Artiste/Groupe:

Lofofora

CD:

Le Fond Et La Forme

Date de sortie:

2003

Label:

Style:

Fusion

Chroniqueur:

JeanMichHell

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Lofofora, qui en 2003 compte déjà trois albums et un double live, peut apparaitre comme un petit nouveau à bien des égards. En effet, la bande à Reuno a beau avoir dix ans, il n’empêche que c’est un Lofo tout neuf qui se présente avec Le Fond Et La Forme. Il semble assez logique, lorsque l’on change deux musiciens sur trois, qu'un certain nombre de changements s'opèrent. Au revoir Edgar Mireux et bonjour Pierre Belleville. Le monsieur est déjà bien connu des amateurs de batterie puisqu'il exerçait ses talents dans Artsonic. Mais on compte également le départ de Farid Tadjene et l’arrivée de Daniel Descieux que connait bien M. Phil Curty grâce à une collaboration fructueuse dans Noxious Enjoyment.


Autre nouveauté, Lofofora fait connaissance avec « la reconnaissance des médias ». Pour la première fois, le groupe se plie au jeu de la promotion tout azimut et participe à quelques farces comme Top of the Pop ou encore au "Fou Du Roi" avec Sieur Stéphane Bern. Assez bizarrement, le groupe ne rééditera pas l’expérience… Va comprendre Charles…

Voilà pour ce qui est de la forme… Mais sur le fond, que vaut cet album ? Première chanson et premier élément de réponse, introduction en percussion et batterie, puis premier riff et on sent de suite que cet album va être différent des autres productions. Il faut d’ailleurs saluer l’évolution dans la qualité du son général de l’album qui est "aux petits oignons." C’est un plaisir d’entendre que les influences sont digérées, et même si elles sont portées par un groupe « jeune », les compostions font preuve d'une cohérence comme si ces quatre gaillards étaient ensemble depuis vingt ans.


L’album est également un des plus longs de leur carrière, il contient près de quatorze titres pour plus d’une heure au total. Mais c’est avant tout un voyage émotionnel que nous propose les Lofos, entre rage à tendance hardcore sur Carapace ou sur le génialissime Psaume CAC 40. Bon il faut être clair, Daniel a une manière d’appréhender son instrument qui change le son du groupe, il est plus tranchant que Farid et utilise assez peu de solo sur cette galette. Des morceaux plus mid-tempos comme A la guerre, qui fait froid dans le dos, ou encore Série Z sont deux exemples de titres qui offrent une couleur différente à l’album. Et enfin, quelques perles de douceur dans ce monde de brutes avec des titres comme Bienvenue ou Histoire Naturelle qui permettent une respiration dans cet album globalement intense malgré ses différentes nuances.


Et puis des textes qui abordent l’ensemble de nos travers, nous petits êtres humains, qui grâce à l’égo nous poussent à ne rien faire pour l’être (égaux)…  La guerre, la bourse, la naissance, la mort, tout y passe avec une écriture à la fois simple, pointue, parfois désabusée mais toujours d’une clairvoyance absolue :

"Comment imaginer que sans nous ça puisse être pire ? Et me voilà accablé par ce constat macabre, pourquoi ce maudit macaque est-il descendu de son arbre ? Pour se raser les poils, porter une cravate, inventer le travail, la pensée étroite et les mains moites, aller faire chier les girafes, bétonner la savane. Depuis les chiens aboient quand passe une caravane."

Voilà encore un coup de maître de la part du cactus magique qui mue à chaque nouvelle sortie. Il n’y a pas grand-chose à ressortir de négatif sur ce Le Fond Et la Forme, ce qui explique en partie que les Lofos aient autant tourné pour défendre leur nouveau chef d’œuvre.


Tracklist de Le Fond Et La Forme :

01. Le Fond et la Forme
02. Série Z
03. Social Killer
04. Histoire Naturelle
05. Auto-Pilote
06. Ici ou Ailleurs
07. Comme à la Guerre
08. Requiem pour Moi-Même
09. Psaume CAC 40
10. Bienvenue
11. Alarme Citoyens
12. Carapace
13. L'Emprise
14. Bienvenue (reprise)