Led Zeppelin

Artiste/Groupe

Led Zeppelin

CD

IV

Date de sortie

1971

Style

Hard Rock

Chroniqueur

Hellblazer

Site Officiel

Myspace

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C H R O N I Q U E

Led Zep I nous avait scotché, fondateur, le II explorait de nouveaux horizons, le III confortait la position du groupe, éclatant de classe. Etait-il possible de faire encore mieux ?

Incroyable mais vrai : OUI !

Ce "IV" assied très haut la main le talent d'un combo hors norme, tout d'abord en épurant son oeuvre de toute reconnaissance visuelle, désireux que le public soit conquis par la musique et non par une réputation internationale déjà acquise. Le management du groupe, à l'époque, a crié au suicide commercial, mais le génie de Page a prouvé le contraire. Seuls les 4 logos des membres sur la pochette interne laisse planer l'ombre visuelle du dirigeable sur le disque.

Entrée en matière en fanfare avec un "Black Dog" tonitruant : le Zep est de retour dans la lignée du "I". Riff imparable, les points sont mis sur les "i", ça envoie du gros. "Rock'n'roll", que n'aurait pas renié AC/DC (Plant et Scott étaient potes) dans la foulée, enfonce le clou : titre purement... rock'n'roll (!) avec une ligne de basse ronflante. Fallait oser. Votre pied est pris d'une irrésistible envie de marquer le tempo. On est emporté, à la façon d'un "Let the Music Do the Talking" d'Aerosmith, dans un tourbillon roots jubilatoire, pour se poser en douceur sur un majestueux "The Battle Of Evermore" : ce titre, inspiré par la bataille écossaise du même nom, transpire les ambiances celtiques mystiques chères à Robert Plant : sur une ligne de guitare accoustique enjouée, fouillée, cristalline, complexe et lumineuse de Page, Plant narre les évènements dans une atmosphère suspendue, fragile et surpuissante qui, tout en relatant un combat, donne le frisson par sa sobriété étincellante. Titre emblématique du groupe, il constitue une mise en bouche princière pour LE mythe Led Zep : "Stairway To Heaven". Que dire qui ne l'ait déjà été ? 6.20mn de crescendo à fleur de peau sur une mélodie de génie, un break superbe, et un final béton dopé à la testostérone avec un riff que tout le monde connait : une merveille à l'état pur... LE chef d'oeuvre de Led Zep.

La face B démarre avec "Misty Mountain Hop", morceau empreint de blues/country/folk très gai, présentant une certaine complexité qu'il convient de disséquer pour l'apprécier pleinement. "Four Sticks" est joué par Bonham à 4 baguettes : titre fort en mid-tempo carré truffés de gimmicks rythmiques déments, il se développe au gré d'une jam excellente. Puis vient un sublime "Going To California", chargé d'atmosphère ensoleillé et torride, parfois lourde, qui crée une trame superbe et permet à la chanson de monter naturellement au firmament sur une ligne accoustique de génie (encore !) soutenue par un section rythmique bien sentie. Quant au final "When The Levee Breaks", c'est un blue énergique et déjanté, magnifiquement chanté par un Plant hanté, qui clôture le disque en feu d'artifice rock/blues du plus bel effet, nous laissant dans une semi-transe avec un goût de trop peu.

Conçu dans la bucolique mais ténébreuse Headley Grange, refuge inter-tournées du groupe pour se resourcer, ce disque est très spontané, mais bénêficie en revanche d'un énorme travail de peaufinage et de production, véritable travail d'orfèvre ciselé par un Jimmy Page en plein maturité. En cet endroit si particulier, le groupe s'est régénéré et retrouvé. Fortement axé sur la guitare accoustique, il respire les 70's, mais annonce déjà une vraie modernité, et c'est ce paradoxe qui charme sur "IV", immense chef d'oeuvre entré depuis 40 ans au panthéon du rock.

Indispensable et culte !