner une description de la dureté de la vie des habitants de Gaza. Le son des claviers et des guitares accentuent l'effet. Et puis à partir de huit minutes trente, on passe dans une autre dimension, plus planante et lente, avec un solo magnifique de Steve R qui accompagne le crève-cœur de Steve H : "It Just Ain't Right". Du grand Marillion qui fait frissonner ! Puisque j'en suis à parler des morceaux fleuve, je vais passer à Montréal (prononcé à l'anglaise : Mont-trait-ale). C'est encore un long morceau de quatorze minutes, qui nous parle d'un autre coin du monde. Pourtant, l'ambiance ici est bien plus légère, et si la musique s'écoute gentiment, les paroles sont nunuches à souhait. Steve raconte sur un ton de doux hippy rêveur leur dernière visite dans la ville canadienne. Le problème c'est qu'il ne se passe pas grand chose. Ils prennent un taxi, ils arrivent à l'hôtel, le réceptionniste leur souhaite la bienvenue à Montréal, il monte dans sa chambre, il fait du Skype avec son gamin, c'est génial, vive la technologie, mais bon je trouve qu'après la gravité de Gaza, on a du mal a rentrer dans la visite de Montréal. Le morceau mue au bout de cinq minutes en quelque chose de plus planant avant de reprendre son rythme nonchalant. Les claviers de Mark me semblent sonner très Marillion années 80, c'est marrant. C'est bien chanté, même si les textes me laissent un peu perplexe, et Steve R vient encore poser de jolis petits solos. Au final, un très bon album (de plus) de Marillion, subtil, fin, recherché, avec tout de même deux morceaux évidents et faciles d'accès. Si Mark Kelly semble un peu plus présent, on ne peut que constater une réelle homogénéité dans le groupe, une recette optimale, un savant mélange au service de la mélodie et de l'émotion. On sent le groupe totalement libéré et libre de créer pour le plus grand plaisir de son infaillible fanbase. Une fois de plus, on ne peut qu'être admiratif du chant incroyable de Steve, des mélodies de Mark et des solos de Steve toujours aussi magiques. La pochette, de Simon Ward, est de toute beauté, ce qui ne gâte rien. Sound That Can't be Made? Ben on dirait que si finalement...
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