Artiste/Groupe:

Limp Bizkit

CD:

STILL SUCKS

Date de sortie:

Octobre 2021

Label:

Suretone

Style:

Nu Metal

Chroniqueur:

ced12

Note:

14/20

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Ah Limp Bizkit, sujet compliqué s’il en est. Enfin complexe non, rien ne l’est en soi, c’est nous qui rendons les choses ainsi mais il faut admettre, le groupe américain est particulièrement clivant. Retour en arrière à la fin, des années 90. Limp Bizkit débarque en force dans la foulée des suiveurs de Korn dont l’album éponyme paru en 1994 fut une déflagration. Le hic c’est que là où Korn offrait une vision sombre, dark, Limp Bizkit offrait une variante aseptisée, ultra légère pour ne pas dire superficielle. Paroles inconséquentes, personnalité ne laissant pas indifférent. Tatoueur à la base (c’est ainsi qu’il fit la connaissance de Fieldy bassiste de Korn venu jouer live à Jacksonville et qui en avait profité pour se faire ajouter un autre tatouage), le frontman a connu comme beaucoup d’artistes confrontés au succès un phénomène de prise de grosse tête autrement appelé melonite aigüe. De nos jours, cette déviance semble plus s’en prendre aux footballeurs qu’aux artistes, c’est déjà ça de gagné.

Le succès délirant connut son apogée avec Take A Look Around, Bo du Mission Impossible 2 qui fut un réel phénomène culturel. Ensuite, le reflux de la scène néo metal (renommée nu metal depuis sans que j’en sache la raison) a vu le déclin très rapide de Limp Bizkit, pas son représentant le plus abouti et forcément le premier à être taxé de désuétude vu l’acrimonie générée par son vocaliste. Départ, puis retour, puis re-départ, puis nouveau retour de son acolyte Wes Borland, Limp Bizkit ne semblait alors plus correspondre à son époque, ne savait pas trop aller et ne dut sa survie qu’à la nostalgie d’une génération profondément marquée par l’énergie dévastatrice du combo. 

Deux décennies plus tard, le groupe n’a guère proposé de nouveaux sons (Gold Cobra en 2011) et douze ans après débarquait ce STILL SUCKS au patronyme nous précisant d’entrée que le ton serait toujours redneck US bas du front assumé (Beavis & Butthead autrement dit). Toujours autant autocentrés, les textes de Fred Durst témoignent d’un frontman toujours aussi hors-sol dont on ignore vraiment le niveau de second degré et / ou la lucidité sur son personnage public. Cet album est un peu déroutant, comme si le groupe naviguait entre fan service et volonté de vivre avec son époque. En ressort un résultat bancal entre chants puissants, moments plus doux. Reste une certaine désuétude. Les passages rapés renvoient un peu vers Eminem, lui aussi déjà un peu taxé d’obsolescence (le statut culte n’arrivera que plus tardivement mais il arrivera n’en doutons point). Ces passages ne sont franchement pas convaincants. Dit autrement, cet album propose un voyage musical riche en diversité, mais il ne plaira pas forcément à tous les auditeurs en raison de son ton décalé, qui ne suit pas toujours les tendances actuelles. De résolument moderne dans les années 90, voilà le groupe devenu gentiment ringardisé. 

Rien de bien méchant, Limp Bizkit garde sa patte et soyons honnêtes continue de plaire sur son glorieux passé avec des shows nostalgiques où toute une génération retrouve ses souvenirs de lycée. Du fun à l’état pur, assez bas du front mais un plaisir coupable incomparable. Reverrons-nous un nouvel album ? Je n’en sais rien, m’en moque un peu mais me dis que j’aimerais bien les voir live un jour. C’est là qu’on ressent le temps qui passe, quand on commence à ressentir ce doux nectar des vieilles sonorités.

Tracklist de Still Sucks :
 
01. Out Of Style
02. Dirty Rotten Bizkit
03. Dad Vibes
04. Turn It Up, Bitch
05. Don’t Change
06. You Bring Out The Worst In Me
07. Love The Hate
08. Barnacle
09. Empty Hole
10. Pill Popper
11. Snacky Poo
12. Goodbye
 

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