Artiste/Groupe:

Jeff Scott Soto

CD:

Wide Awake (In My Dreamland)

Date de sortie:

Novembre 2020

Label:

Frontiers Music

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15.5/20

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Pile trois ans après le sympathique Retribution, Jeff Scott Soto revient avec son septième album solo intitulé Wide Awake (In My Dreamland). N'allez pas croire que le chanteur s'est tourné les pouces pendant tout ce temps. Si vous suivez un peu sa carrière, vous savez que ce travailleur acharné n'a pas chômé et s'est impliqué dans différents albums (W.E.T.SOTO ou Sons Of Apollo). L'oisiveté, ce n'est pas vraiment son truc. Alors, comme il avait un petit trou dans son emploi du temps, voilà une nouvelle offrande solo histoire de continuer à occuper le terrain. Cette fois-ci, il a collaboré avec le producteur et multi-instrumentiste italien Alessandro Del Vecchio (qui a produit et co-écrit l'album en plus d'y jouer de la basse, des claviers, un peu de guitare et participer aux chœurs), le guitariste - italien, lui aussi - Fabrizio Sgattoni et son batteur fétiche depuis des années, le brésilien Edu Cominato. Au menu : un mix de ses différents albums passés. Vous y trouverez un peu d'AOR (comme sur Prism) mais surtout du hard rock mélodique qui sait parfois se faire percutant (comme sur Lost In The Translation ou Damage Control).

Déjà, commençons par l'évidence, Jeff, qui vient d'avoir cinquante-cinq ans, a toujours une très belle voix et reste l'un des grands chanteurs du circuit. Avec sa puissance et son timbre chaleureux, bien qu'il ne bénéficie plus tout à fait de la même amplitude que lors de ses jeunes années, il ne montre aucune faiblesse et reste plus qu'agréable à écouter. L'album démarre par un morceau enlevé et hyper facile d'accès : Somebody To Love. C'est entraînant, entêtant et donne envie de sortir la décapotable pour chanter à tue-tête en conduisant le long de la côte ouest. Ça passe tout seul. 

Entre titres énergiques, assez rock, et morceaux plus mid-tempo aux sonorités FM et ambiances ou claviers évoquant les 80s (Lesson Of Love qui peut rappeler Journey, Between The Lies, qui devrait plaire aux fans de W.E.T., riche en sucre mais assez irrésistible - comme une bonne sucrerie justement - lorsque la mélodie du refrain s'abat sur vous), le grand Jeff revisite à peu près tous les différents styles de hard qu'on a pu entendre sur ses différents albums solos depuis le milieu des années 90. En revanche, ne vous attendez pas à quelque chose de trop metal et moderne (ce que l'on trouve davantage chez son autre groupe, SOTO) ni à trop retrouver la touche funky qu'exploitait parfois Talisman, hormis sur Mystified et Love Will Find A Day dont les couplets, groovy à souhait, avec une basse très présente, se rapprochent beaucoup des travaux de son ancien groupe. Vous voulez de la variété, vous en aurez. Paper Wings incorpore une atmosphère plus hard/heavy néoclassique de par son jeu de guitare et ses claviers (quelques sonorités et passages m'ont rappelé du vieux Malmsteen ou les premiers Europe). Il y a aussi une power ballade avec piano à l'appui (Without You) qui porte en elle l'amour de Jeff pour le groupe Queen. Agréable malgré un final que je trouve assez maladroit (ce "Love will never die" un peu cucul et qui conclut l'affaire de façon abrupte).

Globalement, tout cela est bien écrit (l'expérience de Soto et le savoir-faire de Del Vecchio font que même les titres les plus gentils sont plus forts et marquants que les compos FM qu'on pouvait trouver sur un album comme Prism, par exemple), très bien joué (les solos de guitare de Sgattoni sont excellents et décoiffent bien) et sonne comme un bon best of de la carrière solo de JSS. Le tout est concis et efficace (onze chansons pour une durée totale de quarante-quatre minutes) et, au lieu de finir par lasser en fin de parcours, trouve au contraire un second souffle sur les trois dernières pistes qui sont parmi celles que je préfère. Living In A Dream envoie bien, avec un rythme entraînant, du solo qui tue et un refrain fédérateur au feeling 80s (avec un synthé très "Maniac" sur les bords). La chanson titre ralentit le tempo et propose un rock plus lourd et poisseux, l'ambiance s'assombrit... tout comme sur Desperate, avec son beau refrain épique et envoûtant, sans conteste le morceau qui détonne le plus par rapport au reste car nettement plus heavy et sombre. 

Quelques mots sur le CD bonus : c'est un live enregistré au Frontiers Rock Festival en 2019. Bonne sélection de titres de la carrière solo du frontman, gros son, chouette ambiance, interprétation sans faille... C'est fun et solide. A part des morceaux piochés dans les différents albums de JSS, on y trouve l'habituel (et indispensable) I'll Be Waiting de Talisman ainsi que le heavy Stand Up du film Rock Star sur lequel Dino Jelusick (Animal DriveMagnus Karlsson's FreeFallTrans-Siberian Orchestra...) vient chanter en duo avec Jeff. Aucune mauvaise surprise, ce live d'une quarantaine de minutes est impeccable et s'avère un complément de choix.

En bref : très sympathique ce Wide Awake. Rien de révolutionnaire, certes, il n'y a pas d'énormes surprises mais c'est bien fait, accrocheur, mélodique à souhait, super bien chanté, assez varié et pêchu avec un bon crescendo final qui permet à l'album de s'achever en laissant une bonne impression. Et comme en plus, un très bon live vient joliment compléter et réhausser l'ensemble, on a envie de s'exclamer "Mais que demande le peuple ?!". Alors oui, il manque la touche de génie qui pourrait faire la différence. L'écriture a quelque chose d'assez stéréotypé ou standardisé (Del Vecchio est l'un des musiciens/producteurs les plus sollicités par Frontiers et on retrouve son empreinte sur une foultitude de projets du label). Ce n'est finalement qu'un album solo de JSS (un de ses plus réussis, tout de même), pas le genre de sortie qui va bouleverser le paysage musical actuel et mettre des millions de gens en trance... mais pour les amoureux de hard rock mélodique traditionnel et les fans du monsieur, c'est un bon moment garanti. Et vu les temps qui courent, cracher sur un bon moment n'est - à mon avis - pas la stratégie la plus gratifiante. En ce qui me concerne, aucune hésitation, Wide Awake (In My Dreamland) va vite venir compléter ma cdthèque.


Tracklist de Wide Awake (In My Dreamland) :

01. Someone To Love
02. Mystified
03. Love's Blind
04. Without You
05. Lesson Of Love
06. Paper Wings
07. Love Will Find A Way
08. Between The Lies
09. Living In A Dream
10. Wide Awake (In My Dreamland)
11. Desperate

CD Bonus "Live at Frontiers Rock Festival 2019" :

01. Drowning
02. 21st Century
03. Believe In Me
04. Look Inside Your Heart
05. Eyes Of Love
06. Band Intros
07. Soul Divine
08. Our Song
09. Holding On
10. I'll Be Waiting
11. Stand Up (feat. Dino Jelusick)

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