Cas compliqué à appréhender que Limp Bizkit. Succès colossal en pleine vague nu-metal, Limp Bizkit en a incarné le style jusqu'à la caricature. Passages rapés ultra assumés, son de guitares bien burnées, chanteur parfaitement insupportable en mode crise d'égo surdimensionné, musique hautement radio-compatible. Très clairement, Limp Bizkit a autant accumulé succès populaire que critiques plutôt acerbes. Deux décennies ont passé, le groupe continue son bout de chemin, le line-up s'est stabilisé (après d'incessants allers-retours du charismatique mais réputé ingérable Wes Borland), les passages en live font encore le plein et Limp Bizkit a même sorti un album encore en 2017, disque dont j'ai eu de bons échos. Alors, pourquoi ne pas revenir un peu sur un des cartons du tournant du millénaire ?

En l'an 2000, Limp Bizkit sortait là son troisième album dans la foulée d'un Significant Other qui s'était déjà écoulé par palettes entières (autre époque, où soit dit en passant les guitares avaient encore une existence "légale" dans les radios nationales. Vingt ans après, on regretterait presque que de tels groupes soient sur le devant de la scène) porté par des titres irrésistibles comme Nookie ou autre Break Stuff. Ce Chocolate Starfish ... (au titre bien lourd, joli symbole de ce que Fred Durst renvoyait comme image) enchaînait parfaitement avec là encore la même recette ... et aussi un sacré paquet de bons morceaux. Take A Look Around réussissait l'exploit de rendre le Mission Impossible 2 supportable (même si je me dois d'y associer la bonne tenue du I Disappear de Metallica) et très honnêtement, ce morceau est diaboliquement génial. Mélodie intemporelle, guitares survitaminées, le tout fonctionne toujours à merveille. Et c'est la même pour des Rollin' (Air Raid Vehicle), My Generation. Aussi pénible puisse être la formule couplet rap, refrains chantés dopés au gros son, force est de reconnaître le haut potentiel commercial.

Certes, le personnage Fred Durst sur lequel je ne vais pas m'acharner n'aura jamais incarné la sympathie (contrairement à des Jonathan Davis, Chester Bennington et Mike Shinoda) mais un type qui vous avoue avoir vu le film Fight Club vingt-huit fois (Livin' It Up) ne peut pas avoir que des défauts !! Plaisanterie à part, les paroles ont toujours semblé peu abouties (#euphémisme) mais le flow reste efficace. Les parcours de Limp Bizit et Linkin Park furent assez comparables (deux cartons commerciaux consécutifs) et si Linkin Park s'en sortit très honorablement avec un Minutes To Midnight certes imparfait mais attachant avant de franchement décliner artistiquement ensuite, Limp Bizkit garda un cap sans prise de risque aucune mais non sans une certaine efficacité. Deux approches opposées, mais que proposer artistiquement quand on a conquis la planète (problématique qu'un certain Metallica rencontra en son temps en préparant Load). N'en reste pas moins que Limp Bizkit aura marqué son époque et que sa musique, si superficielle qu'elle puisse être, reste plutôt fun à écouter et que Wes Borland reste un super gratteux.

Tracklist de Chocolate Statfish And The Hot Dog Flavored Water :

01. Intro
02. Hot Dog
03. My Generation
04. Full Nelson
05. My Way
06. Rollin' (Air Raid Vehicle)
07. Livin' It Up
08. The One
09. Getcha Groove On
10. Take A Look Around
11. It'll Be Ok
12. Boiler
13. Hold On
14. Rollin' (Uran Assault Vehicle)
15. Outro