Karelia

Artiste/Groupe

Karelia

CD

Golden Decadence

Date de sortie

Aout 2011

Style

Metal Electro Multicartes

Chroniqueur

Hellblazer

Note Hellblazer

13/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Français d'origine, orchestral d'obédience originelle (ce qui lui a valu d'être incorrectement classé dans le heavy mélodique), le metal de Karelia, outre une démo éponyme sortie en 2000, se voit déjà fort de trois albums (Usual Tragedy en 2004, conceptuel sérieux et donc orchestral, Raise en 2005 et Restless en 2008), qui outre les thèmes abordés (dénonciation du système et mélancolie - pour faire court), ont évolué vers des sonorités plus électro/indus ces derniers temps. Plus particulièrement sur Restless, sur lequel Karelia souhaitait se détacher de cette étiquette wagnerienne, pour prouver au monde qu'il en avait un peu plus dans sa besace que des thèmes martiaux joués sur des rythmiques rapides nappées de claviers grandiloquents.

Entretemps, le groupe, signé sur un label allemand, a été pris sous son aile par les intemporels Scorpions, qui les ont fait tourner en première partie. Chouette coup de pouce.

C'est donc en toute logique que ce p'tit nouveau, hormis de se voir estampillé Scorpions (avec M. Schenker noté en petit, qui a décoché quelques soli bien sentis sur Keep Watch On Me et The Way Across The Hills), confirme l'orientation prise par le groupe et son ouverture vers les influences technoïdes.

A l'écoute intégrale de cette galette, j'ai immédiatement pensé à l'album Seti de The Kovenant : un habile mélange (un peu lourdingue sur la durée, tout de même) de rythmiques électroniques et d'un metal oscillant entre power, néo, heavy, gothic et hard rock. Oui, ça en fait du monde. Et pour cause : hormis le fil rouge que constituent les insertions ryhtmiques ou samplées indus (enfin, indus, c'est beaucoup dire. Electro serait plus juste) tout au long des titres, sauf sur la ballade de rigueur (Ride It Wild), on a ici affaire à une bonne partie du panier de la ménagère metal. Et d'ailleurs le groupe le clame haut et fort sur son site : "...cet opulent album de rock'n'roll débridé. De nouvelles compositions qui exultent l’énergie et l’efficacité… et qui poursuivent l’unique objectif de réunir toutes les influences de la grande famille du rock !". Mouais, pourquoi pas ? Sauf que l'auditeur, lui, est un peu décontenancé, pour ne pas dire perdu, car en effet on gagne en diversité ce qu'on perd en cohérence.

Car à l'instar de ses musiciens qui sautent du coq à l'âne en passant d'un style à l'autre, Matthieu Kleiber vocalise large... sa voix "normale" est plutôt agréable sans être unique, et on a ainsi l'impression, au fil des attitudes vocales qu'il prend, d'avoir affaire à une démonstration de talent (je n'irai pas jusqu'à dire d'imitateur, mais parfois on n'est pas loin de le penser), qui va du doucereux slow (là on est proche de Vince Neil) jusqu'au simili-grunt (et là on est plutôt proche de The Kovenant, par exemple).

Rapport à l'efficacité et l'énergie précitée (par le site web), rien à dire sur la patate, elle y est. On sent l'ambition (presque trop) d'un groupe qui veut réussir. C'est aussi ce qui me dérange un peu, préférant la sincérité d'une démarche purement artistique qu'un objectif de carrière, même si c'est un sentiment bien humain qu'il serait injuste de trop blâmer. Par contre, sur l'efficacité, là je mets le holà. Efficace, pour moi, ça veut dire une mélodie inspirée et, idéalement, mémorisable sur l'instant, pourvue d'un gros son et d'originalité si possible. N'est pas AC/DC, Mötley Crüe, Paradise Lost, Aerosmith ou Edguy qui veut, et j'aurais préféré un peu d'humilité de la part des frenchies. De l'inspiration, il y en a, et parfois de l'excellente (My TV Sucks est une satire intelligente et enlevée du MTV system, démarrant par un rap à la Eminem - et franchement ça tue ! - et qui dérape vite sur un métal virulent en forme d'"allez vous faitre foutre, on pisse sur le système". Très fort), mais souvent, on nage entre deux eaux, tiraillé entre le respect de leur envie de se dépasser et les limites visibles qui les brident au niveau de l'écriture, malgré une maîtrise technique évidente des instruments dont les deux grattes acérées de Jack Ruetsch et Samuel Clauss.

Notons au passage que les p'tits gars sont bien couillus et osent s'attaquer - en bonus track - à ni plus ni moins que The Show Must Go On (oui, de Queen) en version électro-métal, avec un résultat... comment dire ? Surprenant. Evitant la redite, ils ont pris le parti de la transformer, avec plus ou moins de bonheur selon les passages.

Globalement, les textes sont bons et acides, le son est costaud, l'ambiance générale est à un genre d'Aerosmith électronisé, et l'énergie palpable. Il ne manque à ce disque qu'un peu plus de cohérence et d'inspiration (voire de clarté) pour être l'upercut de l'année 2011. Si les Alsaciens continuent dans cette voie, gageons que le prochain essai sera leur coup de maître.

 

Tracklist de Golden Decadence :

1. Bill For The Ride
2. War PArty
3. Animals
4. My TV Sucks
5. Vanity Label
6. Housekeeper
7. Keep Watch On Me
8. The Way Across The Hills
9. Ride It Wild
10. Body's FallingApart
11. Out For Awalk
Bonus tracks
12. The Show Must Go On
13. Child Has Gone
14. Unbreakable Cordon

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !