Aux Portes Du Metal : Chronique d'album metal Hypno5e Sheol (Avant-Garde Metal / Post Metal)

Si vous avez commencé par regarder la note vous avez tout compris, le coup de cœur dissipe également tout soupçon, nous avons affaire là à un des albums de l’année. Vous allez me dire que je vais un peu vite en besogne, que nous sommes qu’en février etc. etc. Effectivement il reste de nombreux mois et très certainement de bien belles sorties mais sauf énormes sensations à venir, Hypno5e sera très certainement dans mon top de l’année.

C’était pourtant pas gagné à l’avance car cet album marque un tournant pour la formation puisque le groupe s’est retrouvé amputé de la moitié de ses membres par rapport à A Distant (Dark) Source, le précédent album du groupe. C’est donc Pierre Rettien qui remplace Théo Begue à la batterie et Charles Villanueva qui remplace Gredin à la basse. Même si ils ont chacun leur propre jeu, différents des deux anciens, on ne voit pas la différence en terme de qualité. A Distant (Dark) Source frôlait déjà la perfection, sa captation live en 2021 a fait sensation, eh bien Hypno5e enfonce le clou et nous prouve avec le sublime Sheol que le groupe est l’un des plus talentueux du moment. Ce sixième album met la barre très haut, tout y est plaisir. Commençons par la prod, le son est bien plus massif et lourd. Un excellent son qui met un peu plus en lumière le talent d’écriture du groupe. L’album démarre par une superbe intro, avant la claque sonore avec le début lourd et ultra enivrant de Sheol - Part II - Lands Of Haze. Puis vient ensuite une accalmie après quelques minutes de ce titre qui en dure dix, permettant à Hypno5e de commencer sa narration comme il a l’habitude de le faire, l’allusion au cinéma n’est pas loin, d’ailleurs Hypno5e se fait régulièrement étiqueter à juste titre de metal cinématique. Il y a indéniablement du Tool là dedans, les nombreux "spoken words" extraits de poèmes d’Anne Sexton, Cocteau ou Cesar Vallejo apportent une narration et un jeu d’acteurs poussant un peu plus l’aspect cinéma. Il suffit également de regarder les clips réalisés pour ce nouvel album, notamment le superbe clip de treize minutes pour Slow Steams Of Darkness. Les images du clip ont été tournées en France, en Bolivie et en Arménie.

Pour en revenir à Sheol II - Lands Of Haze, les images du clip sont magnifiques, tournées au milieu de nulle part, en extérieur, avec des panoramas splendides. Où quand les images magnifient encore un peu plus la musique qui l’est déjà. Le tout accompagné par la voix superbe d’Emmanuel Jessua, tantôt mélodique et délicate, tantôt agressive et hargneuse. La barre est déjà haute après une intro et un premier titre copieux et ultra riche. Mais le menu ne va pas baisser en qualité de tout l’album, nos papilles seront comblées jusqu’au bout... et tous nos sens en éveil.

Que ce soit le début au violon de Bone Dust et sa fin hachée, saccadée et énervée, la simplicité et la douceur de Tauca où seule la guitare acoustique accompagne la voix de Manu, le superbe morceau Lava From The Sky où les variations sont nombreuses, Pierre Rettien jouant avec ses baguettes sur le rebord de ses toms, le synthé apportant une ambiance planante au titre, The Dreamer And His Dream et ses passages complexes à la guitare, et le final de douze minutes de Slow Steams Of Darkness - Part II - Solar Mist qui installe au fil des minutes une tensions captivantes avant de finir au piano... Absolument rien n’est à jeter, rien n’est en-dessous, il n’y a pas de faiblesse sur cet album excellent. Même l’artwork est superbe.

J’ai déjà hâte d’écouter (et de voir) la suite car je me demande si le groupe saura encore faire mieux ou tout au moins aussi bien, mais savourons déjà ce superbe disque qu’est Sheol. Concernant mon interrogation, le groupe a déjà démontré qu’il savait rester dans un niveau très élevé en qualité, nul doute que ça sera encore le cas.