Un petit « toc » sur une immense porte en chêne massif. Une porte qui s’ouvre en grinçant de tout son poids, et silhouette immense dénommée « metal symphonique » aux allures d’Epica, Within Temptation, Nightwish, Beyond The Black… baisse les yeux sur ce tout petit personnage, presque fébrile qui n’ose pas lever les yeux sur cette silhouette impressionnante qui forge le respect. Le courage refaisant surface, Itinerum lève enfin les yeux et demande : « il y aurait une place pour nous ? On fait des trucs sympas. Je sais que le style est saturé, mais on pourrait solliciter audience ? ».
Petit personnage espagnol du pays basque Itinerum est un énième combo de metal symphonique à chanteuse, donc dire qu’ils vont se faire une place au soleil, c’est loin d’être gagné sur la papier. Composé de la chanteuse Anne, du guitariste Federico Wuttke, de Jorge Banobre à la basse et Ruben Conejo à la batterie, le groupe n’est actif que depuis 2021 et nous présente là son second album après un premier opus Dream and Flight en demi-teinte. Autant prévenir de suite nos estimés lecteurs qu’il ne faut pas chercher un metal symphonique d’une grande originalité, mais plutôt une musique qui entre comme il faut dans les codes du genre. Donc il va falloir que le groupe assure pour se faire une place auprès de l’énorme silhouette du début. Déjà que péninsule hispanique n’est pas la référence en matière de metal symphonique, Itinerum va devoir employer les gros moyens.
Sans intro, le groupe part bille en tête sur The Nobodies et il faut dire que c’est bougrement bien foutu entre le chant clair d’Anne d’une parfaite justesse, les growls qui viennent contrebalancer l’ensemble et un refrain efficace et nous avons un très bon titre pour introduire cet opus. Le groupe enchaine sur My Serenity dont le refrain toujours aussi mélodique semble taillé pour la scène. La seconde partie du morceau fait la part belle au chant d’Anne, juste sublime.
Si l’intro de Mother Of Chaos augure le meilleur avec son riff accrocheur et la partie de batterie qui fait plus que le job, c’est malheureusement le côté trop pop et propret qui ressort. Dommage car ça partait fort. Till Dawn Do Us Apart est le premier duo proposé par le groupe avec Leire Tejada. Si les claviers ne sont pas exceptionnels, les guitares (tant rythmiques que solos), la battle vocale et le rythme en font un tube en puissance. C’est presque parfait, et qu’est-ce que c’est efficace. Y’a pas a dire Itinerum tient bien en main son metal symphonique. Le groupe continue avec Inner War et son intro aux teintes moyennes orientales. La suite c’est un titre tout en puissance avec une mélodie à tomber là aussi. Si ce n’est pas la violence même, il faut reconnaitre que le groupe coche toutes les cases de l’efficacité symphonique à chanteuse. Si Inner War est l’un des meilleurs titres de cet album, Under Rain qui suit l’ordre chronologique des morceaux c’est tout l’inverse. Trop de claviers, trop de bonnes intentions, rien de vraiment terrible ici (mais rien de vraiment mauvais non plus). Je préfère passer assez vite sur cette chanson pour me pencher sur Askja ou l’on retrouve tout ce qui fait le sel d’Itinerum avec force mélodie, growls en contre-poids du chant clair. Un titre bien foutu où l’on se surprend à retrouver nos tics de pieds et caboche qui battent la chamade. Resurgence se clôture sur le deuxième featuring avec Unai Maestre qui va apporter une grandeur au morceau. C’est très saccadé dans le rythme, mais terriblement efficace. Un final en cerise sur le gâteau pour un album globalement bien abouti.
Alors ? J’ai droit à une petite place dans votre domaine ? Les yeux levés et fier de son album, Itinerum essaie de bomber le torse face à ses pairs. La porte est restée ouverte, c’est signe qu’une place est envisageable. Encore faut-il maintenant faire son trou dans cet antre ou le nombre de groupes voulant se faire une place au soleil est gargantuesque. L’avenir le dira, mais en tout cas avec Resurgence, Itinerum peut regarder fièrement devant lui car, si son metal symphonique ne réinvente pas la roue, il a le mérite d’être non seulement très efficace, mais également d’une grande qualité.
Tracklist de Resurgence : 01. The Nobodies 02. My Serenity 03. Mother Of Chaos 04. Till Dawn Do us Apart (feat. Leire Tejada) 05. Inner War 06. Under Rain 07. Symphony Of Rage 08. Askja 09. Inequality (feat. Unai Maestre)