En 1994, Korn avec son premier album avait fait une sacrée sensation dans un monde musical déjà bien chamboulé par la déferlante grunge. Premier album bluffant avec une approche révolutionnaire au niveau son notamment. Cette basse qui slappe, ce chant si spécifique de Jonathan Davis, ces guitares aux sonorités dissonantes, cette atmosphère étouffante, ce visuel inquiétant, l'influence du hip-hop : tout cela est déjà bien décrit dans la chronique de ce premier disque.

Succès (critique notamment) oblige, Korn a enchaîné une immense tournée puis l'enregistrement rapide de ce Life Is Peachy. Comme souvent avec des jeunes groupes cartonnant sur leur premier album, le second est dans la totale continuité, y compris visuelle. C'est assez logique quand on y pense : les groupes accumulent pas mal de compos jeunes, en choisissent une grosse dizaine pour le premier disque puis, par facilité / manque de temps, piochent dans ce stock initial pour enchaîner rapidement (avec la pression d'une maison de disques maligne). La cohérence artistique est donc bien présente et cela peut aussi expliquer le décalage parfois ressenti sur un troisième album qui fait l'objet d'un vrai et nouveau processus de composition.

Sur ce Life Is Peachy, on prend les mêmes et on recommence (variante : on ne change pas une équipe qui gagne !). Même producteur Ross Robinson, même son, même dynamique générale. Bonne nouvelle, quand, par exemple, le second Machine Head était aussi dans une totale continuité, le niveau déclinait légèrement. Ici, je trouve même ce Life Is Peachy un poil supérieur sur les compos. Les tornades Good God et A.D.I.D.A.S (acronyme de All Day I Dream About Sex, d'une grande finesse le Jonathan Davis !) fonctionnent très bien et sont de sacrés bons titres, encore aujourd'hui. Le chant de Jonathan Davis est bien tordu et si j'ai quelques réserves sur la musique de Korn, il y a de sacrées bonnes choses dans tout ça. Fait amusant avec le recul : les formats des morceaux sont très courts (entre deux et trois minutes). Les thématiques sont toujours aussi sombres (cette pochette, glauque !). Point de cornemuse (enfin si, l'ami Orion me rappelle au bon souvenir de Low Rider), de larmes du chanteur, juste un bel enchaînement de bons titres.

Je ne m'en cache pas, je suis passé à côté de la scène néo-metal et je ne suis pas fan du groupe mais les deux premiers Korn ont bien marqué leur époque, changé la donne dans le monde de notre musique et ont leur place ici. La production n'est pas passée inaperçue et Ross Robinson en a bien profité. Bien sûr, cela a déplu à pas mal de monde (inutile de revenir sur The Burning Red !!) mais ce n'est pas le lieu de juger de la qualité de la scène néo-metal. Précurseur d'une scène qui va bien s'engouffrer dans la brèche ouverte par les cinq Californiens. Pour le vrai carton commercial, il faudra attendre le disque suivant.

Tracklist de Life Is Peachy :

01. Twist
02. Chi
03. Lost
04. Swallow
05. Porno Creep
06. Good God
07. Mr. Rogers
08. K.....!
09. No Place To Hide
10. Wicked (avec Chino Moreno)
11. A.D.I.D.A.S
12. Lowrider
13. Ass Itch
14. Kill You