Le Blaise, rappelez-vous de ce vieux singe pas toujours si sage, qui nous rappelait avec malice au mois de novembre que c’est à la fin de la saison que l’on comptera les forfaits et les hauteurs de neige ... Alors oui, nous y voilà enfin à établir compte et décompte, et après cet hiver pénible, il reste pourtant encore de quoi sortir les lattes. Cependant le gout pour la glisse s’est évaporé avec les premières mini-jupettes et les jolies fleurs printanières, et ça, amis lectrices et lecteurs, vous l’avez bien compris.
Ainsi, encore et toujours installé aux tisons, on se prépare une fraiche mousse musicale abandonnée au frigo pour des jours moins bons. Belle mousse scandinave, dont les premières écoutes abandonnées de-ci de-là sur le Net, titillaient déjà l’oreille de l’amateur du rayon Folk Metal, d’obédience Polka-Pagan. Voici donc le dernier Korpiklaani(que je n’ai jamais su écrire, ni prononcer correctement depuis 20 ans) et son très attendu Rankarumpu, étoffé de douze titres.
Ce Rankarumpu abandonne les traditionnelles chansons à boire aux alcools forts, pour vous servir un potage aux herbes sombres, un brouet épais, une véritable soupe de sorcier pagan, un consommé épicé de saveurs scandinaves, une potion d’amours funestes. Ce new breuvage, aux douces saveurs peace and love est l’aboutissement de quatre années de travail, l’on ressent de l’attention, de l’implication et de la patience. Ces trois belles qualités exploseront à vos oreilles au fur et à mesure des écoutes, comme une évidence, grâce à une production soignée et à la recherche (sans doute si peu simple) à accorder une somme époustouflante d’instruments de tous bords (nombreux se cassent les dents sur cet exercice pour lier le matos Metal, un violon, un accordéon, un fluteau, un pipeau et consorts (n’est-ce pas Eluveitie?)). Enfin, je vous le souhaite, car fans de la formation et de ses six membres fous furieux de musique endiablée, vous risquez de souffrir à l’écoute de ce douzième album. Vous risquez d’être en peine de la même manière que les aficionados de Kaamelot quand ils ont découvert la saison 5. Exit la franche rigolade à s’en taper sur les cuisses, balayés les dialogues désopilants, viré l’esprit potache et oust l’esprit franchouillard ... En effet, Korpiklaani nous délivre ici son album éminemment le moins sautillant, le moins entrainant, peut être même le moins fédérateur depuis les débuts de leur longue carrière. Forcément plus sombre, moins facile d’accès, vous pourriez regretter les anciens breuvages d’autrefois (Vodka, Tequilla, Lets Drink..), tout comme vous pourriez être submergés par le niveau de créativité de la bête de scène et leader Jonne Järvelä, artiste sincère et engagé à vous faire bouger les fesses. Car, moins prosaïquement, cette formation doit être goutée sur scène, lieu où toutes leurs saveurs exploseront jusque dans vos mollets. Fans vous le savez, vous les avez déjà goutés dans un fest-estival, et ils en ressortaient immanquablement avec un trois étoiles au guide Mich’hell.
L’on ressent toujours et encore dans ce dernier album, l’énergie nucléaire bien présente de ce "vieux" groupe dans cette douzième contribution. Les six copains de bringue, délaissant les énergies molles, modes, renouvelables et dispensables comme l’éolienne, ou capricieuse comme celle envoyée par le soleil, balancent à l’infini cette éruption de rayons alpha bêta et gamma d’une rare puissance. Cependant, les premières écoutes seront sans doute ambigües, car il vous manquera peut-être un ou deux titres phares dont ils détenaient le secret jusque là. C’est ainsi, mais je vous propose les deux suivants, Saunaan et Aita, tous deux de très belles factures.
Je vous recommande également le remarquable Haihainen Höyhen, sans doute futur classique dans l’univers Korpis et folkement magique, ainsi que le tonitruant Tapa Sen Kun Kerkeet construit autour d’une rythmique batterie/bass intrépide et défrisante.
Vous remarquerez qu’en vous présentant les deux exemples vidéos, Saunaan et Aita, qui démontrent merveilleusement bien l’inverse de mon propos, soutenu au-dessus, je viens de me prendre les pieds dans le tapis. Et quand on met autant de cœur à l’ouvrage pour se démonter, et bien l’on mérite un grand coup de pied au cul. Vous en conviendrez !
Comme vous conviendrez à la lecture de cette chronique, que ce ne devait pas être très clair dans mon esprit. Une sorte d’ascenseur chronical, où les impressions passent du bof au wouah en trop peu de temps, des 5 étoiles aux 2 étoiles ... se traduisant par une note oscillant entre 12 et 16. A l’instar de ma saison de ski, empruntant l’ascenseur hivernal capricieux du flocon. Amies lectrices et amis lecteurs, ne m’en voulez pas trop.
Track list de Rankarumpu :
01. Kotomaa 02. Tapa sen kun kerkeet 03. Aita 04. Saunaan 05. Mettään 06. Kalmisto 07. Rankarumpu 08. No perkele 09. Viikatelintu 10. Nouse 11. Oraakkelit 12. Harhainen höyhen