Artiste/Groupe:

Klone

CD:

Meanwhile

Date de sortie:

Février 2023

Label:

Kscope

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Didier

Note:

17/20

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Pas si simple que ça de chroniquer un album de Klone. Je suis fan depuis que j’ai croisé le groupe en 2011, en première partie de King’s X à Lyon. Depuis ils ont entamé un virage musical vers une musique plus progressive, plus planante, moins metal qu’à leur origine, donc plus à mon gout ce qui m’a permis de chroniquer les derniers albums mais à chaque fois c’est un peu la même chose. A la première écoute, on se dit que c’est bien, mais que ça vaut pas le précédent et on boude l’album pendant quelques temps. Et puis on y revient, on réécoute et tout à coup, quelque chose cède et on tombe dedans. C’est sans douleur, rassurez-vous, c’est même tout le contraire. Dans Le Grand voyage j’avais flashé sur Yonder, vue en exclusivité en live au Hellfest. Bluffant ! Cette fois-ci, pourtant, j’ai eu la chance de voir Klone cet été lors du Ready for Prog? Festival de Toulouse mais j’avais pas accroché trop aux deux nouveaux morceaux présentés (Within Reach et Bystander), il faut dire qu’il y avait 8 groupes sur une seule soirée ce jour-là et que la fatigue se faisait vraiment sentir, après nos 6 ou 7 heures de route. 

Mais voilà, après avoir écouté Le Grand Voyage, ce Meanwhile me paraissait n’apporter rien de nouveau dans l’univers Klone. Sauf qu’après quelques écoutes, il a bien fallu se rendre à l’évidence c’est encore un putain d’album, une nouvelle base de référence même. D’abord la production est superbe, confié à Chris Edrich, le son, est limpide, sur de bonnes enceintes c’est du délire. Le contenu est dense, intense, toujours très mélancolique, mais avec une certaine dose de hargne contrôlée, qui passe dans le chant de Yann Ligner mais aussi dans des variations d’intensité de la musique, dont Klone a le secret. La pochette représente d’ailleurs assez bien cette ambivalence, mélancolique et hargneuse avec ce ciel torturé, dans lequel les nuages laisse apparaitre un ours qui hurle. D’après les interviews du groupe, le thème de l’album tourne autour du meilleur et du pire de l’humanité. Sacré programme sachant, qu’à mon avis, il y aurait de quoi faire une quadruple album rien qu’avec le pire. Sans être un quadruple album, c’est un album long, plus de cinquante minutes pour dix morceaux. 

Impossible de rentrer dans un track-by-track sur un album comme ça, qui dans sa globalité bouleverse et prend aux tripes. C’est sombre et mélancolique, principalement du fait du chant de Yann. Pourtant il passe par des moments d’agacement, d’énervement voire de hargne en changeant son chant sur la fin d’une phrase, sur certains mots, pour les accepter. Il ajoute du grain et l’effet est génial, bien plus puissant, au final, que si tout était chanté en chant saturé. C’est le cas sur l’excellent Within Reach qui ouvre l’album, mais aussi sur Bystander, The Unknown, Night And Day ou encore Apnea. Yann est époustouflant tout au long de l’album, les mélodies vocales qu’il propose sont superbes, notamment les refrains de Elusive ou encore de Bystander.

Le groupe arrive à faire évoluer l’ambiance d’un morceau, parti plutôt calme et mélancolique, pour devenir puissant et violent, beaucoup plus que dans les deux précédentes réalisations. C’est quasiment une signature dans les compositions de Guillaume Bernard, le guitariste et compositeur principal du groupe. Ecoutez par exemple Within Reach et son break.

C’est encore flagrant sur Apnea (apparemment une idée de composition proposée par Aldrick Guadagnino). Aldrick et Guillaume sont toujours les deux compères guitaristes, aux guitares saturées ou claires, arpégées ou riffées mais toujours parfaitement complémentaires, c’est une base sonore qui permet aux autres musiciens de s’exprimer pleinement. Le chant de Yann, bien sûr, mais pas uniquement. Par exemple sur cet album on retrouve Enzo Alfano, qui jusqu’alors avait un statut de bassiste live. Il prend la suite de Jean-Etienne Maillard avec brio et on retrouve dans presque tous les morceaux des petites descentes de manche, les petits fills sympathiques et toujours bien placés auxquels Jean-Etienne nous avait habitué (Within Reach, Elusive). Autre exemple avec le jeu de batterie génialissime de Morgan Berthet. Il était déjà là pour l’enregistrement sur Le Grand Voyage, il est aussi souvent là en live (quand les dates de concerts de Myrath ne sont pas en conflit) et je le trouve encore subtil et racé sur cet album. Des exemples précis ? Son intro de Night And Day, le rythme génial et syncopé de Disobedience et tous ses accompagnements de montée en puissance qui sont incroyables.

Il faut aussi citer un autre musicien qui entre depuis longtemps dans l’alchimie de Klone, c’est Matthieu Metzger. Vous entendrez son saxophone parfois hystérique parfois subtil sur plusieurs morceaux de l’album. C’est le cas dans l’intro de Blink Of An Eye, dans des contre-chants sur Bystander, dans le final de The Unknown, mais surtout on notera le dissonant et furieux final du dernier morceau éponyme de l’album, MeanwhileKlone nous a habitué à une certaine apothéose musicale pour terminer ses albums. C’est encore le cas ici, avec ce long morceau (plus de sept minutes), comprenant un long break instrumental classique et un final apocalyptique.

 Que vous dire d’autre ? Je lis à la fois des commentaires pas toujours élogieux sur les réseaux sociaux, mais aussi que Meanwhile est Album du mois chez Rock Hard, alors mes conseils seront de surtout bien prendre le temps d’écouter cet album, qui nécessite clairement plusieurs écoutes et grandit, au fur et à mesure qu’on s’imprègne un peu plus de l’univers de Meanwhile. Surtout faire abstraction du passé et prendre ce nouvel opus comme il vient. La production est au top et une fois de plus on est épaté par le niveau musicalement impressionnant des musiciens:  la batterie somptueuse et travaillée de Morgan, la basse élégante et subtile de Enzo, le chant poignant de Yann et bien sûr les guitares inspirées de Guillaume et Aldrick.

Tracklist de Meanwhile :

01. Within Reach
02. Blink Of An Eye
03. Bystander
04. Scarcity
05. Elusive
06. Apnea
07. The Unknown
08. Night And Day
09. Disobedience
10. Meanwhile

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