Vous aimez Joe Lynn Turner ? Ses prestations chez Rainbow, Malmsteen ou Deep Purple ? Ses albums solo ou les projets estampillés
Frontiers Records (allez, c’était pas mal Rated X quand même...) ? Et vous pensiez qu’avec
Belly Of The Beast, vous alliez retrouver ce timbre que vous affectionnez tant posé sur
des compos au style classique, Hard Rock ou AOR ? Vous trouvez qu’il y a trop de points
d’interrogation dans ce début de chronique ? Ok, j’arrête. Bon, vous me voyez
venir (de très loin), l’avant-dernière question était un peu
rhétorique... car si vous appréciez un tant soit peu le monsieur et que vous vous tenez
informés, vous avez dû voir (et même entendre) que ce nouvel album était le
fruit d’une collaboration entre ce chanteur légendaire et un certain Peter
Tägtgren (Hypocrisy, Pain, Lindemann) qui en a d’ailleurs profité pour
enregistrer guitare, basse et clavier ou samples tant qu’il y était. Donc non, Belly Of
The Beast ne fait pas dans le vieux hard ou le FM... il en surprendra certains par son aspect
plus heavy, sombre et moderne. On n’a pas vraiment l’habitude d’entendre
Turner sur ce style de musique, c’est la première surprise. La seconde est
encore meilleure : l’album est franchement bon.
Le premier titre, qui n’est autre que la chanson qui donne son nom
à l’album, pose tout de suite le décor : gros son (prod moderne), riff
acéré, style rentre-dedans, rapide et heavy, au style bien européen (très Judas Priest... ou Primal Fear... donc Judas Priest). Le refrain possède une touche power
épique plus contemporaine avec de gros chœurs qui pourraient venir de chez Sabaton (presque, j’exagère un peu... mais on
n’en est pas si loin). Et là, on se dit que le Joe a encore de la voix et
de l’énergie. Soixante-et-onze ans quand même... pas ridicule du tout le papy ! Sans
excès, il impose son timbre chaud et sa puissance. De façon générale, sa
voix est bien posée sur les compos de l’album... Turner est constamment
crédible, jamais "has been".
Le tempo ralentit un peu sur les pistes suivantes mais la tonalité
reste bien dark et heavy... avec des grosses guitares accordées bien bas et des samples qui font
qu’on reconnaît la touche du père Tägtgren (écoutez
Rise Up, ça ressemble pas mal à du Pain quand même)...
sans que l’ensemble ne sonne trop indus non plus. Il y a bien des ambiances martiales, des
chœurs ou orchestrations qui donnent un aspect parfois symphonique à la musique
(Tortured Soul), mais il ne s’agit pas d’un album solo du Suédois. Sa
personnalité est bien présente mais s’adapte aussi à celle du vocaliste
américain (et vice-versa).
Une chose est sûre, les morceaux s’enchaînent à
vive allure et cette collaboration donne au passage à Turner un petit coup de
jeune bienvenu. On est parfois face à quelque chose de très entraînant (Rise
Up, Tears Of Blood, Don’t Fear The Dark...) tout comme on peut se
retrouver en présence de compos plus lourdes et écrasantes (Desire, bien dark,
Fallen World)... Quel que soit le style abordé, l’accroche mélodique est
privilégiée (malgré le côté massif de la musique qui accompagne le
chant) et l’ensemble est résolument catchy. La partition est solide, le chanteur
impressionne encore et fait preuve d’une certaine classe (notamment sur des titres plus
posés et mélodiques comme Tortured Soul, Dark Night Of The Soul qui
sonne un peu comme une ballade de Black Sabbath époque Tony Martin... ou la très belle power ballade finale
intitulée Requiem, sombre forcément... requiem, quoi). Eh oui, vous avez bien lu
: même les ballades sont chouettes !
Un disque inattendu et un peu risqué (cette tentative de
modernisation et assombrissement du propos n’était pas sans danger mais force est de
constater que le septuagénaire ne s’y est pas cassé les dents), réussi de
bout en bout, qui fait plaisir en rappelant à notre bon souvenir ce chanteur auquel on n’a
peut-être pas assez accordé de crédit ces derniers temps (bon, ce
n’était pas que de notre faute, il n’a pas participé qu’à des
disques inoubliables, loin de là...). Si Turner avait la bonne idée de
tourner avec Tägtgren pour faire la promotion de leur bébé, il y a
fort à parier que l’on passerait un excellent moment. Croisons les doigts
!
Tracklist de Belly Of The Beast :
01. Belly Of The Beast 02. Black Sun 03. Tortured
Soul 04. Rise Up 05. Dark Night Of The Soul 06. Tears Of
Blood 07. Desire 08. Don’t Fear The Dark 09. Fallen
World 10. Living The Dream 11. Requiem