Moins en vue depuis une dizaine d’années, Jonas Renkse et Anders Nyström étaient en passe de devenir plus connus pour leur side-project Bloodbath que pour leur groupe de toujours, Katatonia. Très clairement, la bonne dynamique a basculé sur Bloodbath et son très bon death old-school. Marrant de remarquer qu’on retrouve la problématique inverse avec Nick Holmes que Bloodbath a remis au metal. Et en fait, je me demande si on ne sera pas amené à faire la même remarque sur les deux compères évoqués plus haut tant Katatonia semble retrouver des couleurs (sombres, va sans dire !) sur ce nouvel effort. City Burials au titre à peine évocateur avait quelque peu désarçonné avec des éléments progressifs et surtout un usage de synthés plus important.
Ce nouvel album voit le retour à un registre plus rock et cela leur sied à merveille. Il y a du vrai bon riff ici et ça fait plaisir. Point d’inquiétude, cela reste du Katatonia avec cette atmosphère mélancolique si typique des Suédois. Cela reste bien sombre, torturé mais se dégage toujours ce feeling, cette lumière sombre. Intégralement composé par un Jonas Renkse tout puissant dans le processus créatif et semblant être aujourd’hui le capitaine du navire, cet album a surtout vu le jour plus rapidement du fait de la crise sanitaire. D’ordinaire, il y a plus d’inertie chez Katatonia avec des intervalles moyens de quatre ans entre deux disques. Mais comme une immense majorité de groupes / artistes, Katatonia a utilisé le temps "libre" improvisé / forcé pour accoucher de nouvelles compos et le résultat est en tout point remarquable. Pour ma part, j’accroche vraiment bien dès qu’ils partent dans le refrain émotionnel / mélancolique là où le spleen hivernal scandinave est à son paroxysme. Les deux titres Opaline et Birds font merveille sur ce registre avec des mélodies vocales incroyables et très réussies (et aussi cette merveilleuse ligne de guitare sur Opaline). Le chant m’a d’ailleurs parfois fait penser à celui de Ghost, que ce soit les mélodies ou le traitement sonore.
Dense, compact, toujours ces atmosphères délicieusement dark et assez varié avec le retour d’un aspect metal retrouvé, ce disque va marquer les esprits et Katatonia semble en plus volontaire pour aller sur les routes. Avec de telles compos dont le potentiel live est indéniable, les Suédois ont un bon coup à jouer. Au vu du faible nombre de sorties majeures en ce début d’année 2023, Katatonia bénéficie d’une belle exposition médiatique et avec une telle qualité, voilà un disque qui devrait offrir à ses auteurs une belle reconnaissance ainsi que, souhaitons-le leur, l’accès à un auditoire élargi qui ne sera pas déçu de la qualité de ce disque, hautement recommandable.